Salon
Jacques Chazalet, président du Sommet de l’élevage : « Je suis confiant sur l’avenir du pastoralisme en France »
A trois semaines du Sommet de l’élevage qui se tiendra du 4 au 7 octobre à Cournon-d’Auvergne, près de Clermont-Ferrand, son président, Jacques Chazalet fait le point en répondant à nos questions.
A trois semaines du Sommet de l’élevage qui se tiendra du 4 au 7 octobre à Cournon-d’Auvergne, près de Clermont-Ferrand, son président, Jacques Chazalet fait le point en répondant à nos questions.
Comment se présente cette 31e édition du sommet de l’élevage ?
Jacques Chazalet : C’est une édition du retour à la normale, après le Covid. Tous les clignotants sont au vert du point de vue sanitaire, tant pour les humains que les animaux. Nous allons porter cette année une attention particulière aux délégations étrangères qui ont pâti des restrictions dues à la pandémie. Nous attendons beaucoup d’étrangers, il faut dire que c’est la deuxième édition sur quatre jours.
L’objectif des 1 500 exposants et des 100 000 visiteurs sera-t-il atteint ?
Pour ce qui est des exposants, oui il est largement atteint parce que les éleveurs sont de plus en plus nombreux à vouloir participer au Sommet de l’élevage qui est devenu une véritable vitrine en Europe. Pour ce qui est des visiteurs, nous espérons passer le cap des 100 000, mais je vous dirai ça après le Salon !
"Il y aura beaucoup de petites races aujourd'hui devenues grandes"
Combien d’animaux seront présentés ?
Ils sont un peu plus nombreux que l’an passé, plus de 2 000 appartenant à 1 200 éleveurs environ, nous ne pouvons guère en accueillir plus. Il y aura près de 500 charolais dans le grand chapiteau encore agrandi. Nous sommes fiers d’avoir acheté un des plus beaux chapiteaux d’Europe ! Il y aura aussi beaucoup de « petites races » aujourd’hui devenues grandes, notamment grâce à leur présentation, au fil des années, au Sommet de l’élevage. Pour ce qui est des bovins lait, il y aura cette année encore un peu plus de présentations.
Y aura-t-il des nouveautés et des points marquants ?
En termes d’exposition, nous avons renforcé le pôle énergies renouvelables, avec tout ce qui tourne autour du photovoltaïsme, de la méthanisation et de l’éolien. Cette année, la race charolaise est en concours national dans l’enceinte du Zénith, un véritable écrin. Aucun salon ne fait de présentation dans une salle de spectacle, c’est la raison pour laquelle les éleveurs sont à chaque fois plus nombreux à vouloir participer.
"La décapitalisation s’accélère alors que le prix de la viande augmente, c’est un peu paradoxal"
Après la canicule et la sécheresse qui ont touché tout le pays, comment envisagez-vous l’avenir du métier d’éleveur, particulièrement en montagne très touchée par la sécheresse, avec un gros risque de décapitalisation ?
Il est vrai que la décapitalisation s’accélère alors que le prix de la viande augmente, c’est un peu paradoxal. La Ferme France va manquer d’alimentation pour 2022 et certains éleveurs préfèrent vendre mais j’envisage l’avenir sereinement, même si on vit une période difficile. A l’avenir, il y aura certainement des hauts et des bas, c’est pour cela que la gestion des prairies devra s’adapter. Il y a des points d’équilibre à trouver mais je suis confiant sur l’avenir du pastoralisme en France. L’élevage a et aura sa place dans le Massif Central et partout dans le pays.
"L'indépendance alimentaire, c'est la sécurité du pays"
Quel regard portez-vous sur la consommation de viande en France ?
La consommation de viande baisse, c’est dans l’air du temps et c’est devenu un fait de société. Mais je me dis que le haut de gamme va demeurer. Il faut un engagement des consommateurs à choisir des produits français et il faut que la société accepte de nous suivre. L’alimentation a un coût et les agriculteurs doivent vivre décemment de leur production. Et il ne faut pas oublier que l’indépendance alimentaire, c’est la sécurité du pays.
"A l'avenir, les exploitations devront être multifonctionnelles et plurielles"
La thématique du salon sera l’installation et la transmission. Pourquoi ce choix ?
Nous défendons un élevage durable, et pour ce faire il faut qu’on s’installe et qu’on transmette. Il faut qu’il y ait des jeunes qui aient envie. Souvent, des personnes qui ne sont pas issues du monde agricole viennent avec des idées nouvelles et un regard neuf et ça, c’est primordial. Le salon est un espace de solutions pour ceux qui veulent s’installer. L’installation doit être plurielle. Tous les modèles ont leur place. A l’avenir, les exploitations se devront d’être multifonctionnelles et plurielles.
La durabilité sera mise en avant lors du Sommet. Pour vous, un élevage durable, c’est quoi ?
C’est un élevage rentable, résilient, qui répond aux attentes écologiques et qui peut se transmettre. C’est un élevage tourné vers la diversification, avec des associés et des salariés.
"Les éleveurs mongols ont l'indépendance et une liberté totale"
Que dire de la Mongolie, le pays mis à l’honneur cette année ?
Nous avions tissé des liens avec les Mongols qui étaient venus au Sommet précédemment. La Mongolie a deux frontières avec la Chine et la Russie avec qui elle commerce principalement mais elle veut garder le contact avec l’Occident, d’où sa présence. C’est un pays de résilience et de pastoralisme et ce qui m’a le plus marqué lorsque j’y suis allé, c’est quelque chose que nous n’avons plus : ils ont l’indépendance et une liberté totale. Les éleveurs mongols ne rendent de compte à personne même si l’Etat les soutient.