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Coûte que coûte, libérer les stocks de chevreaux

Les trois opérateurs de la filière chevreau française croulent sous leurs stocks, stigmates restants de la crise du Covid-19.

Les abattoirs ont continué à collecter les chevreaux pendant le confinement tout en sachant qu'ils ne parviendraient pas à les valoriser correctement. © D. Hardy
Les abattoirs ont continué à collecter les chevreaux pendant le confinement tout en sachant qu'ils ne parviendraient pas à les valoriser correctement.
© D. Hardy

La forte saisonnalité de la consommation de viande de chevreau autour de Pâques a fortement pénalisé la filière avec la crise engendrée par le confinement. Les trois abatteurs (Loeul et Piriot, Palmid’Or et les établissements Ribot) ont pris le parti des naisseurs et des engraisseurs en continuant la collecte de tous les animaux, certes en baissant les prix, mais aucun chevreau n’a dû être stocké sur pied. Malgré les efforts consentis et les promotions en grandes surfaces pour sensibiliser les consommateurs, les débouchés ont vite été saturés ou inexistants, notamment avec l’arrêt temporaire de la restauration hors domicile. Depuis Pâques, le taux de congélation du chevreau est quasiment de 100 % et Interbev caprin prévoit dans un communiqué de presse daté du 18 juin que « sans solution de débouché, ces volumes vont peser sur l’équilibre des entreprises et très certainement hypothéquer les saisons à venir et ce dès le mois de septembre 2020. » Les volumes stockés ont dépassé les 500 tonnes et sont totalement à la charge des trois abatteurs. « Les opérateurs ne pourront pas abattre de nouveaux animaux tant que leurs espaces de stockage seront pleins », avertit Franck Moreau, président d’Interbev caprin.

"Il faut trouver des marchés de dégagement"

« La clé pour assainir la situation, poursuit-il, serait de trouver des marchés de dégagement. » Et ces derniers ne doivent pas inclure les marchés habituels à l’export afin de ne pas dévaluer les prix. La crise du Covid-19 a rendu plus visible les demandes de certains pays, pour la plupart d’Afrique et d’Asie, qui recherchent tous types d’aliment, dont de la viande à bas coût, pour nourrir leurs populations. « Les ventes sur ces marchés se feront à perte, les abatteurs le savaient pertinemment depuis le début », rappelle Franck Moreau en insistant sur la solidarité dont ont fait preuve les opérateurs en continuant les collectes de chevreaux pendant le confinement.

Pas de soutien interprofessionnel sans réflexion de filière

Dans une note du 9 juin, l’interprofession de la viande caprine regrette que le dispositif d’aides au stockage prévu par le gouvernement « soit inadapté à la filière avec une ouverture tardive du dispositif, pas de rétroactivité de prise en compte des stocks, une procédure trop complexe, etc. » L’interprofession tire la conclusion que les volumes qui seront pris en charge par ces aides seront très faibles et n’aideront pas vraiment. D’autre part, les engraisseurs s’étaient réunis en collectif pour faire entendre leur voix et demander des aides aux pouvoirs publics pour parvenir à pérenniser leur activité, mais leur requête est restée jusqu’à présent sans réponse. « La crise du Covid-19 a mis en exergue les fragilités de la filière chevreau. Nous sommes trop dépendants d’un seul segment traditionnel du marché, trop dépendants de Pâques, qui représente quasiment le seul créneau de vente sur l’année, martèle le président de l’interprofession. Nous allons lancer une étude prospective sur la filière, pour la remodeler et mieux se positionner sur le marché intérieur. » Franck Moreau déplore d’ailleurs que la viande de chevreau soit pour l’instant exclue des Drives et des plats cuisinés alors qu’elle y a sa place autant qu’une autre viande. « Il ne peut y avoir de soutien de la filière sans une réflexion approfondie de celle-ci. Des solutions existent et nous devons nous les approprier et non pas se contenter de trouver de l’argent qui ne sera qu’un cache misère et n’améliorera en rien la situation du chevreau », conclut-il.

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