Boiteries : quelles lésions podales affectent le plus les jeunes bovins en engraissement ?
Dans le cadre du projet Feedlame, plusieurs milliers de pieds de jeunes bovins (JB) ont été examinés post-mortem en abattoir. Ces premiers résultats soulignent que le panaris et la dermatite digitale ne sont pas les seules lésions présentes en ateliers d’engraissement.
Dans le cadre du projet Feedlame, plusieurs milliers de pieds de jeunes bovins (JB) ont été examinés post-mortem en abattoir. Ces premiers résultats soulignent que le panaris et la dermatite digitale ne sont pas les seules lésions présentes en ateliers d’engraissement.
Dans le cadre du projet Feedlame, piloté par l’UMR Inrae – Oniris BioEpar et réalisé en partenariat avec l’Idele – des relevés post-mortem ont été effectués dans trois abattoirs en France en mai 2023. Les pieds de 649 jeunes bovins (1) ont été inspectés et parés, avec l’objectif d’approcher la prévalence des lésions podales en ateliers d’engraissement. « Les principales lésions non infectieuses affectant les JB étaient les bleimes (82 %) et les ouvertures de ligne blanche (40 %). Les lésions infectieuses étaient également fréquentes, notamment l’érosion du talon (64 %) et la dermatite digitale (30 %) », énonce Anne Relun, maître de conférences en médecine bovine à Oniris et encadrante de cette thèse.
Les affections susceptibles de faire boiter
Parmi les lésions les plus douloureuses pouvant être à l’origine de boiteries ont été identifiées la dermatite digitale de stade d’évolution M2 (1 JB atteint sur 6), l’érosion du talon de niveau de gravité 3 (1 JB atteint sur 14) et les ouvertures de ligne blanche de niveaux 3 et 4 (1 JB atteint sur 20) (2).
Cependant, « les relevés de ces lésions ayant été réalisés sur des animaux admis à l’abattoir, ils ne sont pas le reflet exact des situations qui pourraient être rencontrées dans les élevages, nuance Aurore Duvauchelle Waché, vétérinaire chargée de projets santé et bien-être des ruminants à l’Idele. Il existe notamment un risque de sous-estimation de certaines lésions comme le panaris. Cette maladie infectieuse est régulièrement traitée en élevages et peut être résolue. Mais en cas de non-guérison, l’animal peut ne pas être transportable vers l’abattoir selon le degré de sévérité. »
Une deuxième session de prélèvements est en cours dans trois abattoirs en France, afin de préciser le type d’affections qui surviennent en ateliers d’engraissement. Néanmoins, « le relevé post-mortem ne pourra permettre de conclure de manière exhaustive sur la prévalence des lésions podales qui touchent les JB tout au long de l’engraissement. Seuls l’observation et le parage régulier des pieds des JB pourraient apporter ces informations », reprend Anne Relun.
Le projet Feedlame se poursuit donc, et vise à étudier la cause d’apparition des boiteries et les moyens de les maîtriser pour minimiser leurs dégâts. À la lumière de ces premiers résultats, les experts espèrent renforcer l’intérêt des éleveurs, qui sont « au premier plan pour la prévention, la détection et le traitement des boiteries de leurs animaux ».
Les boiteries représentent le deuxième trouble de santé le plus fréquent en atelier d’engraissement
Dans le cadre de cette étude, un questionnaire a également été adressé aux éleveurs engraisseurs de jeunes bovins en France. Au total, trente répondants ont participé. Selon les éleveurs, juste après les maladies respiratoires, les boiteries constituent les affections qui ont le plus d’impact sur leurs élevages. Elles se positionnent même en tête avec les blessures en termes d’impact sur le bien-être animal. Les principales causes identifiées étaient les lésions podales et les traumatismes. D’après l’échantillon, « les boiteries toucheraient la quasi-totalité des ateliers d’engraissement et leur prévalence augmenterait au cours de l’engraissement, soit parce que les conditions d’engraissement des jeunes bovins favorisent leur apparition, soit parce que celles-ci sont peu ou mal soignées », décrit la thèse vétérinaire. Les éleveurs sondés identifient l’alimentation comme principal facteur de risque d’apparition des boiteries. Si leur prise en charge par les éleveurs est assez hétérogène, ce type d’affection est source de préoccupations sur tous les plans : incidence sur le bien-être animal, dégradation du statut sanitaire de l’élevage, pertes économiques, hausse du temps et de la pénibilité du travail et le moral de l’éleveur est mis à mal.