La santé du veau se prépare aussi avant sa naissance
Il y a des germes de maladie dans tous les élevages, mais tous les élevages ne sont pas confrontés aux pathologies néonatales dans les mêmes proportions. Des précautions doivent être prises pour avoir des veaux qui naissent en bonne santé puis le demeurent.
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À côté de leur impact financier, les différentes pathologies auxquelles sont confrontées les veaux nouveau-nés sont particulièrement démoralisantes pour les éleveurs avec un sentiment d’impuissance face à l’accroissement du taux de mortalité et de morbidité de leurs animaux. Or si les germes de maladies néonatales sont présents dans tous les cheptels, tous ne sont pas lourdement pénalisés par ces pathologies. Des enquêtes ont montré que 80 % des veaux atteints de diarrhées le sont dans 20 % des élevages. Une étude menée en Bourgogne au premier semestre 2011, dans des élevages charolais sur des veaux de moins de 21 jours a comparé la prévalence des agents pathogènes dans les élevages sans problème de diarrhée néonatale et dans d’autres avec des veaux malades(1). Les élevages considérés comme indemnes présentaient un taux de veaux malades inférieur à 10 % sur l’ensemble de la saison. Dans tous les élevages concernés par cette étude, au moins un agent pathogène a été identifié. Les taux de présence de ces différents agents (colibacilles, rotavirus, coronavirus, cryptosporidies…) étaient équivalents quels que soient les élevages. Donc, dans la mesure où des agents pathogènes existent dans toutes les exploitations, mais que les veaux qui y naissent ne sont pas forcément concernés par des pathologies, cela signifie que le déclenchement de ces pathologies est la conséquence d’un déséquilibre entre la pression infectieuse et la capacité immunitaire du veau.
Tout plan d’action se raisonne avec une analyse approfondie basée sur un bilan précis. Il débute donc par un bilan de la productivité numérique du cheptel, laquelle dépend du taux de gestation, du taux de mortalité des veaux et de l’intervalle vêlage-vêlage (IVV). Il se poursuit par l’état des lieux des pathologies et mortalités rencontrées.
Cinq domaines de risques de développement des pathologies
Les facteurs favorisants se classent en cinq domaines de risque : alimentation, bâtiments, relation mère/veau, gestion du troupeau et statut immunitaire. La prévention vis-à-vis d’une maladie peut se décomposer en deux phases : tout d’abord la gestion de l’urgence, puis la recherche des facteurs de risque avec, pour chacun, des points forts, mais également des points faibles à améliorer. Seule leur correction par des mesures sanitaires et éventuellement médicales (vaccination, chimioprévention, traitements) permettra d’éviter la récurrence de maladies dans un cheptel. Rappelons que les mesures médicales ne seront efficaces que si elles viennent en complément de mesures sanitaires. C’est ensuite une lapalissade de dire que pour s’approcher du ratio idéal d'un veau sevré par vache et par an, il faut que le veau naisse vivant et en bonne santé.
Or un veau naissant est totalement dépourvu de défenses immunitaires. Avant qu’il ne produise lui-même les anticorps qui lui permettront de se défendre, il ne pourra compter que sur ceux transmis par sa mère via le colostrum. Cette dernière doit donc être en mesure de produire un colostrum de qualité et pour cela doit être correctement alimentée tant en quantité qu'en qualité.
Préparer sa prochaine campagne de vêlages, c’est donc être attentif à l’alimentation, au sanitaire et à l’éventuelle vaccination de ses vaches en fin de gestation. C’est ensuite obtenir des vêlages groupés sur des périodes choisies et non subies et limiter les écarts d’âge entre veaux au sein d’un même lot. Autant de facteurs qui permettront de faire naître des veaux en bonne santé !
(1) Étude coordonnée par le GTV Bourgogne en partenariat avec Merial, le laboratoire départemental de Côte d’Or et le Centre National de Référence des virus entéritiques et avec la participation de cinq vétérinaires.
Pour en savoir plus
Voir dossier Réussir Bovins Viande de juillet-août 2015. RBV n228, p. 18 à 34.
Au sommaire :
p. 20 - L'alimentation des mères a un impact direct sur la santé des veaux
p. 25 - Une carence en sélénium très pénalisante chez Edouard Baudon en Vendée
p. 26 - Plusieurs étapes pour améliorer la situation des élevages
p. 28 - Le paraphistome ne doit pas faire oublier la grande douve
p. 30 - La vaccination des mères est un outil complémentaire
p. 32 - Près de 300 échographies par an, au Gaec Brun;, dans l'Allier