Des essais prometteurs pour un nouveau produit antimildiou de biocontrôle en vigne
Un biofongicide à base d’amibe, en test au champ depuis l’an dernier, a confirmé en 2020 son efficacité contre le mildiou. De nombreuses firmes phytosanitaires s’intéressent de près à ce futur nouveau produit de biocontrôle.
Un biofongicide à base d’amibe, en test au champ depuis l’an dernier, a confirmé en 2020 son efficacité contre le mildiou. De nombreuses firmes phytosanitaires s’intéressent de près à ce futur nouveau produit de biocontrôle.
L’entreprise Amoéba ne vous dit peut-être rien, et pourtant, elle a décidé l’an dernier de s’investir très fortement dans le monde de la viticulture, et plus précisément de la protection phytosanitaire. Car cette firme lyonnaise s’est aperçue que son agent biologique, développé dans le milieu de l’environnement et utilisé pour éliminer le risque bactérien dans l’eau, a des propriétés fongicides intéressantes contre le mildiou de la vigne. Cet agent biologique est une amibe, c’est-à-dire un micro-organisme unicellulaire, qui répond au nom de Willaertia magna C2c Maky. En 2019, des tests préliminaires avaient démontré que l’efficacité de la substance active (un lysat de l’amibe) était équivalente à la bouillie bordelaise dans le cas d’une pression de mildiou faible à modérée. Cette année, la formulation a été revue et pas moins de 18 essais ont été réalisés à travers la France, l’Italie et l’Allemagne.
Des performances entre celles d’un cuivre et d’un biocontrôle de référence
« Concernant la protection des grappes, les résultats 2020 confirment les observations de 2019, avec une protection régulièrement au-delà de 50 % d’efficacité même sous une pression exceptionnelle de maladie », affirme Amoéba. La firme précise que sur feuilles l’efficacité des produits expérimentaux est, en moyenne, supérieure à celle de la référence de biocontrôle. Les expérimentateurs ont par ailleurs constaté que l’efficacité est robuste face au rot brun, mais plus limitée sur le rot gris. Les performances du produit en solo se situent globalement, selon eux, entre un cuivre pleine dose et un produit référence de biocontrôle. La clé du succès semble résider dans le positionnement du traitement au plus près de la pluie contaminatrice. Des essais ont également été réalisés en association avec du cuivre à dose réduite, et ont assuré une protection de haut niveau. « Il est toutefois relativement difficile de démontrer une additivité entre la substance active et le cuivre, le cuivre seul assurant souvent en essais une bonne protection même à petite dose », avoue la firme. Sur un essai italien en revanche, le mélange avec le cuivre a montré 62 % d’efficacité, là où une dose équivalente de cuivre seul montrait 48 %, le lysat d’amibe en solo 43 % et le témoin non traité affichait 98 % de pertes.
Un produit à positionner préférentiellement en début et fin de campagne
« Nous connaissons désormais une fourchette précise de la dose maximale d’emploi de la substance (entre 500 et 1 000 g/ha, ndlr), ainsi que ses caractéristiques principales et son niveau de performance, élevé pour un produit de biocontrôle », conclut Jean-Luc Souche. D’autre part, les résultats de 2020 permettent déjà d’approcher un positionnement du produit dans la saison : il sera à privilégier en tout début de cycle, puis en période de post floraison. Les essais vont se poursuivre en 2021 et 2022 pour apporter les résultats nécessaires aux dossiers de demande d’autorisation.
voir plus loin
Avant de pouvoir commercialiser un produit tel que ceux testés, il faut que l’Union européenne approuve le lysat de la souche de l’amibe Willaertia magna C2c Maky comme substance active. Le dossier d’approbation a été déposé en mai, l’entreprise Amoéba attend une réponse pour fin 2022/début 2023. Il faudra ensuite que la spécialité commerciale proposée par Amoéba (ou un partenaire) obtienne de l’État français une autorisation de mise en marché (AMM). Le produit étant classé dans le biocontrôle, il bénéficiera de procédures accélérées pour l’évaluation et l’instruction de la demande. L’outil industriel de production de l’amibe quant à lui existe déjà. Plusieurs groupes comme BASF, De Sangosse ou Certis s’intéressent à la substance et ont signé des partenariats de recherche ciblée, qui pourraient à terme favoriser le développement commercial des solutions.