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Loi d’orientation et d’avenir agricoles (LOA)
Sondage sur l’agriculture de demain. Les « bonnes » intentions des Français

Le sondage commandé par le ministère de l’Agriculture dans le cadre de la préparation de la Loi d’orientation et d’avenir agricoles (LOA) et réalisé par Opinionway révèle les bonnes intentions des Français pour faire évoluer le secteur agricole, par ailleurs contredites par les faits.

Il fait aussi état d’une population qui se sent concernée par les questions agricoles, désireuse qu’elle évolue mais inquiète pour son avenir.

En préparation de la Loi d'orientation et d'avenir agricoles, le ministère de l'Agriculture a réalisé un sondage.
© Capture d'écran

Les consommateurs prêts à consommer mieux ?

Les répondants au questionnaire d’Opinionway « se disent prêts en tant que consommateurs à faire des efforts pour faciliter la transition des filières et l’installation », révèle le sondage réalisé en mars 2023. Ils se disent massivement favorables en particulier à acheter plus de produits de saison (99%), à augmenter la part des produits locaux (99%) et consommer davantage de produits français/européens (97%) ou sous signe de qualité (95%).

86% affirment être prêts à payer un peu plus cher leur alimentation. Un écart a été relevé entre les générations puisque les plus jeunes sont mieux sensibilisés : les moins de 35 ans sont 41% à se dire très favorables à payer un peu plus chers, contre 32% chez les 65 ans et plus.

D’un point de vue sociologique, les cadres et professions intellectuelles sont aussi plus enclines à payer plus cher avec un taux de 43% de très favorables contre 30% pour les catégories populaires.

Enfin, 78% des répondants sont favorables à ce qu’une plus grande part de leurs impôts aille au monde agricole et 70% sont pour le financement de l’agriculture via l’épargne.

Des résultats qui tranchent avec d’autres études montrant au contraire que les Français réduisent leurs achats alimentaires, notamment du fait de la hausse des prix, comme l’indiquait un sondage Odoxa-Backbone Consulting pour Le Figaro dès octobre 2022 et qui concernant 73% d’entre eux.

La diversité du modèle agricole français est un atout

La diversité de productions, de modes et d’organisation du modèle agricole français est un atout pour 84% des répondants au sondage. Ils sont favorables au maintien d’une agriculture forte parce qu’elle favorise une meilleure alimentation pour 89% d’entre eux et leur santé pour 85%. Les autres bénéfices évoqués sont la souveraineté alimentaire du pays (83%), l’économie des territoires (68%) et l’emploi (63%). Selon 82% d’entre eux, le maintien d’une agriculture forte en France permettrait aussi de préserver la biodiversité (6%), l’agriculture à petite échelle ainsi que les ressources naturelles.

 

9 répondants sur 10 jugent la standardisation de l’agriculture préoccupante.

Les faiblesses du système agricole inquiètent les Français

À la question « le départ à la retraite de près de 40% des agriculteurs d’ici dix ans vous paraît-il préoccupant ? », 95% répondent oui, dont 76%, « oui, beaucoup ». Autres risques relevés pour l’agriculture : la standardisation des pratiques pour 85% des répondants, soit 9 sur 10 ; la mondialisation des échanges (89%), les distorsions de concurrence (67%) et le changement climatique, une menace de premier ordre pour 79%.

 

L’agriculture permettrait de préserver les ressources naturelles

Dans le cadre de la lutte contre le réchauffement climatique, 84% des répondants voient l’agriculture comme une opportunité pour préserver les ressources naturelles.

Dans un contexte de changements majeurs pour le secteur, la formation des agriculteurs apparaît comme une opportunité pour 72% des sondés ainsi que la diversification comme la production d’énergie, le tourisme ou le stockage de carbone, à 57%.

Trois propositions d’évolution se dégagent du sondage

L’évolution des techniques de production, en particulier l’agronomie est levier très important pour 72% des répondants, plus loin, on retrouve aussi la recherche et l’innovation scientifique (34%). Il est par ailleurs très important d’améliorer les conditions de travail pour 70% des sondés et le revenu pour 64%. Enfin, 53% des participants jugent très important que les agriculteurs soient accompagnés dans leur organisation de travail.

Le numérique en agriculture mal compris

Étonnamment, la place du numérique en agriculture semble mal comprise des sondés, puisque seuls 4 sur 10 le voient comme une opportunité, tandis que 41% le jugent comme un risque pour la profession. 21% des sondés n'ont pas su se prononcer sur le sujet.

 

Garantir la souveraineté alimentaire avec des mesures écologiques

Pour garantir la souveraineté agricole de la France, il ressort du sondage la nécessité d’adapter les modes de production. En particulier, ouvrir davantage la filière aux questions environnementales avec des mesures portant sur l’écologie : 4 répondants sur 10 citent ces mesures spontanément. Plus précisément, 23% estiment qu’il faudrait favoriser l’agriculture biologique et 13%, soutenir l’agroécologie.

La démographie agricole est une donnée citée spontanément comme un facteur important  de la souveraineté alimentaire (39%). 18% souhaitant encourager l’agriculture locale à taille humaine.

Dans cette partie où les répondants ont pu indiquer librement les manières de favoriser la souveraineté alimentaire, les sujets cités spontanément montrent une inclination à des mesures parfois restrictives (12%), dont : l’augmentation du nombre d’agriculteurs (7%), la fin de l’agriculture de masse (4%), la réduction de l’élevage intensif (3%), la fin du financement de la production industrielle (2%), l’interdiction de la vente de terres aux industries notamment étrangères (2%) et la restriction du nombre de grandes exploitations (2%).

Les mesures économiques en faveur de l’agriculture

De manière spontanée, les sondés ont cité les mesures économiques les plus adéquates selon eux pour l’agriculture : garantir un salaire décent aux agriculteurs (7%) ou encore garantir des prix rémunérateurs pour les producteurs (2%), avec l’idée de développer les circuits-courts (5%) ou encore de limiter les échanges internationaux (3%), réglementer les importations (3%).

Concernant la PAC, certains (6%) demandent qu’elle soit fléchée vers un type d’agriculture (petites exploitations ou en AB). Le renouvellement des générations est aussi cité comme sujet favorable au maintien d’une agriculture durable et viable, avec des mesures comme l’accompagnement (4%), la création de projets collectifs d’exploitation (3%), ou l’accessibilité du prix des terres ( 3%).

Aller plus loin

Les Français ont été consultés par le ministère de l’Agriculture du 11 au 30 avril 2023, une consultation réalisée par Opinionway sur le site du ministère à laquelle 44 042 personnes ont répondu en ligne. Le sondage est disponible ici

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