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« L’eau, fake or not » : comment revoir notre rapport à l’eau ?
Avec son ouvrage intitulé « L’eau, fake or not » publié par Tana Editions, Charlène Descollanges livre une réflexion documentée très instructive sur l’eau, ressource essentielle mais qui se raréfie, en ayant à cœur de démêler le vrai du faux.
Avec son ouvrage intitulé « L’eau, fake or not » publié par Tana Editions, Charlène Descollanges livre une réflexion documentée très instructive sur l’eau, ressource essentielle mais qui se raréfie, en ayant à cœur de démêler le vrai du faux.
Sur la planète, 97,5 % de l’eau est salée et il n’y a que 2,5 % d’eau douce et 99 % de cette eau nous est inaccessible, rappelle Charlène Descollanges dans l'ouvrage « L’eau, fake or not ». Lacs, rivières, écosystèmes et humains se partagent 1 % de l’eau douce terrestre. Au vu de ces chiffres, il est aisé de comprendre que l’eau est un bien commun essentiel à la vie sur terre, notre bien commun le plus précieux qui est aujourd’hui mis à mal par l’activité humaine. L'ouvrage rappelle aussi que pour répondre à ses besoins, l'humanité s'est approprié l'équivalent de la moitié du débit mondial de toutes les rivières et de tous les fleuves.
L'eau, un bien commun irremplaçable
Dans cet ouvrage, Charlène Descollanges qui est ingénieure hydrologue, nous livre une boîte à outils pour comprendre le miracle de l’eau douce, son cycle, sa réalité physique, son cheminement ainsi qu’un point chiffré des consommations en France et dans le monde chaque jour. Avec des chiffres et des ordres de grandeur, elle pointe l’importance de l’évolution de nos besoins en eau douce, la production d’énergie, l’agriculture et l’énergie en étant les plus gros consommateurs. Elle donne aussi des pistes de réflexion pour améliorer la gestion de ce bien commun irremplaçable en distinguant les vraies des fausses solutions pour économiser l’eau, améliorer sa qualité ou encore restaurer son cycle.
L’utilisation de l’eau en agriculture en questions
Ainsi si certaines solutions comme la réutilisation des eaux usées traitées est souvent brandie comme une alternative à généraliser notamment pour irriguer les terres agricoles, Charlène Descollanges avertit : « Qui dit irrigation dit évaporation, et l’eau ne retournera donc pas dans la rivière, comme elle aurait dû le faire à la sortie de la station d’épuration. (…) Mieux vaut réduire la demande en eau par des mesures de sobriété avant de déployer de telles solutions, par ailleurs très coûteuses ».
Toujours au chapitre agricole, l’auteur estime notamment que les agriculteurs sont encouragés financièrement, via la Pac « à s’agrandir, à se mécaniser et à créer de grandes réserves d’eau. Cette politique conduit finalement à les endetter encore plus pour construire des bassines qui sont des solutions aggravantes sur le long terme et qui génèrent des conflits d’usage ». Elle estime que la Pac « doit être repensée en profondeur, en plaçant la question de la gestion de l’eau au centre, pour limiter l’épuisement et la pollution de nos réserves d’eau douce ».
« La moitié de notre empreinte eau vient d’ailleurs »
Charlène Descollanges met en exergue un autre fait marquant concernant notre consommation : « Presque la moitié de notre empreinte eau, c’est-à-dire la somme de toute l’eau nécessaire à nos modes de vie, vient d’ailleurs » et ajoute : « Un Français consomme chaque année 730 m³ d’eau bleue d’irrigation dans d’autres pays, alors qu’une part non négligeable des régions où poussent nos aliments souffrent de stress hydrique ». Autrement dit, « l’empreinte eau moyenne d’un Français est de 4 893 l par jour, dont 90 % constitués par de l’eau verte agricole, c’est-à-dire de l’eau pompée dans les sols par ce que nous mangeons, mais près de la moitié de cette empreinte concerne des produits alimentaires qui poussent ailleurs qu’en France ». Et de donner l’exemple de l’avocat qui demande 500 l d’eau pour pousser.
Des conflits relatifs à l’eau émergent déjà
Tous les chiffres donnés par l’auteur donnent à réfléchir et, outre les actions personnelles que l’on peut adopter individuellement pour réduire notre consommation d’eau quotidienne, Charlène Descollanges estime notamment qu’en France « pour sortir de cette crise permanente, il est urgent de décider, à l’échelle des territoires et études à l’appui, quels sont les usages prioritaires et de limiter nos prélèvements d’eau ».
Elle prône également l’adoption d’une déclaration universelle des droits de la rivière alors que des conflits relatifs à l’eau émergent déjà dans différentes parties du monde, principalement là où le stress hydrique est le plus important et le long des fleuves transfrontaliers. L’auteure conclut : « Nous avons besoin de revoir profondément notre rapport à l’eau en mettant la question des milieux aquatiques au centre de nos préoccupation, car elle est le fondement de l’équilibre du vivant ».