En finir avec les intoxications au CO2 dans les chais
Groupama Loire Bretagne, avec le soutien de la MSA, a mené une campagne de sensibilisation aux risques d’intoxication au CO2. Une centaine de vignerons nantais a pu bénéficier d’une formation gratuite sur la prévention et les bons réflexes à adopter en cas d’accident.
Groupama Loire Bretagne, avec le soutien de la MSA, a mené une campagne de sensibilisation aux risques d’intoxication au CO2. Une centaine de vignerons nantais a pu bénéficier d’une formation gratuite sur la prévention et les bons réflexes à adopter en cas d’accident.
Il n’a ni couleur, ni odeur, mais il peut tuer en quelques minutes. Ce gaz, c’est le CO2, coproduit de la fermentation alcoolique, ami des vins, ennemi des Hommes. En 2018 et 2019, le service départemental d’incendie et de secours (SDIS) de Loire-Atlantique est intervenu à cinq reprises pour des cas d’intoxication au CO2 dans des domaines viticoles. Une de ces interventions s’est soldée par deux décès. « Nous prenons la prévention très au sérieux et nous souhaitons toucher un maximum de professionnels du vin. C’est pourquoi nous avons contacté la fédération des vins de Nantes qui a invité l’ensemble de ses adhérents à participer à nos ateliers de prévention », explique Fabrice Henry, directeur Groupama Loire-Atlantique. Christophe Vilain, producteur de muscadet et élu mutualiste Groupama est par ailleurs à l’initiative de ces ateliers.
Stop aux idées reçues : la méthode de la bougie n’est pas fiable
Les organisateurs ont commencé par démonter l’idée selon laquelle la méthode de la bougie, utilisée par 60 % des vignerons du Muscadet, est fiable. « La légende veut que tant que la flamme de la bougie ne s’éteint pas, alors il n’y a pas de danger », expose Christophe Vilain. Ce qui est totalement faux. Grâce à un simulateur mis au point par le lycée agricole de Briacé, ils ont démontré que la flamme ne s’éteignait qu’à partir de 15 % de CO2 dans l’air. « Or, c’est autour de ce seuil que l’on perd connaissance. Et à partir de là, les minutes sont comptées puisqu’en moyenne il se passe 3 minutes avant l’arrêt cardiaque », complète le lieutenant Thierry Gautreau, du SDIS de Loire-Atlantique. Compte tenu du peu de marge de manœuvre, les mesures préventives restent donc les plus efficaces pour lutter contre ce fléau. « La première chose à faire est de former l’ensemble des salariés aux risques d’intoxication, et plus globalement à tous les risques du métier car les chais sont des environnements hostiles », soutient Fabrice Henry. Une attention particulière doit être portée à la conduite à tenir en cas d’intoxication au CO2. « Souvent les vignerons travaillent en famille, donc il est extrêmement difficile d’avoir le bon réflexe. Mais descendre dans une cuve pour en sortir un proche inconscient est la pire chose à faire, insiste le lieutenant Thierry Gautreau. Une personne sur trois est intoxiquée en portant secours."
S’équiper de détecteurs professionnels et travailler en binôme
Pour évaluer le risque, la technique la plus fiable reste le recours à un détecteur, à garder sur soi en descendant dans la cuve. « Les appareils envoient des alertes à 1,5 % et 3 % de CO2 dans l’air », rapporte Christophe Vilain. Si l’appareil vire au rouge, il faut alors introduire des ventilateurs pour chasser le gaz mortel, et s’armer de patience, puisqu’il est proscrit de pénétrer dans ces espaces confinés tant que les alarmes se déclenchent. « Travailler en binôme de sorte à ce que l’un puisse prévenir les secours si l’autre ne se sent pas bien », ajoute le lieutenant Thierry Gautreau. Dans ce cas, le numéro à composer est le 112. Les secours ont besoin d’un état des lieux complet pour optimiser leur intervention. En effet, le SDIS utilise du matériel spécifique, peu encombrant, car l’entrée des cuves est exiguë. En attendant les secours, la seule chose à faire est de ventiler la cuve par tous les moyens à votre disposition.
Pour poursuivre sur la sensibilisation, Groupama prévoit de mettre à disposition d’autres caisses départementales un court-métrage sur le risque d’intoxication au CO2. « Plus globalement, nous souhaitons mettre en place au niveau national des ateliers entièrement pris en charge afin de former la population aux gestes qui sauvent », indique Fabrice Henry, avant de préciser que seuls 22 % des Français sont à ce jour capables de les réaliser. La marge de progression est donc très grande.
Les trois phases à risque majeur d’intoxication
- Le nettoyage des cuves après soutirages, à cause du brassage des lies renfermant du CO2
- Le nettoyage des cuves après transfert des vins protégés à l’aide de neige carbonique