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Le régime d'imposition au forfait se modernise

Deux régimes d’imposition co-existent à l’heure actuelle, en viticulture : le forfait et le réel (simplifié ou normal). Si ce dernier n’est pas remis en cause, le forfait devrait évoluer en début d’année prochaine, entraînant des changements pour les exploitants concernés. Le point sur la réforme encore dans les cartons.

Tenir un livre 
de caisse
sera désormais obligatoire. 
Les outils informatiques devraient faciliter cette opération.
Tenir un livre
de caisse
sera désormais obligatoire.
Les outils informatiques devraient faciliter cette opération.
© J.-C. Gutner

Le forfait concerne environ 100 000 agriculteurs français ; un peu moins de 30 % des exploitations. Ce régime d’imposition des bénéfices agricoles, mis en place en 1949, est jugé désuet par le ministère de l’Agriculture, qui entend donc le moderniser dans le cadre de la prochaine Loi de la fiscalité agricole. À l’heure où nous écrivons, rien n’est encore voté et le projet peut donc encore évoluer. Mais a priori, cela ne devrait pas être le cas puisque tous les syndicats agricoles, FNSEA, JA, Confédération paysanne, Modef et Coordination rurale, en ont accepté le principe lors des assises sur la fiscalité.


Une économie de gestion de sept millions d’euros


Le forfait se transformerait donc pour ressembler au régime social des indépendants (RSI) des micro-entreprises (professions indépendantes, artisans et commerçants). L’enjeu sous-jacent : aller vers une « professionnalisation » de la filière. « Le régime du forfait actuel est complexe, explique Robert Verger, vice-président de la FNSEA et viticulteur du Rhône. Le ministre veut le simplifier pour qu’il soit plus facile à gérer. Cela devrait générer sept millions d’euros d’économie de gestion au minimum. » En effet, le forfait est fixé chaque année par la commission départementale des impôts, avec une moyenne par type de culture. On arrive ainsi à 8000 forfaits distincts par an en France. Rien que pour les Charentes, il y en aurait 150 différents ! D’où le problème de gestion au niveau de l’État.


Tenir un livre de caisse deviendra une obligation


Avec ce nouveau régime de micro-entreprise, l’un des avantages du forfait disparaîtra (voir tableau), à savoir la non-obligation de tenir une comptabilité. En effet, le régime des micro-entreprises est basé sur un livre d’encaissements. « Il faudra tenir un journal de caisse, confirme Robert Verger. Pour les exploitants qui sont assujettis à la TVA, cela ne changera rien, si ce n’est qu’ils devront renseigner le montant des aides s’ils en perçoivent. Par contre, pour les autres, cela signifie qu’ils devront tenir un livre de caisse. Mais c’est simple à réaliser. Tout ménage fait cela à titre personnel, cela ne devrait pas être un problème pour les exploitants. » N’empêche, cela fera une formalité administrative de plus.
En revanche, contrairement au régime RSI, la possibilité d’opter ou non pour l’assujettissement à la TVA, comme c’est le cas avec le forfait, sera conservée, pour un chiffre d’affaires annuel inférieur à 46 300 euros.
De même, les Gaec ainsi que les associés exploitants des EARL, pourront bénéficier du régime de micro-entreprise avec transparence des seuils (montant multiplié par le nombre d’associés exploitants).
D’un point de vue « social », le gouvernement affirme que le montant des prélèvements ne sera pas modifié au global. Mais dans le détail, si. « Les exploitants se trouvant dans le haut de la fourchette (au-dessus de 70 000 euros) vont avoir une hausse des cotisations sociales au maximum de 500 ou 600 euros, détaille Robert Verger. En revanche, pour ceux en dessous du plafond, ce sera neutre voire légèrement allégé. » Mais tout le monde n’est pas d’accord avec ce calcul. Frédéric Rouanet, président du syndicat des vignerons de l’Aude a réalisé de nombreuses simulations à l’aide d’un logiciel de comptabilité. Et il tombe toujours sur le même résultat : les charges MSA devraient pratiquement doubler.
Le calcul du revenu fiscal sera égal à 13 % des encaissements : un abattement forfaitaire de charges de 87 % sera appliqué. Cela ne devrait pas modifier le niveau d’imposition. En revanche, « cette imposition rentrera dans le foyer fiscal, ce qui risque de faire perdre des aides et des allocations », craint Frédéric Rouanet.
Autre modification de taille : le texte devrait prévoir une option permettant de calculer non seulement les charges sociales, mais aussi l’imposition sur la moyenne triennale d’encaissements, et non plus sur les recettes de la seule année passée. « Cette option est particulièrement intéressante en viticulture, relève Robert Verger. Elle permettra de lisser les années de perte de production, les années où l’on vend deux millésimes en vrac… »

Le seuil passera de 76 300 euros TTC à 82 200 euros HT


Autre bonne nouvelle pour les adeptes du forfait : le seuil de passage du forfait au réel, actuellement fixé à 76 300 euros toutes taxes comprises, passera à 82 200 euros hors taxes. Cela correspond à une possibilité de hausse du chiffre d’affaires allant jusqu’à 18,5 % pour un coopérateur (TVA à 10 %). Par ailleurs, ce seuil sera réactualisé tous les ans.
Dernier point, avec la tenue de la comptabilité, au 31 décembre de l’année n, l’exploitant pourra calculer exactement le montant de ses cotisations sociales en année n+1. Il n’y aura plus deux années de décalage comme c’est le cas actuellement.
Si ce texte est entériné, il entrera en vigueur au premier janvier 2015. En 2016, le calcul de l’imposition se fera donc sur la moyenne des forfaits 2013 et 2014 et des recettes 2015. Le régime s’appliquera entièrement en 2018.

Plus d’infos sur le forfait sur www.impots.gouv.fr

L’importance du forfait en viticulture

. Les viticulteurs au bénéfice agricole forfaitaire sont nombreux. Selon le dernier recensement agricole d’Agreste, en 2010, 45 679 exploitations relevaient de ce régime, sur un total de 85 311 domaines. En revanche, le nombre d’hectares couverts par les viticulteurs au forfait est faible. Toujours en 2010, il était de 175 563 hectares, sur une superficie viticole totale de 779 461 hectares.

. Les régions les plus concernées sont le Languedoc-Roussillon, suivi de loin par la Champagne-Ardenne, l’Aquitaine, la Provence-Alpes-Côte d’Azur et le Rhône-Alpes.

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