Des levures contre les champignons de la vigne
Et si les levures de la vigne permettaient de lutter contre certains de ses champignons pathogènes ? C’est ce que divers chercheurs européens ont cherché à savoir. Pour ce faire, ils ont isolé 231 souches de levures présentes sur des grappes de raisin, tant de Vitis vinifera conduits en bio, biodynamie ou conventionnel, que de Vitis sylvestris. Ils ont notamment identifié des Saccharomyces cerevisiae, des Meyerozyma guilliermondii, Hanseniaspora uvarum, Hanseniaspora clermontiae, et Pichia kluyveri. Ils ont ensuite étudié leur efficacité contre Botrytis cinerea, Aspergillus carbonarius (champignon responsable de l’ochratoxine A) et Penicillium expansum (champignon à l’origine des goûts moisis terreux). Avec, à la clé, des résultats probants.
Les chercheurs ont mené plusieurs expérimentations. Tout d’abord, un test préliminaire in vitro a permis de sélectionner 60 souches sur les 231, ayant un effet inhibiteur sur les trois champignons. Les scientifiques ont poursuivi la sélection via un second essai in vitro. À l’issue, seules 20 levures, appartenant à huit espèces, se sont avérées satisfaisantes, dont 18 provenant de vignes sauvages. Les chercheurs se sont ensuite intéressés au mode d’action de ces levures, et à la dose efficace. Dix souches ont réussi à inhiber B. cinerea et P. expansum. à 103 cellules par ml, et seulement deux (H. uvarum et S. cerevisiae) ont eu un effet sur A. carbonarius à la même concentration.
Les trois souches les plus prometteuses de par leur mode d’action – deux H. uvarum et une P. kluyveri agissant non pas par production d’enzymes, mais par compétition pour les nutriments comme le fer ou par formation d’un biofilm – ont été testées in vivo, et comparées à un fongicide du marché. La P. kluyveri SEHMA6B a donné de très bons résultats, qui se sont même avérés meilleurs que ceux du produit phytosanitaire. Néanmoins, des essais complémentaires aux champs sont encore nécessaires avant une hypothétique commercialisation.