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Interview
Allier agriculture régénératrice et bio, un challenge de taille pour la ferme pilote d’Hectar

Nommé à la tête de la ferme de 250 hectares en polyculture et élevage bovin laitier du campus agricole d’Hectar, créé par Xavier Niel et Audrey Bourolleau, Christophe Naudin répond à Réussir.fr sur ses motivations et ses objectifs.

Christophe Naudin
Christophe Naudin, "paysan-directeur", de la ferme pilote du campus agricole Hectar, fondé par Xavier Niel et Audrey Bourolleau
© Hectar

Qu’est-ce qui vous a intéressé dans ce poste de paysan-directeur de la ferme d’Hectar ?

Christophe Naudin : C’est de continuer ma démarche personnelle visant à faire évoluer les pratiques agricoles. Et cela me donne la possibilité de travailler avec de nouvelles technologies, de la robotique, de l’intelligence artificielle et aussi d’aborder l’élevage, complémentaire des grandes cultures pour un système plus durable.

Allez-vous pouvoir gérer votre exploitation en parallèle ?

Oui, car je suis double actif depuis déjà plusieurs mois. Cela a bouleversé mon travail. J’ai pris la décision de faire appel à des prestataires de services.

Quels objectifs vous ont fixé Xavier Niel et Audrey Bourolleau ?

J’ai des objectifs de réussite : trouver des solutions aux problématiques actuelles de l’agriculture. C’est-à-dire aller vers la réduction de l’empreinte agricole humaine sur la planète grâce à la couverture du sol, la baisse voire l’arrêt du travail du sol, et en même obtenir des résultats économiques intéressants. Je suis sur une ferme pilote, le but est de tester des choses. Certaines choses vont rater et d’autres apparaître comme des solutions.

Aujourd’hui ce double objectif est non réalisable, c’est un objectif de long terme

Votre mission sera, selon Hectar, « d’accompagner la ferme pilote dans sa double démarche en transition en bio et agriculture régénératrice », qu’est-ce que vous entendez derrière l’expression agriculture régénératrice ? Quelles pratiques allez-vous mettre en place ?

L’agriculture régénératrice est le résultat des politiques associées d’abandon du labour, l’une des pratiques les plus répandues et les plus dommageables pour les sols agricoles, la limitation du travail du sol voire son arrêt, l’augmentation de la couverture des sols par les végétaux, l’accroissement de la diversité des cultures sur la rotation, ou encore l’utilisation des animaux pour gérer les couverts végétaux ou l’enherbement. C’est plus difficile à obtenir quand on ajoute le bio, mais on va essayer de trouver des solutions avec l’intelligence artificielle et l’utilisation des datas, par exemple. Aujourd’hui ce double objectif est non réalisable, c’est un objectif de long terme.

Un communiqué parlait aussi en juin d’un modèle de laiterie avec une seule traite par jour, pas de transformation laitière le week-end, et un week-end sur trois travaillé, vous pouvez m’en dire plus ? connaissez-vous ce type de modèle ? Que pratiquez-vous sur votre ferme familiale ?

Je découvre l’élevage même si je voyais depuis plusieurs années l’intérêt de l’élevage. Ca me motive encore plus. Pourquoi pas mettre de l’élevage d’ailleurs sur ma propre exploitation ? Je suis convaincu qu’il faut réconcilier les grandes cultures et l’élevage. Pour m’accompagner j’ai une équipe formidable, avec notamment une responsable d’élevage spécialisée. Nous sommes tous complémentaires. Et nous avons l’objectif d’améliorer l’agriculture d’aujourd’hui sur le plan social, économique et environnemental.

Je suis convaincu qu’il faut réconcilier les grandes cultures et l’élevage

Votre mission est aussi de montrer un exemple d’exploitation assurant un minimum de revenu de 50 000 euros c’est bien ça ? Un challenge facile à relever selon vous ? Ce modèle sera-t-il reproductible partout ?

Le cap est toujours celui-là. Cela demande beaucoup de budgétisation. A voir si on y arrive, le but étant que ce modèle soit reproductible.

 

 

 

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