Foncier : les terres viticoles ont le vent en poupe
En 2017, le marché foncier viticole français a été très dynamique. Le nombre de transactions, les surfaces et les volumes ont tous progressé. Le point par région.
En 2017, le marché foncier viticole français a été très dynamique. Le nombre de transactions, les surfaces et les volumes ont tous progressé. Le point par région.
Que ce soit en termes de nombre de transactions, de surfaces échangées, ou encore de valeur, tous les indicateurs sont en progression sur 2017, par rapport à 2016. La Safer a en effet enregistré une augmentation du nombre de ventes de parcelles de vignes de 2,8 % sur cette période. Au total, 16 900 hectares ont changé de main, pour une valeur d’1,3 milliard d’euros. C’est la plus grosse surface échangée depuis vingt-cinq ans. Et tous les segments sont concernés. La valeur des transactions des vignes AOP a en effet progressé de 4,2 % hors champagne par rapport à 2016, pour s’établir à 69 300 euros/ha. De son côté, la Champagne a enregistré + 0,8 %. Les eaux-de-vie AOP ont crû de 8,1 % (46 900 €/ha), tirés par l’essor du cognac à l’export. Quant aux vignes hors AOP, elles ont pris 3 % pour se situer à 13 800 €/ha.
À l’exception du Languedoc-Roussillon, qui a connu un recul tant en volume (-5,3 %) qu'en valeur globale (-8,2 %) du fait « de trois années de reprise et d’une campagne 2017 marquée par une sécheresse exceptionnelle et des faibles récoltes », avance la Safer, et de la Corse (-48,1 % en valeur globale, suite à de faibles transactions, essentiellement dans le cadre familial ou " pour régulariser certaines situations foncières vis-à-vis des communes ", indique la Safer), le marché des vignes a été dynamique sur toute la France, et en progression par rapport à 2016. Néanmoins, dans le Languedoc-Roussillon, plusieurs appellations ont connu une augmentation du prix à l’hectare, à l’instar des côtes du roussillon (+ 5 %, à 10 000 €/ha), des terrasses du larzac (+18 %, à 20 000 €/ha), des grès de montpellier (+ 10 %, à 16 500 €/ha), ou encore du cabardès à 12 000 €/ha (+ 9 %).
Pour ce qui est du reste de l’Hexagone, le bassin Alsace-Est a ainsi enregistré une hausse de valeur de 54,1 % et atteint son plus haut niveau depuis dix ans. La moyenne s’établit à 106 000 euros/ha dans le Bas-Rhin et à 153 600 €/ha dans le Haut-Rhin. De son côté, la Champagne se porte toujours bien, à l’exception d’un léger recul des AOP de la côte des blancs, qui cèdent 4 %, pour retomber à 1,47 M€/ha. Dans les autres zones, la hausse est de l’ordre de 2 %, pour un prix moyen avoisinant le million d’euros dans l’Aube.
Les terres à rosé prospèrent
Un peu plus bas, notons que la plupart des zones de la Vallée-du-Rhône-Provence ont profité d’une hausse des prix et de surfaces échangées. La Drôme, l’Ardèche, le Var et le Vaucluse ont connu une progression en valeur à deux chiffres, qui bénéficie pour partie aux zones de production de rosé. Ainsi, les coteaux d’aix-en-provence, les coteaux varois et les côtes de provence ont pris entre + 11 et + 14 % en valeur, portant le prix de à 50 000 €/ha pour cette dernière appellation. D’autres AOP ont connu des hausses significatives. C’est le cas de vinsobres (+ 18 %, à 45 000 €/ha), des côtes-du-rhône villages gardoises (+ 17 %, à 35 000 €/ha), des côtes-du-rhône régionales du Vaucluse (+ 16 %, à 22 000 €/ha), ou encore du ventoux, à 20 000 €/ha (+ 11 %). Sur la plupart des départements de ce bassin, les terres sans IG ou IGP sont restées stationnaires ou ont enregistré une hausse de leur prix, les portant à 20 000 €/ha dans le Var par exemple.
La zone Bordeaux-Aquitaine ne dépareille pas, avec un bond de + 59,4 % de la valeur échangée en un an. Elle a été tirée par le Bordelais, et notamment les AOP médoc, saint-estèphe et pomerol, qui ont respectivement progressé de 10, 18 et 15 % pour se situer à 55 000 €/ha, 450 000 €/ha et 1,5 M€/ha. Fronsac et sauternes reculent néanmoins de 14 %, du fait des commercialisations compliquées pour la seconde appellation. À noter que les prix sont restés stables en Dordogne (bergerac et monbazillac) et ont légèrement crû dans le Lot-et-Garonne, notamment en côtes-de-duras (+ 5 %, à 11 000 €/ha). Le reste du Sud-Ouest est assez aléatoire. Dans toute une partie, les terres sont restées stables. C’est le cas dans l’Aveyron, la Haute-Garonne hors AOP, le Gers (AOP et armagnac), les Landes, le Lot, les Pyrénées-Atlantiques, les Hautes-Pyrénées et le Tarn. En revanche, le Lot-et-Garonne et le Tarn-et-Garonne AOP reculent respectivement de 12 % (5 000 €/ha) et 9 % (à 6 700 €/ha), quand le Tarn-et-Garonne hors AOP enregistre + 20 % (à 6 000 €/ha), la Haute-Garonne AOP + 14 % (8 000 €/ha) et le Gers hors AOP + 4 % (14 000 €/ha).
En Charente-Maritime, un marché étroit qui tend les prix
Un peu plus haut, le bassin Charentes-Cognac confirme son embellie, avec une hausse du prix du foncier de 3 % en Charente, et de 14 % en Charente-Maritime. Suite à " l’étroitesse du marché au regard de la demande " analyse la Safer, la moyenne de ce dernier département dépasse celle de la Charente, avec 47 400 €/ha, contre 46 800 €/ha.
De bonnes performances sont également à créditer au Val de Loire-Centre, où le nombre de transaction a augmenté de 4,7 %, pour une valeur record de 60 millions d’euros. La zone est tirée par la bonne santé des terres sans IG en Indre-et-Loire (+ 16 % en valeur à 4 300 €/ha), ainsi que par les appellations du Loir-et-Cher (+10 % en valeur), notamment les coteaux du vendômois (+50 %, à 6 000 €/ha). Les AOP du Cher, d’Indre-et-Loire et du Maine-et-Loire ne sont pas en reste, avec une progression respective de +7 % dopée par sancerre (160 000 €/ha), de + 2 % grâce à montlouis-sur-loire (9 000 €/ha) et saint-nicolas de bourgueil (46 000 €/ha), et de + 4 %. La Safer relève d’ailleurs que dans ce dernier département, " plusieurs domaines se sont transmis sous forme de cession des parts de société, au profit de domaines avec une activité de négoce ou au profit de la cave coopérative du secteur ". La Loire-Atlantique et la Nièvre restent stationnaires, tandis que dans l’Allier, saint-pourçain souffre (-35 %, à 10 000 €/ha).
Mais une fois de plus, c’est la Bourgogne-Beaujolais-Savoie-Jura qui a tiré les prix, avec une progression de la valeur totale échangée de 128,6 % en un an. La palme financière revient comme toujours à l’AOP bourgogne grand cru, qui explose tous les records et culmine à 6 M€/ha ! Néanmoins, presque toutes les zones du bassin ont progressé en valeur : la Côte-d’Or à + 6 % (685 000 €/ha), le Jura à + 2 % (32 100/ha), le Rhône à + 3 % (seule l’AOP chiroubles est en perte de vitesse, avec une valeur à - 16 % sur un an) et l’Yonne à + 4 % (144 600 €/ha). De son côté, la Saône-et-Loire est restée stable, avec une moyenne départementale à 75 300 €/ha. Dans ce département, la Safer note que " des ventes de parts de GFA permettent aux négociants de prendre du foncier ". De son côté, la Savoie a cédé 6 % sur un an, essentiellement sur l’AOP combe de savoie, qui tombe à 30 000 €/ha.