Beaujolais : le cru viticole Chénas veut s’ouvrir à la taille guyot
Le syndicat du cru Chénas, compte déposer un dossier auprès de l’Inao dans le courant de l’année pour autoriser les vignerons de l’appellation qui le souhaitent à troquer la taille gobelet monté pour du guyot simple.
Produire de manière plus régulière, faciliter la mécanisation et monter en gamme qualitativement ; tels sont trois des objectifs du cru Chénas, avec l’ajout du guyot simple (baguette avec cinq ou six yeux maximum) dans les modes de taille autorisés. « Nous voulons permettre à un maximum de viticulteurs du cru de transformer leurs vieilles vignes en guyot au lieu de les arracher », indique Benjamin Passot, vigneron et chargé de la commission technique du cru Chénas. Selon lui, c’est pourtant le sort de plus en plus de parcelles, afin de faciliter leur mécanisation. « Or ce sont des vignes dans la fleur de l’âge, qui font de très bons vins », pointe-t-il. Leur transformation en guyot prendrait selon lui « trois ans lorsqu’une plantation en nécessite dix ».
Un rendement plus régulier en guyot qu’en gobelet
Pour étayer leur demande, les viticulteurs s’appuient sur une étude menée par la Sicarex durant onze ans. Cette dernière a mis en exergue une meilleure régularité et un meilleur rendement en guyot (1,98 kg par pied en moyenne) qu’en gobelet monté (1,45 kg par pied). « Le poids des baies est moindre, mais il y a davantage de grappes », résume Benjamin Passot.
Davantage d’acidité et moins de volatile
Le guyot permet également de lutter contre le réchauffement climatique : il retarde la floraison de trois à quatre jours et donne des baies plus acides et avec moins d’alcool potentiel. Cette taille entraînerait en outre une hausse de la concentration des raisins en azote (sur sol enherbé), ce qui diminuerait les problèmes de montée de volatile.
Autre atout : les maladies du bois semblent moins fréquentes en guyot, avec par exemple 24 % de pieds touchés par l’eutypiose en gobelet contre 9 % en guyot. Ce mode de taille palissé, et donc mécanisable, permettrait en outre de simplifier la lutte contre la flavescence dorée.
Le syndicat compte déposer sa demande de modification du cahier des charges à l’Inao courant 2023. Un préalable nécessaire, selon le responsable de la commission technique, pour embrayer ensuite sur une démarche de premier cru à horizon cinq à dix ans.