Assemblée générale
Un résultat positif pour Capgènes en 2015
L’organisme et entreprise de sélection pour l’espèce caprine a tenu son assemblée générale le 7 avril. L’occasion d’ouvrir son site aux adhérents et débattre du futur règlement zootechnique européen.
Après avoir visité lors des précédentes éditions les principaux secteurs caprins de France, Capgenes était de retour en Poitou-Charentes pour son assemblée générale (AG) le 7 avril. Une bonne occasion de réunir tous ses adhérents au sein de son siège à Mignaloux-Beauvoir dans la Vienne. « C’est un site unique mais certains éleveurs ne le connaissaient pas et n’avaient jamais vu faire les prélèvements, a expliqué Olivier Ponthoreau, chef du centre de production de semence. Nous avons tenu à ce que les salariés eux-mêmes expliquent leur travail. » Une visite avec présentation des activités était organisée l’après-midi. D’abord, l’animalerie. « En ce moment, nous collectons 90 béliers par jour : la collecte démarre tôt le matin, vers 7 h 15, dès que les animaux ont été soignés, et se termine vers 10 h 45. » Chaque début de mois, les animaux sont pesés et leurs testicules mesurées et échographiées dans le cadre du programme Maximâle qui vise à améliorer la production de semence. Les éjaculats prélevés arrivent ensuite au laboratoire. Ils y sont identifiés, pesés, passés au spectromètre pour mesurer la concentration puis centrifugés pour séparer la semence du liquide séminal afin de la congeler. « On peut réaliser 30 doses avec un éjaculat de bouc et chaque dose contient 100 millions de spermatozoïdes. » Quatre techniciens parcourent la France pour réaliser le pointage, l’appui à la sélection et les accouplements programmés. « L’objectif du futur contrat gènes + serait que l’IA diffuse au-delà des seuls élevages dans la base de sélection, explique Vincent Gousseau, technicien. Pour cela, il faut améliorer la filiation et proposer de nouvelles solutions pour perdre moins d’informations ».
Des Breed Societies pour piloter les races à l’horizon 2019
« Trois enjeux forts se profilent à l’horizon 2017, a rappelé François Perrin, le président de Capgènes, la mise en place du futur règlement zootechnique, le renouvellement du contrat de sélection et l’intégration de la génomique dans le schéma. » L’AG était donc l’occasion de chercher à décrypter les clés de ce futur règlement zootechnique qui consacre le passage d’une organisation de la sélection par métier, avec des monopoles, à un système plus libéral. « L’objectif du nouveau règlement était d’unifier les nombreux textes communautaires, clarifier les normes et asseoir des programmes transfrontaliers », a résumé Stéphane Devillers d’Allice. Il prévoit la création de Breed Societies qui seront responsables de la tenue du livre généalogique, des programmes de sélection, du contrôle de performance et de l’évaluation génétique. À la différence d’autres espèces, en caprin, l’OES Capgènes réunissait déjà les fonctions de tenue du livre généalogique et des programmes de sélection et c’est d’ailleurs le seul exemple d’OES multiracial en élevage. Il paraît donc logique qu’elle devienne Breed Society pour les races caprines à l’horizon 2019. Mais elle sera aussi responsable du contrôle de performance et de l’évaluation génétique, qu’elle pourra choisir de faire elle-même ou de contractualiser avec un contrat écrit à une autre structure (France Conseil Élevage, Inra…) « L’enjeu va donc être de décider quel partenariat mettre en place avec ces organismes, explique Stéphane Devillers. Le système permet que les gènes de nos animaux restent la propriété des éleveurs mais il faut s’entendre pour occuper la place car rien n’empêchera un organisme extérieur d’arriver et se constituer Breed Society. »
77 000 doses d’IA distribuées aux associés coopérateurs
L’année 2015 a été plutôt bonne pour Capgènes et se termine pour la première fois depuis trois ans, avec un résultat positif, du fait d’une amélioration des ventes, notamment à l’export dont le chiffre d’affaires a doublé. Le nombre d’adhérents a baissé de 2,3 % mais le nombre de chèvres augmenté de 1,5 % et après deux années de stabilité liées à la crise, les performances moyennes des élevages adhérents ont repris leur progression. En 2015, les accouplements programmés ont concerné seulement 285 élevages, une érosion liée à la réglementation tremblante imposant aux éleveurs d’être inscrit au CSO depuis plus de trois ans. Malgré cela, le taux de consanguinité est contenu à 2,4 % en Alpine et 3,1 en Saanen, ce qui est satisfaisant.
181 boucs sont entrés en station à l’automne 2014 et, après l’élimination d’un tiers sur critères sanitaires, puis d’une cinquantaine sur critères comportementaux ou en lien avec la qualité spermatique, ce sont finalement 74 candidats qui sont entrés en testage. Cette série J a eu des résultats similaires aux précédentes : 88 % des sauts ont donné lieu à éjaculat, 86 % des éjaculats obtenus ont été congelés, et 69 % des éjaculats congelés ont pu être stockés. Les boucs ont donné en un an une moyenne de 1 696 doses par mâles, l’objectif de 3 000 doses par mâle (en 22 mois) devrait être atteint. 77 000 doses d’IA ont été distribuées aux associés coopérateurs, couvrant 115 % de leurs besoins, de manière à permettre l’expansion de leur activité et 20 000 doses ont été exportées, en priorité en Europe, puis au Moyen-Orient.
Un schéma de sélection génomique pour 2018
La génomique repose sur la connaissance du génome et de son lien avec le phénotype. Cela suppose d’avoir une population de référence suffisamment grande dont on connaisse le génotype et le phénotype pour les caractères d’intérêt afin d’établir précisément le lien entre les deux. Le système permet donc une évaluation précoce avec une bonne précision de la valeur génétique d’un individu. En caprin, deux populations de références ont été constituées, l’une dans le cadre du programme Phénofinlait avec 2 400 femelles Alpines et Saanen génotypées et phénotypées. Par ailleurs, grâce à la semence congelée, on a pu génotyper 800 boucs d’IA des deux races des millésimes 1993 à 2011.
Mais un certain nombre de difficultés s’opposent à l’efficacité de cette technologie dans la filière au regard de la taille réduite de la population et de l’intervalle générationnel déjà court. « Même si le progrès génétique qu’il permet est assez limité, cela devrait permettre de rebattre les cartes entre éleveurs, sélectionneurs, contrôle de performance et OES et ainsi redynamiser le schéma et remotiver les éleveurs pour le testage et les accouplements programmés, espère Pierre Martin, le directeur de Capgenes. Jusqu’à présent, l’essentiel de la pression de sélection pesait sur le lait. La génomique permettra de progresser sur de nouveaux caractères d’intérêt sur lesquels le schéma classique n’était pas efficace : longévité, fertilité, composition fine du lait, vitesse de traite… »