Quelle résistance des cépages viticoles au stress hydrique ?
Une équipe de chercheurs a conçu un test de résistance au stress à une trentaine de cépages utilisés dans le monde entier. Les résultats sont parfois surprenants.
C’est un papier qui rebat quelques cartes parmi les certitudes les mieux ancrées. Publié dans la revue Scientific Reports le 12 mai 2023, il fait le point sur les capacités de résistance au stress hydrique de l’appareil vasculaire d’une trentaine de cépages. Et si cette étude est disruptive, c’est parce que le classement qui en résulte n’est pas forcément celui que l’on attend. Ainsi, le pinot noir sort en tête des cépages les plus résistants, devant le cabernet sauvignon, le merlot, le sylvaner et la syrah. En queue de peloton, les variétés résistantes floréal, vidoc, voltis font un joli tir groupé, accompagné de la sultanine, un cépage très utilisé en Inde notamment, mais également de l’ugni blanc.
Pinot noir, cabernet sauvignon et merlot en tête de peloton
Pour établir cette liste, l’équipe de chercheurs a adapté un cavitron permettant de centrifuger des tiges de bois d’un mètre de long. Ce qui permet de mesurer la perte de conductivité hydraulique correspondant à des phénomènes d’embolies et la pression dans l’appareil vasculaire. L’embolie se produit lorsque la pression dépasse un certain seuil via l’introduction de bulles d’air dans les vaisseaux de la plante, ce qui finit par dessécher les tissus.
Vers une carte des cépages et des propriétés hydrauliques des sols
Au final, des cépages reconnus comme résistants à la sécheresse ont raté le test. C’est le cas du grenache, du cinsault, du carignan, alors que la syrah, éprouvée sur la façade méditerranéenne, sort dans le peloton de tête. Comment l’expliquer ? « Il faudra savoir sur quels critères empiriques les vignerons estiment la résistance, analyse Sylvain Dezon, chercheur à l’université de Bordeaux, qui a conduit les tests. Est-ce parce que ces cépages continuent à produire correctement malgré le stress ou est-ce parce qu’ils survivent, avec une production dégradée, plus longtemps ? » De même, est-ce le porte-greffe qui fait des miracles ?
L’étude est loin d’être terminée. « Nous avons entrepris une cartographie du potentiel hydrique des vignobles du monde entier, précise le chercheur. À l’issue de ce travail nous disposerons d’une carte complète et précise qui combinera à la fois les propriétés des cépages et les propriétés hydrauliques de sols. Parce que planter de l’ugni blanc, qui sort très mal dans notre classement, peut ne pas être problématique si les ressources hydriques de la parcelle sont élevées. »