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Des solutions de biocontrôle d’aujourd’hui et de demain

En seulement quelques années, le biocontrôle s’est fait une place dans le vignoble. L’utilisation devrait aller croissante grâce à de nouveaux outils et produits.

Tricholine Vitis, une solution de biocontrôle pour lutter contre les tordeuses de la vigne. Des micro-insectes pondent leurs œufs dans ceux des tordeuses de la grappe pour se reproduire. © Bioline
Tricholine Vitis, une solution de biocontrôle pour lutter contre les tordeuses de la vigne. Des micro-insectes pondent leurs œufs dans ceux des tordeuses de la grappe pour se reproduire.
© Bioline

« La viticulture est déjà très en avance dans l’utilisation des produits de biocontrôle avec 57 % des viticulteurs qui déclarent en utiliser sur 82 % des surfaces de leur vignoble », souligne Denis Longevialle, secrétaire général d’IBMA1 France, d’après une enquête menée en 2018. Une tendance qui devrait s’accélérer dans les années à venir avec un marché en forte croissance (+ 24 % en 2018) et des investissements en recherche et développement conséquents (14 % du CA). Ainsi, selon une récente enquête IBMA, sur 126 nouvelles solutions de biocontrôle annoncées à partir de 2020 et au-delà de 2022, plus de la moitié concerne la viticulture.

Déployer et mieux utiliser les solutions existantes

Le premier volet de recherche et développement mis en œuvre tant au niveau de la recherche publique que privée est la recherche d’outils et/ou services permettant de développer l’utilisation des solutions existantes. « Ainsi, pour généraliser la confusion sexuelle, l’Inrae travaille en association avec le CNRS et l’université de Bordeaux à la mise au point d’un outil de mesure pour que l’utilisateur s’assure du bon fonctionnement des diffuseurs. Objectif, prévoir la propagation des nuages de phéromones et ajuster la quantité de phéromones pour réduire le coût de la technique », explique Thibaut Malausa, chercheur à l’Inrae et coordinateur du consortium national « biocontrôle ». Les premiers essais en parcelles sont prévus en 2020 souligne le chercheur. « Dans la même logique, nous travaillons également à la mise au point de capteurs de spores de pathogènes, en particulier mildiou et oïdium, afin de pouvoir anticiper ces maladies et positionner au mieux les solutions de biocontrôle », ajoute-t-il. Une démarche de recherche partagée également dans les entreprises de la chimie comme Bayer qui développe un kit de diagnostic oïdium.

Beaucoup de projets concernent le mildiou et le botrytis

Parmi les nouvelles solutions attendues, beaucoup concerneront la lutte contre le mildiou, maladie majeure de la vigne. Si les grandes firmes phytosanitaires s’intéressent à cette problématique, les start-up sont aussi très actives dans ce domaine, à l’instar de la société bordelaise Immunrise qui travaille depuis trois ans sur des extraits d’algues. « La formulation a évolué et les résultats obtenus en 2019 sont équivalents à ceux des produits conventionnels », souligne Laurent de Crasto, dirigeant de cette start-up qui envisage une procédure dérogatoire pour accéder à l’autorisation de mise sur le marché. Toujours sur mildiou, le projet Actisarm à base d’extraits de sarments de vigne a fait, selon Guillaume Delanoue, ingénieur à l’IFV Val de Loire, « la preuve de l’efficacité, mais il s’est heurté à des problèmes de dégradation du fait de sa forte sensibilité aux ultraviolets ». Cette perspective est actuellement reprise par l’IFV Sud-Ouest dans un projet en partenariat avec la coopérative Vinovalie et la société M2i Biocontrol, habituée à la microencapsulation, afin de mettre au point une formulation plus stable et plus adaptée. Autre piste prometteuse, les effets biocides d’une amibe (utilisée à la base dans le traitement des eaux) contre le mildiou : une poudre d’amibe fragmentée a été mise au point avec un effet éliciteur et un effet direct sur le mildiou. La société Amoéba porteuse de ce projet annonce une efficacité de 50 à 80 %.

Vis-à-vis du botrytis, les chercheurs de l’Inrae ont identifié quatre nouvelles bactéries potentiellement utilisables en biocontrôle. « Testée en champ, une des souches a montré dans certains essais une efficacité comparable à celle des fongicides de synthèse antibotrytis, mais elle nécessite deux fois plus d’applications. Les chercheurs s’efforcent désormais d’optimiser ce nouvel agent prometteur », explique Thibaut Malausa.

 

Lire aussi " L’innovation biocontrôle bat son plein"

Des pistes pour tous les parasites

Pour lutter contre les maladies du bois, de nouvelles stratégies de biocontrôle se profilent, basées sur l’utilisation d’un microorganisme oomycète naturellement présent dans les vignobles, Pythium oligandrum. Appliqué sur le système racinaire d’un jeune plant de vigne, il induit une réaction de défense entraînant une résistance accrue à l’égard des champignons responsables de l’esca. Cette méthode a été testée dans le cadre du projet Biotivigne (Biovitis, Mercier, Inrae) avec des résultats très encourageants car les dégâts de l’esca ont été réduits de moitié. Pour contrôler la flavescence dorée, « plusieurs projets basés sur des extraits végétaux sont à l’étude », nous confie Thibaut Malausa. Tous les ennemis de la vigne sont concernés par le développement de la recherche en biocontrôle : trois bioherbicides sont à l’étude dans les laboratoires de l’Inrae, qui travaille également dans le cadre du projet européen Euclide sur l’intérêt des trichogrammes en complément de la confusion sexuelle pour lutter contre les vers de la grappe. Au-delà des solutions de biocontrôle qui se profilent, Thibaut Malausa rappelle que « le biocontrôle n’exprimera toute son efficacité que lorsqu’il sera combiné intelligemment à d’autres méthodes et pratiques, notamment celles qui valorisent les services fournis par la biodiversité et qui limitent l’arrivée et les densités de ravageurs et maladies ».

(1) International Biocontrol Manufacturers' Association

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