« J’ai à cœur de maintenir la commercialisation en circuit court de mon élevage ovin ! »
Confiant, Pierre Stoffel, à peine 20 ans, vient tout juste de reprendre l’exploitation familiale en individuel, que son père a géré, pendant de nombreuses années, en double activité en Alsace.
Confiant, Pierre Stoffel, à peine 20 ans, vient tout juste de reprendre l’exploitation familiale en individuel, que son père a géré, pendant de nombreuses années, en double activité en Alsace.
« Depuis tout petit, je suis au milieu des brebis, à apporter mon aide sur l’exploitation paternelle. Je ne me voyais pas faire autre chose que d’être dans le milieu ovin. J’ai donc suivi un cursus agricole, avec un BAC STAV [baccalauréat sciences et technologies de l’agronomie et du vivant] obtenu à Obernai (Bas-Rhin).
À 17 ans, je suivais une formation dispensée par l’Association de tondeurs de moutons. j’ai appris à tondre mes propres brebis, afin de gagner en autonomie. C’est ainsi que j’ai connu l’existence du certificat de spécialisation ovin proposé à Mirecourt. Je l’ai obtenu en 2023.
100 % en circuit court
Travaillant toujours au service après-vente pour les pièces de rechange d’un grand groupe de machines agricoles, mon père était fort occupé avec nos 500 brebis Mouton charollais en partie croisées Rouge de l’Ouest. Le manque de main-d’œuvre se faisait de plus en plus ressentir.
Heureusement, j’ai eu l’opportunité de reprendre la ferme, située à Dettwiller (Bas-Rhin), avant son départ en retraite. Je me suis installé en individuel sur les 100 hectares de surface agricole utile, dont 40 hectares de céréales et le reste en prairies naturelles. Désormais, j’ai tout le loisir de bien m’occuper des brebis.
Toutes les semaines, entre huit et onze agneaux partent à l’abattoir pour fournir trois supermarchés (deux Super U et un E. Leclerc), avec un pic de 80 agneaux pour Pâques. La valorisation est très bonne, à 11 euros du kilo carcasse, soit autour de 9,40 euros net éleveur toute l’année. Ce partenariat nécessite de bien connaître les attentes de chaque boucher.
Simplification de la conduite de la troupe
Mon père avait opté pour une conduite de trois agnelages en deux ans avec pose d’éponge sur une partie des brebis, mais nous nous sommes rendu compte que cela engendrait beaucoup de travail avec des résultats techniques loin d’être toujours satisfaisants.
Dorénavant, mon objectif est de désaccélérer la reproduction des brebis, tout en maintenant les quatre périodes d’agnelage dans l’année pour toujours être en mesure d’approvisionner avec des agneaux de qualité mes débouchés commerciaux.
Même si les éponges sont intéressantes pour le regroupement des chaleurs et donc des mises bas, permettant de mieux organiser le travail en période d’agnelage, je viens d’acquérir 110 brebis Est à laine mérinos qui se désaisonnent naturellement bien. À terme, je souhaite pouvoir m’affranchir des traitements hormonaux.
Photovoltaïsme et bergerie pour l’agnelage
Cet automne, l’implantation de 30 hectares de panneaux photovoltaïques à proximité de l’exploitation va me permettre de conforter mon système fourrager et d’augmenter la troupe à 700 brebis d’ici quelques années.
Je suis également en pleine réflexion sur la construction d’une nouvelle bergerie pour optimiser les conditions de travail en période d’agnelage. Malheureusement, le rachat d’un hangar de stockage de fourrage me contraint à reporter ce projet, mais à ne pas l’abandonner.
Enfin, aimant la tonte, j’envisage de me libérer du temps pour réaliser des chantiers ailleurs, cela provoquant des occasions de rencontrer et d’échanger avec d’autres éleveurs ovins. »