Les vendanges comme activité œnotouristique
Participer au moment si crucial des vendanges tend à devenir une véritable prestation proposée à des œnotouristes de plus en plus désireux de vivre des expériences et d’entrer dans les coulisses du vin. L'activité vient d'être enfin reconnue d'un point de vue réglementaire.
Participer au moment si crucial des vendanges tend à devenir une véritable prestation proposée à des œnotouristes de plus en plus désireux de vivre des expériences et d’entrer dans les coulisses du vin. L'activité vient d'être enfin reconnue d'un point de vue réglementaire.
« La vendange touristique est une prestation vendue pour toucher une nouvelle clientèle. Elle se distingue des journées que l’on peut organiser pour entretenir le lien avec ses clients fidèles », souligne Christophe Chevré, en charge du développement de l’œnotourisme chez les Vignerons indépendants.
Constatant qu’il y avait une demande, le syndicat des Vignerons indépendants d’Alsace (Synvira) a fait des vendanges un jour une véritable prestation œnotouristique depuis 2013. Il a bâti « un produit standard, réalisable par les vignerons et qui les rassure sur le plan réglementaire », décrit Clémence Wagner du Synvira. La structuration de l’offre a permis sa commercialisation par huit offices du tourisme, l’agence Destination Alsace et un partenaire national. Une commission de 10 % est prélevée sur la vente de la prestation.
Des doutes enfin levés sur l'aspect réglementaire
La crainte que les touristes vendangeurs d’un jour soient assimilés à du travail dissimulé en cas de contrôle est toutefois un frein avéré à l’essor des vendanges touristiques. Convaincus du potentiel de ce produit, les Vignerons indépendants militent depuis 5 ans pour qu’il soit reconnu par les pouvoirs publics. « L’idée n’est pas qu’il y ait une législation mais que les inspecteurs du travail aient une information sur cette activité nouvelle », détaille Christophe Chevré. « Le fait que la prestation soit vendue par un tiers facilite les justificatifs », souligne-t-il.
Les discussions en cours avec les différents ministères concernés pour fixer les critères distinguant bien la prestation touristique d’un travail viennent enfin d'aboutir. Sous l'impulsion d'Hervé Novelli, président du Conseil supérieur de l’oenotourisme, un document définissant officiellement les vendanges touristiques a été publié le 19 juillet. Il est signé par le ministère de l’Europe et des Affaires Étrangères, le ministère du Travail, le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation, la MSA, le Conseil supérieur de l’oenotourisme et Atout France. "La prestation s’intègre au sein d’une offre touristique commerciale pour laquelle le touriste a payé", énonce notamment le document.
Une prestation appréciée pour son originalité
Ce cadre juridique enfin défini vient conforter ceux qui se sont déjà lancés et pourra motiver de nouvelles offres. En Alsace, l’offre du Synvira est conçue sur une demi-journée de 9h à 12h ou 14h à 17h pour 30 euros, et de 9h à 14h avec repas pour 45 euros. Elle comprend un accueil avec présentation du domaine, 1 h à 2h de vendange dans une parcelle, un retour au chai pour expliquer la transformation des raisins avant l’éventuel repas et une remise de diplôme.
La fédération des vignerons indépendants du Lot a mis au point une offre comparable. Elle inclut aussi une étape au chai pour découvrir la vinification. Quatre domaines la proposent.
« C’est une prestation originale, attendue et appréciée par les touristes. Ils repartent en étant les ambassadeurs du vignoble. On insiste sur le fait de proposer un moment authentique et privilégié », témoigne Clémence Wagner. Elle remarque que depuis deux ou trois ans, le syndicat est de plus en plus sollicité par des groupes et des entreprises.
Un produit pour proposer une offre diversifiée
En Champagne, à Avize, le domaine Waris-Hubert propose des vendanges touristiques depuis 2003 avec une matinée incluant le déjeuner. « C’est une contrainte pendant les vendanges mais on le fait parce qu’il faut se diversifier. Ça se termine souvent plus tard que prévu car souvent les gens sont super intéressés et posent plein de questions. Ils repartent ravis », explique Olivier Waris. Un lien se crée avec le domaine. « Nous avons 100 000 bouteilles à vendre et nous ne faisons pas d’export, donc l’œnotourisme est à développer », souligne pour sa part Catherine Schmitt du domaine Fritz-Schmitt à Ottrott dans le Bas-Rhin. L’activité y est proposée depuis six ans. « On a un super retour. Les gens nous disent qu’ils vont désormais déguster les vins différemment. Ils nous font de la pub sur Facebook », résume Catherine Schmitt.
La météo rend toutefois cette activité difficile à planifier. Seulement 173 vendangeurs d’un jour ont été accueillis en 2018 en Alsace au lieu des 200 à 250 vendangeurs habituels pour cause de vendanges très morcelées.
L’organisation, un facteur clé
« Chez moi, nous mettons un touriste avec un vendangeur. Nous accueillons au maximum 8 à 10 personnes par jour, 2 fois par semaine. À partir du moment où c’est bien organisé, c’est que du bonheur. J’encourage les gens à le faire », considère Catherine Schmitt.
« Au domaine, tout le monde est capable de recevoir ces personnes, nous sommes multifonction. Nous avons toujours ouvert notre domaine le weekend », explique Olivier Waris. Il ne dépasse pas 10 à 12 personnes par groupe.