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La Cuma Braud Saint-Louis joue collectif pour favoriser l'accès aux interceps

Pour accélérer la transition agroenvironnementale, la Cuma Braud-Saint-Louis, en Gironde, s’équipe de 16 machines pourvues d'une large gamme d’interceps. Un investissement à la fois massif et bien raisonné.

Autour d'Éric Ninaud, président de la Cuma (en bleu), Laurent Lardière, Stéphane Brun, Hugo Mauvillain, Ludovic Daniaud et Laurent Mauvillain (de gauche à droite), font partie des membres de la Cuma Braud Saint-Louis. Ils sont convaincus par les atouts de l'investissement collectif pour se lancer dans le désherbage mécanique.  © C. Gerbod
Autour d'Éric Ninaud, président de la Cuma (en bleu), Laurent Lardière, Stéphane Brun, Hugo Mauvillain, Ludovic Daniaud et Laurent Mauvillain (de gauche à droite), font partie des membres de la Cuma Braud Saint-Louis. Ils sont convaincus par les atouts de l'investissement collectif pour se lancer dans le désherbage mécanique.
© C. Gerbod

Les 42 adhérents de la Cuma Braud-Saint-Louis, dans le vignoble de Blaye, en Gironde, ont une relative diversité de surfaces, de types de vignes et d’approches culturales. Mais ils sont tous convaincus de la nécessité d’acquérir au plus vite un savoir-faire alternatif au désherbage chimique. « Chacun a sa propre idée du travail mécanique qu’il souhaite faire », constate toutefois Eric Ninaud, le président de la Cuma. La coopérative a donc décidé d’investir massivement pour disposer d’équipements diversifiés et en nombre suffisant compte tenu des contraintes techniques (vitesse d’avancement, fréquence d’utilisation, réactivité pour intervenir…). En 2020, elle a acquis 16 machines et châssis équipés d’outils (voir encadré) pour un investissement total de 271 000 euros. Les subventions couvriront 40 % du budget. « On est bon en nombre sur les surfaces engagées », estime Éric Ninaud. La Cuma qui totalise 400 hectares, a calculé une machine pour 30 hectares environ.

Les multiples atouts de l’investissement collectif

Les adhérents que nous avons rencontrés sont unanimes sur les avantages de l’équipement collectif, d’autant plus que le contexte économique actuel limite les capacités d’investissement individuelles. Ils peuvent ainsi accéder à une variété de matériel. « Les prix sont plus tirés quand on achète plusieurs équipements à la fois », souligne Stéphane Brun, qui cultive 11 hectares en conversion bio sur Saint-Aubin-de-Blaye. Grâce à l’aide de la fédération des Cuma de Gironde, le temps passé à la constitution du dossier de financement s’est considérablement allégé.

Le temps de la documentation et de la concertation

Une dizaine de réunions préalables ont tout de même été nécessaires pour se mettre d’accord sur la liste du matériel. La Cuma a bénéficié de l’expérience de Laurent Mauvillain, l’un de ses membres, vigneron coopérateur sur Braud et Saint-Louis, en bio sur 26 hectares depuis onze ans. Ses avis ont été d’autant plus précieux que la pandémie de Covid-19 a limité contacts possibles avec les revendeurs et les commerciaux. Chacun des adhérents intéressés s’est aussi documenté de son côté. La Fédération des Cuma de Gironde a communiqué aux vignerons le guide rédigé par les techniciens de son réseau sur les outils interceps. Les liens de confiance entretenus par la Cuma avec le distributeur local d’équipement Forestier ont aussi orienté les choix.

Des critères de choix établis avec pragmatisme

Concilier vignes propres et rendement préservé est un objectif largement partagé par les vignerons de la Cuma. « Maintenir le rendement est un impératif pour l’équilibre économique », témoigne Hervé Lardière, vigneron indépendant en HVE sur 40 hectares à Pleineselve.

Que chaque châssis soit indépendant de l’hydraulique du tracteur a été un principe absolu, quitte à ajouter une centrale hydraulique en option. Le but : éviter les mélanges d’huiles. « Les électrovannes ne supportent pas les mélanges d’huile », alerte Éric Ninaud.

Il a fallu parfois abandonner des envies comme celle de Stéphane Brun intéressé par le désherbage à l’eau. La vitesse d’avancement de 3 à 4 km/h, le coût de la machine et son mono-usage, ont eu raison de l’idée.

Car le critère de polyvalence a été jugé indispensable. D’où le choix de plusieurs porte-outils pouvant

s’équiper aussi bien de rotofil (Speedgreen), lames interceps, disques émotteurs, doigts Kress, fraises rotatives ou disques décavaillonneurs motorisés. « On va toujours trouver un outil par rapport aux différentes saisons et situations par rapport à l’herbe », approuve Ludovic Daniaud, viticulteur sur 25 hectares à Saint-Ciers-sur-Gironde (dont 6 ha en conversion bio).

Les vignerons ont aussi pris en compte la facilité d’utilisation. « On veut bien trouver des alternatives au glyphosate mais on ne veut pas tout arracher, les fils ou les ceps », lance Ludovic Daniaud, en rappelant aussi les difficultés de trouver de la main-d’œuvre compétente.

 

Lire aussi : Bien choisir son support d'intercep

L’utilisation des équipements a été retardée par la crise sanitaire

« La covid a retardé les livraisons, si bien que les membres n’ont pour la plupart pas encore essayé », déplore Éric Ninaud. Mi-décembre, la Cuma s’apprêtait à recevoir l’essentiel de ses commandes.

Parmi les matériels déjà testés figure le Vega Maxi d’Orrizonti. Stéphane Brun a pu l’essayer équipé de lames. Il apprécie « la robustesse du châssis et son énorme polyvalence ». Autres points forts : « la fonction d’autocentrage permet de gagner en précision. Le guidage en cabine facilite l’utilisation ». La vitesse peut aller jusqu’à 7 km/h.

Également testé et approuvé, le Speedgreen d’Orrizonti, dont Laurent Mauvillain est un ardent défenseur. « Le rotofil permet d’avoir des vignes propres et d’épamprer en même temps. » Il convient bien à ses sols argilo-calcaires. L’outil est économe en fil par rapport à d’autres rotofils du marché. Comparé à une tondeuse, il évite les soucis d’enroulement des herbes hautes qui obligent à descendre du tracteur. La vitesse d’avancement de 4 à 5 km/h permet de travailler 6 hectares par jour. Il passe 3 à 4 fois par an, parfois 5 fois comme en 2020. L’inconvénient c’est qu'il faut bien relever les fils, pour éviter qu’ils ne soient pris par le rotofil. « On a parfois pris un fil mais on n’a jamais coupé un pied. » L’achat de bobines de fil mutualisé avec la Cuma de Marcillac va diminuer les coûts.

Reste que les vignerons redoutent l’impact à prévoir sur le temps de travail. « Avant dans une journée, on faisait 10 à 15 hectares et on passait tous les 2 à 3 mois avec la sulfateuse. Là, il faut repasser 1 fois par mois », anticipe Hervé Lardière. Mais il constate que dans les villages, « quand on passe avec un outil de désherbage mécanique, on est bien vu ».

La liste du matériel acquis

5 châssis Basic Solemat + disques émotteurs et doigts Kress

1 châssis Solemat vigne étroite + 6 types d'interceps

1 châssis Vega Maxi Orrizonti + 6 types d'interceps

6 châssis Visual P Orrizzonti + rotofil SpeedGreen + disques débuteurs motorisés + lames

1 Solemat Basic vignes larges + 6 types d'outils

1 décavaillonneuse Egretier

1 tondeuse extensible Humus

Gabrielle Pellegrini, animatrice de la Fédération des Cuma de Gironde

« Il ne faut pas considérer la Cuma comme un prestataire de services »

« Notre rôle a été de monter le dossier auprès de la région. Le projet a bénéficié du Plan de compétitivité et d’adaptation des exploitations agricoles (PCAE). Un amortissement à hauteur de 50 % de la subvention perçue qui est de 40 % de l’investissement, va permettre de baisser le coût pour les adhérents. Investir via la Cuma évite aux exploitations de s’endetter. C’est aussi un état d’esprit. Pour que ça marche dans la durée, il ne faut pas considérer la Cuma comme un prestataire de services. Une communication maximum entre les membres sur les besoins, les expériences, la connaissance des outils est indispensable pour éviter des investissements finalement inutiles. »

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