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Une prolifération d’eudémis à venir ?

Avec le changement climatique, se pose la question de l’évolution des populations de bio-agresseurs de la vigne, et notamment des insectes. Jérôme Moreau, maître de conférences à l’Université de Bourgogne, est spécialiste de l’eudémis. Il nous livre ses premières prédictions.

Jérôme Moreau, maître de conférences à l’Université de Bourgogne, prévoie davantage de générations d'eudémis avec la hausse des températures.
© J. Moreau

« Les insectes sont des ectothermes, débute Jérôme Moreau, maître de conférences à l’Université de Bourgogne, c’est-à-dire que leur température corporelle est corrélée à celle de leur milieu. Le réchauffement climatique aura donc forcément un impact sur eux. » Mais quel type d’impact ? Et sera-t-il néfaste ? Voilà qui est plus difficile à augurer. « Nous ne pouvons qu’établir des prédictions, poursuit le chercheur, car nous manquons de données. Il faut effectuer davantage de travaux sur le sujet. » Néanmoins, les Allemands ont déjà établi qu’en trente ans, le premier vol d’eudémis s’est décalé de 15 jours. En 1983, il avait lieu à environ 120 jours (après le 1er janvier), et en 2013, à 107 jours. Une constatation étayée par des essais menés à Dijon en chambre climatique. Les larves d’eudémis se sont développées deux fois plus vite à 28 °C (moins de 20 jours) qu’à 22 °C (40 jours). Les larves étaient plus grosses. Cela suggère des dégâts plus importants. « On peut donc présager que si la température continue à augmenter, le premier vol arrivera plus tôt, poursuit le chercheur. Mais pour que ces ravageurs se développent, il faut qu’à l’éclosion des œufs, la vigne ait débourré, et donc que le décalage des dates de débourrement et d’éclosion se fasse de manière synchrone. » Or il ne semblerait pas que ce soit exactement le cas. Un décalage entre les deux de l’ordre d’une semaine serait envisageable. « Entre le nord et le sud de l’Italie, il y a entre deux et trois semaines d’écart au débourrement et quatre semaines pour les vols d’eudémis », illustre Jérôme Moreau. Un espoir est donc encore permis.

Des insectes nettement moins immunisés

Parallèlement à cela, le chercheur et ses collaborateurs, Philippe Louapre (Université de Bourgogne) et Denis Thiéry (Inra), prévoient davantage de générations : « comme les insectes sortiront plus tôt et que leur cycle sera plus court, nous devrons nous attendre à une quatrième génération là où il y en a actuellement trois, et à une troisième là où il y en a deux. » Ce qui risquerait de poser des problèmes organoleptiques, avec le décalage des vendanges plus tôt en saison. « Les œnologues ont constaté qu’à partir de quelques larves par grappe, le goût du vin était modifié », note-t-il.

Mais la nature viendra peut-être au secours des vignerons, en permettant aux parasitoïdes d’eudémis de proliférer. « Dans nos essais, les eudémis élevées à 28 °C n’étaient presque plus capables de se défendre : les larves en fin de développement n’arrivaient plus à se secouer pour échapper à la piqûre d’un parasitoide, et leur système immunitaire ne marchait pratiquement plus. En un mot, elles étaient plus vulnérables. » Et heureusement. Car dans un second essai, les chercheurs ont mis les œufs d’eudémis en présence de Trichogrammes. Et ils ont nettement moins parasité les œufs à 28 °C qu’à 22 °C. « Nous ne savons pas encore pourquoi, analyse Jérôme Moreau. Les interactions sont compliquées, il faut approfondir le sujet. »

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