« Nous avons laissé les mercredis à Florence dans notre élevage de chèvres »
Benoît et Olivier Denis salarient Florence Blanchaud depuis maintenant plus de quinze ans. L’adaptation, la confiance, l’autonomie et le partage des tâches ont permis à chacun de s’y retrouver.
Benoît et Olivier Denis salarient Florence Blanchaud depuis maintenant plus de quinze ans. L’adaptation, la confiance, l’autonomie et le partage des tâches ont permis à chacun de s’y retrouver.
Benoît et Olivier Denis travaillent depuis plus de quinze ans avec Florence Blanchaud. Un salariat qui dure dans une équipe où respect mutuel, flexibilité, confiance et autonomie sont les maîtres-mots.
Quatre jours de travail par semaine
Florence a rejoint l’exploitation de 310 chèvres et 140 hectares en 2009 après son stage de six mois sur la ferme alors tenue par Olivier. Une période durant laquelle elle a montré son potentiel et sa motivation. « Après avoir travaillé ensemble pendant six mois, tu te rends bien compte des compétences de la personne, que ce soit humainement ou professionnellement », admet Benoît qui lui s’est installé en 2013 sur une ferme de Lurais (Indre). Avec ses trois enfants de 3 à 6 ans, Florence voulait garder ses mercredis de libre. « Nous cherchions quelqu’un pour travailler matin et soir et faire la traite et nous avons accepté cette offre de quatre jours par semaine », explique Benoît.
Flexibilité et confiance
Aujourd’hui, Florence assure un « large 35 heures » sur quatre jours de travail avec des horaires types de 7 à 13 heures puis de 16 à 20 heures. Pour rester avec ses enfants, Florence bénéficie aussi de sept semaines de congés payés, généralement trois semaines en été et une semaine à chacune des vacances scolaires. Pour les horaires, la flexibilité et la confiance sont la règle. « Florence peut partir plus tôt si elle a un rendez-vous médical ou autres. Mais ça peut aussi lui arriver de rester plus tard s’il y a besoin. » Benoît précise : « On n’a pas l’impression de se faire avoir d’un côté ou de l’autre. On est tous conscients du travail de chacun. » Une approche qui permet aux salariés de donner le meilleur d’eux-mêmes sans pression inutile.
Une charge mentale partagée
Une grande autonomie opérationnelle est laissée à Florence pour organiser ses tâches à la chèvrerie. « On est sur une obligation de résultat, pas de moyens. L’important, c’est que le travail soit fait, et Florence s’organise comme elle le veut pour y arriver », précise Benoît. Elle a, par exemple, contribué à améliorer l’ergonomie de certaines barrières ou a mis en place l’utilisation d’ardoises et de tableaux pour suivre les quantités de nourriture et organiser les tâches, ceci afin de faciliter la communication entre les membres de l’équipe et éviter les erreurs. Ces petites améliorations ont permis d’alléger la charge physique et mentale du travail quotidien sur l’exploitation. « Florence a souvent des idées pour rendre le travail moins pénible, et c’est très précieux », apprécie Benoît. Grâce à la confiance gagnée au fil des ans, la charge mentale est partagée. « Je sais que Florence va penser à changer les manchons trayeurs et cela fait ça de moins à penser. »
Le travail pénible ne se fait pas seul
Les discussions autour du café le matin sont un moment privilégié pour échanger sur les tâches à accomplir et ajuster les plannings. « On est souvent à deux pour travailler, et c’est aussi l’occasion d’en discuter et de revoir nos priorités », ajoute Florence.
Le travail pénible, comme le curage des chèvres ou la pesée des chevrettes, est toujours effectué en équipe, jamais seul. « Quand on est trois ou quatre, le travail est globalement plus agréable, on se soutient mutuellement et on avance plus vite. » Ce mode de fonctionnement permet non seulement de partager la charge physique, mais aussi de maintenir un esprit d’équipe et de solidarité sur l’exploitation. Le fait de travailler ensemble facilite également les discussions, les échanges d’idées et les ajustements en temps réel, ce qui rend ces tâches moins monotones et plus motivantes.
« Un salarié s’autofinance »
Olivier considère qu’embaucher une personne en plus sur l’exploitation est un investissement qui s’autofinance grâce à l’amélioration de l’efficacité et des performances de l’élevage. « Si tu as quelqu’un en plus qui suit bien ton troupeau, tu évites des problèmes de santé. C’est une paire d’yeux en plus qui te permet de réagir plus tôt. Tu as aussi le temps de peser et trier les chevrettes », explique Benoît en précisant que chaque chevrette de l’EARL Des rives de l’Anglin est au moins pesée quatre fois. « Pendant que quelqu’un est à la traite, tu peux aller faire du foin au bon moment. » Cet investissement en main-d’œuvre permet non seulement de maintenir une bonne productivité, mais aussi d’améliorer la qualité de vie de tous sur l’exploitation. Il permet aussi aux deux frères de s’investir une cinquantaine de jours par an dans la vie professionnelle (Capgènes, laiterie, AOP pouligny-saint-pierre, enseignement) et de prendre quelques jours de congés.
La main-d’œuvre à l’EARL Des rives de l’Anglin
En plus des deux frères Denis et de Florence, l’exploitation fait partie d’un groupe d’employeur avec le service de remplacement depuis 2015. « Nous sommes huit à salarier ensemble une personne à plein temps. Ici, il vient tous les mercredis de l’année et deux jours par semaine en juillet et août. » Géré par le service de remplacement, ce salarié donne droit à des crédits d’impôts pour les congés ou pour les représentations professionnelles.
Formé à la maîtrise d’apprentissage, Olivier accueille aussi régulièrement des apprentis sur la ferme. Isabelle, l’épouse d’Olivier, assure l’administration et occasionnellement la traite pour l’équivalent de 0,7 temps plein. À la retraite depuis 2007, le père d’Olivier et Benoît Denis continue d’aider ponctuellement sur l’exploitation mais son implication reste très réduite.