Machine à traire - « Un roto SAC de 80 places pour traire 900 chèvres en 1 h 25 »
La famille Berthelot a mis en route un roto de traite SAC de 80 places. Les griffes sont présentées au plus près de la mamelle et, en mesurant le lait produit, la machine gère automatiquement les deuxièmes tours.
La famille Berthelot a mis en route un roto de traite SAC de 80 places. Les griffes sont présentées au plus près de la mamelle et, en mesurant le lait produit, la machine gère automatiquement les deuxièmes tours.
C’est dans un bâtiment flambant neuf de 5 000 mètres carrés que les chèvres d’Olivier Berthelot ont pris place en août 2023, à Sougé, dans l’Indre. Pour passer le troupeau de 600 à 1 200 chèvres, l’éleveur de 46 ans a investi 2,2 millions d’euros pour les bâtiments Morisset, le robot d’alimentation Lucas G, un traqueur solaire et un roto de traite 2RO de SAC.
Pour le roto de traite, Olivier Berthelot est allé deux fois aux Pays-Bas pour voir le premier prototype de roto 2RO dans la ferme Wiarda-Galama qui élève 5 500 chèvres. Ce qui a séduit cet éleveur technique : la compacité des postes de traite, les compteurs à lait individuels, la rapidité de rentrée et d’identification des chèvres et la mesure de production à chaque poste. « Avec les griffes et les vérins sous la plateforme, on gagne de la place par rapport au roto de traite où ces équipements sont sur le côté », apprécie Olivier. Avec le système QuickUp, la griffe est protégée sous la plateforme quand les chèvres s’installent. « Quand le roto amène la chèvre devant le trayeur, les griffes sont présentées directement au pied de la chèvre. »
Un second tour géré par le roto
Le carrousel gère la fin de la traite grâce aux compteurs à lait individuels. La quantité de lait produite par chaque chèvre permet de repérer les chèvres qui n’ont pas assez produit par rapport à la moyenne des jours précédents. Les chèvres qui n’ont pas assez produit restent donc bloquées au cornadis et repassent devant le trayeur pour être soit branchée de nouveau si un manchon a glissé, soit examiné rapidement pour être éventuellement mise à l’écart. À la sortie, le roto peut si besoin libérer les chèvres un peu plus tard dans un parc dédié. « Cela permet aussi de trier les chèvres en fonction de paramètres prédéfinis sur l’ordinateur », explique l’éleveur.
« Le sas d’entrée, large d’un mètre et demi, permet à trois chèvres de pénétrer simultanément dans le carrousel. Cela garantit un remplissage continu du roto », se réjouit Olivier. Les chèvres se bloquent au cornadis, reçoivent un peu d’aliments et sont identifiées grâce à une antenne lisant la boucle électronique auriculaire.
Une cadence soutenue
La gestion de la traite est facilitée par une équipe bien organisée. Alice, salariée de la ferme, ou Quentin, le fils d’Olivier, actuellement en apprentissage, se charge de brancher les chèvres pendant que l’autre amène les lots. Les lots de 300 chèvres sont mis en attente sur des caillebotis situés au-dessus de racleurs automatiques qui amènent les déjections vers une fumière. « Les chèvres arrivent avec les pieds propres et, même si nous passons un coup de soufflette après chaque traite, le roto n’est nettoyé qu’une fois par mois », apprécie Olivier. Un chien électrique commandé par le trayeur est aussi là pour pousser les derniers animaux vers le roto.
La vitesse d’avancement peut être réglée depuis le poste de traite. « Aujourd’hui, nous avons trait 628 chèvres en moins d’une heure », compte Olivier en analysant les données sur l’ordinateur du bureau. Après chaque traite, il regarde la production totale ; il peut ainsi repérer facilement les chèvres qui n’ont pas produit suffisamment par rapport à sa moyenne.
Le troupeau est actuellement en phase de croissance et 900 chèvres sont présentes sur l’exploitation. « On a atteint 900 chèvres traites en 1 heure et 25 minutes », explique Olivier, en se félicitant aussi de la baisse du taux cellulaire. Depuis l’installation du 2RO, le nombre de cellules est passé de deux millions à un million et demi actuellement.
Supplémentation individualisée
« En un an, le roto a déjà fait 11 000 tours », s’étonne Olivier en regardant son compteur. Pour l’instant, aucun souci technique majeur n’est à déplorer, mais l’éleveur espère des améliorations à venir. Ainsi, pour l’instant, le compteur à lait n’est pas certifié Icar et les mesures ne peuvent pas servir pour le contrôle laitier officiel. Mais Olivier espère que le groupe SAC parviendra rapidement à l’homologation des compteurs.
Autre amélioration à venir prochainement, les chèvres vont recevoir une supplémentation individualisée en fonction de leur niveau de production laitière.
Ce système de traite 2RO de SAC est la première installation en France et le sixième est en cours de mise en route. Ici, il a coûté 480 000 euros. Pour limiter les coûts, une grande partie de la maçonnerie a été assurée par l’équipe de l’élevage, ainsi que la plomberie, l’électricité et le bardage pour le bâtiment.
Du lait AOP pour rembourser les prêts
Avec un troupeau qui tourne à 1 100 kg de lait, 31 g/l en TP et 38 en TB et du lait répondant au cahier des charges de l’AOP Valençay, Olivier Berthelot espère rembourser ses 2,2 millions d’euros empruntés entre treize et quinze ans. Un sacré défi pour Olivier, son frère Frédéric et son fils Quentin qui se dessine à reprendre la suite de l’exploitation familiale.
Fournisseurs
Sept tailles pour le 2RO de SAC
Le roto 2RO de SAC est proposé en sept versions : de 60, 70, 80, 90, 100, 110 ou 120 places. Le groupe SAC, fabricant danois d’équipements de traite pour vaches, brebis et chèvres, a été racheté en 2021 par la firme américaine BouMatic.
Chiffres clés
Le robot fait la cuisine
Pour alimenter les bientôt 1 200 chèvres, la famille Berthelot et ses salariés possèdent un robot Lucas G. Celui-ci alimente les quatre lots trois fois par jour d’une ration mélangée à base de luzerne. Trois stockeurs sont alimentés tous les deux à trois jours de foin de luzerne et deux types d’enrubannage de luzerne avec des tailles de brins différents. Pour préparer les repas, un convoyeur amène ces aliments jusqu’à une mélangeuse posée sur des pesons. Les aliments sont mélangés doucement avec de la farine d’orge, des minéraux et de l’eau, puis le mélange est amené à la distributrice automotrice filoguidée. « On peut le charger jusqu’à 550 kilos », témoigne Quentin Berthelot.
Jusqu’à trente tours par jour
Pour distribuer le repas, le robot suit sagement le fil inséré dans le béton quartzé. En même temps qu’il distribue le mélange, une lame rétractable repousse le fourrage vers les chèvres. Le wagon Méchineau intégré complète la ration par du maïs et un concentré chèvre laitière en fonction des lots. Entre les repousses et les trois repas aux quatre lots, le robot va faire une trentaine de tours dans la journée. L’été, son travail s’allège puisqu’une partie de l’alimentation est apportée en vert directement des champs de luzerne jusqu’à l’auge. Le robot se charge aussi du paillage des chèvres.