L’ostéopathie n’est pas réservée aux chevaux !
La pratique de l’ostéopathie est courante dans le monde du cheval. Elle l’est beaucoup moins chez les animaux d’élevage comme les bovins. Car s’il est relativement aisé de manipuler un équidé, de lui prendre un pied par exemple, la tâche est plus ardue avec un bovin. Les blessures ou traumatismes sont pourtant fréquents chez ces animaux d’élevage (vêlages difficiles, chevauchements, bousculades…). Jean-Pierre Siméon, vétérinaire pratiquant l’ostéopathie depuis vingt ans, a vendu sa clientèle, il y a trois ans, pour se consacrer à cette pratique en troupeaux allaitants, ainsi qu’à l’homéopathie et au suivi d’élevage, au sein du GIE zone verte (association de vétérinaires ruraux).
Une médecin ancestrale que l’on redécouvre aujourd’hui
« L’ostéopathie est une médecine manuelle ancestrale, elle existe dans nos campagnes depuis longtemps et on la redécouvre aujourd’hui », explique le docteur Siméon avant de poursuivre : « Porter un diagnostic et donner un pronostic sont les deux premières choses auxquelles on s’attache lors d’une consultation. On pourra alors détecter les atteintes sur lesquelles intervenir. »
La lésion en ostéopathie peut se définir par une perte de mobilité d’un élément par rapport à un autre résultant d’une contracture musculaire qui entraîne des tensions membraneuses (faciales), induisant souvent une mauvaise irrigation des tissus sous-jacents. L’ostéopathie s’attache, à partir de l’observation visuelle et surtout palpatoire, à localiser les contractures musculaires, et ainsi à lever les restrictions de mobilité. La lésion ostéopathique est fonctionnelle. Les atteintes organiques, viscérales ou structurelles, telles que les fractures, luxations vraies, ainsi que les maladies infectieuses ne relèvent pas de cette pratique, elles nécessitent l’administration d’un traitement médicamenteux ou chirurgical.
Un large domaine d’action sur les vaches ou sur les veaux
Cependant, le champ d’action de l’ostéopathie reste étendu : toutes contractures des muscles squelettiques (torticolis, lumbagos, hernies discales, entorses, etc.) mais également tout manque de mobilité des os du bassin peuvent être améliorés par ces pratiques manuelles.
« Les principaux traumatismes que je traite sur les bovins charolais de ma clientèle sont des boiteries diverses du boulet, de la hanche, de l’épaule, mais également vaches parétiques (paralysie partielle), veaux dérotulés ou déhanchés voire incapables de se lever… et ce à la suite d’extractions forcées. Un autre champ d’action sur nos veaux allaitants, traumatisés ou non à la mise-bas, est la recherche de la prise rapide du colostrum par manipulations fluidiques du crâne, du palais, voire de l’os qui soutient la langue (hyoïde). Reste le cas épineux de la vache couchée et de son pronostic. Malheureusement, des lésions de fractures sont constatées. Alors, souvent, grâce à l’ostéopathie viscérale, fluidique et au reboutage des cervicales basses, on parvient à une amélioration de l’état général et à un relevé rapide, même si c’est sur trois pattes », cite le docteur Siméon.
L’ostéopathe dispose de nombreuses techniques d’intervention. Les mains représentent son principal outil de travail, résultat d’un véritable savoir faire et d’une bonne connaissance de la physiologie et de l’anatomie de l’animal. Cependant, certaines manipulations comme celles des membres, peuvent être difficiles à réaliser en raison du format de ces animaux. Aussi, le praticien recourt dans certaines situations à des moyens artificiels tels que des cordes ou un manche de rainette. La plupart du temps une séance de 20 minutes est nécessaire pour diagnostiquer le traumatisme et le traiter. Une séance suffit souvent, sauf dans le cas de la vache couchée. Son coût est d’une centaine d’euros.
Intervenir tôt pour éviter une aggravation
Si les cas compliqués nécessitent la venue d’un spécialiste, « les premiers soins peuvent être dispensés par l’éleveur lui-même. C’est pourquoi je leur propose des formations, depuis huit ans environ, afin de leur apprendre à observer différemment leurs bêtes et à les toucher. Un des premiers gestes que je leur enseigne est la manipulation du crâne chez le veau », informe le docteur Siméon, avant de poursuivre : « Je suis souvent appelé en dernier recours. Or, il ne faut pas attendre trop longtemps avant de demander une intervention pour éviter une aggravation des dommages. Plus l’intervention a lieu tôt, plus les chances de guérison rapide augmentent. » Par ailleurs, avant une manipulation, il est important d’éviter « de donner à l’animal des anti-inflammatoires qui masquent les symptômes et d’utiliser la pince élévatrice avant qu’un diagnostic ne soit posé. Il est préférable de lui administrer de l’arnica en homéopathie ».