Il réalise des portraits de vins
D’abord cuisinier, Thierry Moyne est aujourd’hui peintre. Avec son premier métier il a développé une forme de dégustation basée sur le ressenti qu’il décline désormais pour peindre et reconnecter le vin avec sa terre d’origine.
D’abord cuisinier, Thierry Moyne est aujourd’hui peintre. Avec son premier métier il a développé une forme de dégustation basée sur le ressenti qu’il décline désormais pour peindre et reconnecter le vin avec sa terre d’origine.
Thierry Moyne peint des « portraits de vin » en pratiquant la dégustation créative. C’est ainsi qu’à travers son geste de peintre, il traduit l’émotion ressentie quand il se confronte à un vin. Il cherche à y capter l’énergie que la terre d’origine a transmise au vin par la vigne, et que le vigneron a exprimée et « enfermée » dans la bouteille.
Dégustations créatives et sensorielles sont distinctes
« Les calligraphes chinois du XVIe siècle disaient qu’il fallait « boire du vin » pour être présent à l’écriture, explique Thierry Moyne. Cet état d’entre-deux est intéressant pour laisser s’exprimer ce que l’on ressent. Il se situe juste avant l’état d’euphorie qui lui n’a rien d’intéressant pour l’acte créatif. Avec la dégustation créative, je cherche à entrer dans cet état sensible pour laisser parler le vin. En outre, cette dégustation créative n’a rien à voir, non plus, avec la dégustation sensorielle par laquelle on apprend juste à analyser un vin. »
Avant de devenir peintre Thierry Moyne a officié pendant de nombreuses années comme cuisinier d’un restaurant. Rien ne le prédestinait à devenir peintre mais c’était sans compter sur son insatiable besoin d’expérimenter. Un jour il comprend que ses idées de plats lui viennent non par des déductions associées à l’analyse sensorielle mais par des images. Un ami peintre à qui il confie ce constat lui parle pour la première fois de dégustation créative et lui suggère d’élargir l’expérience à la peinture. Incrédule, car il ne sait pas dessiner, il se lance pourtant dans les exercices de la méthode « dessiner avec son cerveau droit » développée par Betty Edwards qui vise à élargir le côté intuitif de la création.
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« Je suis en quelque sorte le pinceau du vin. Je peins le portrait du vin avec les terres de la vigne qui l'a porté »
Très naturellement la peinture prend le pas sur la cuisine et Thierry Moyne poursuit ses recherches pour aller encore plus loin dans l’expression de la mémoire de la terre. Chacun de ses portraits de vin débute par la rencontre du vigneron qui l’a produit. Puis vient le prélèvement de la terre qui a porté ce même vin. Thierry Moyne, qui vit à Arbois, a découvert la diversité des sols jurassiens grâce aux ouvrages du géologue Michel Campy. Qu’il s’agisse de marnes noires, rouges, grises, vertes ou violettes, ou de calcaires, Thierry Moyne les utilise comme pigments pour ses peintures. Quant au vin, il devient solvant et pour les liants, il utilise toujours des composés organiques. La réalisation des peintures à l’atelier est jalonnée de rituels. Ainsi il peint en général au coucher du soleil et utilise toujours le même verre en terre pour déguster les vins au moment d’exécuter leur portrait. Il a récemment pris le temps d’expliquer sa démarche artistique à travers une exposition dénommée « Mémoires de terres, vin et créativité » présentée en 2020 au musée de la Vigne et du vin du Jura à Arbois.
Découvrez une visite virtuelle de l'exposition sur : arbois.fr/musee-de-la-vigne-et-du-vin-du-jura.htm