Les suites du sinistre
[Notre dossier Lubrizol] Les éleveurs laitiers touchés financièrement et moralement
La polémique monte sur le délai et le montant des indemnisations pour les producteurs victimes de l'incendie de l'usine Lubrizol. Pour les éleveurs laitiers, le manque à gagner est très élevé. Le préjudice moral est plus difficile à mesurer mais il est bien présent également.
La polémique monte sur le délai et le montant des indemnisations pour les producteurs victimes de l'incendie de l'usine Lubrizol. Pour les éleveurs laitiers, le manque à gagner est très élevé. Le préjudice moral est plus difficile à mesurer mais il est bien présent également.
C’était le 26 septembre. Bientôt un mois que l’incendie de l’usine Lubrizol a embrasé le ciel Rouennais. Les interdictions de collecte de lait ont été levées le 14 octobre. Le 18 octobre, la levée des mesures de restriction a été étendue à la commercialisation de l’ensemble des produits agricoles.
Malgré les indemnisations annoncées, la situation est très difficile pour les éleveurs laitiers des zones touchées par le nuage de fumée.
« Plus de 11 millions de litres ont été jetés ! Eleveurs et transformateurs ont subi un manque à gagner et des surcoûts, » peut-on lire dans Réussir Lait.
La revue spécialisée a recueilli le témoignage d’éleveurs touchés par les restrictions de collecte. Au-delà de l’aspect financier, ils se disent moralement touchés.
90 000 litres de lait jetés et des analyses qui ont montré, en définitive, que le lait était sain. « L’administration a organisé du gaspillage alimentaire ! », considère Patrick Planchon, éleveur en Seine-Maritime.
Guillaume Leroy a jeté lui aussi 60 000 litres de lait. Et il a dû acheter 10 ha de maïs sur pied hors zone de consignation et 100 tonnes d’ensilage de maïs pour se nourrir ses animaux en cas de fourrage impropre à la consommation sur sa ferme. Un achat « par sécurité » pour lequel il a contracté un prêt bancaire pour ne pas « plomber la trésorerie ».
La revue spécialisée a interrogé également Pierre Villiers, président de l’ODG (Organisme de défense et de gestion) du fromage AOP Neufchâtel « Environ 80 % des fermes ont été concernées par l’arrêté préfectoral », affirme le président de l’Appellation d’origine protégée dans Réussir Lait.
Les entrepreneurs de travaux agricoles, eux aussi, sont inquiets. Ils craignent d’être la « variable d’ajustement » de leurs clients, peut-on lire dans leur bulletin d’information du mois de novembre. « La crainte principale des entrepreneurs aujourd’hui est l’allongement probable des délais de paiements », ajoute la profession. « A plus long terme, Gérard Tiercelin, vice-président EDT (Entrepreneurs des Territoires) Eure-Seine-Maritime exprime également la crainte des entrepreneurs de voir leurs clients fragilisés abandonner l’élevage, avec pour conséquence la réduction des chantiers d’ensilage pour lesquels ils se sont équipés », peut-on lire dans la lettre d’information.
Les indemnisations sont donc attendues avec impatience. Le ministre de l’Agriculture certifie qu’elles arrivent. Mais à la question « quand et combien ? », Didier Guillaume ne semble pas pouvoir répondre précisément. Un manque de clarté dont certains commentateurs commencent à s’amuser. Dans son journal Quotidien sur TF1 ce 22 octobre, Yann Barthes revient sur le sujet en ironisant sur le rétropédalage ministériel.
D'autres ont beaucoup moins envie de rire.
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