Coup d’arrêt pour les exportations françaises de vins et spiritueux en 2020
En 2020, les exportations françaises de vins et spiritueux ont perdu 2 milliards d’euros de chiffre d’affaires. C’est l’un des constats dressés par la Fédération des vins et spiritueux de France (FEVS), le 11 février.
En 2020, les exportations françaises de vins et spiritueux ont perdu 2 milliards d’euros de chiffre d’affaires. C’est l’un des constats dressés par la Fédération des vins et spiritueux de France (FEVS), le 11 février.
Les chiffres des exportations françaises 2020 de vins et spiritueux dévoilés par la FEVS dans sa conférence de presse annuelle portent la marque cumulée de la crise sanitaire et des taxes Trump. Les exportations ont atteint 12,1 milliards d’euros, soit un recul de 13,9% par rapport à 2019. « Elles reviennent au niveau de 2016 », indique la FEVS. En volume, elles ont totalisé 183,3 millions de caisses, soit un recul de 5,8%.
« La perte en valeur est deux fois supérieure aux pertes en volume », alerte César Giron, le président de la FEVS. Antoine Leccia, vice-président de la FEVS, évoque « des dégradations de prix de vente de 10 à 20% » selon les appellations.
Le phénomène de dévalorisation s’observe aussi bien pour les vins, avec 11,3% de recul en valeur et 5,1% en volume, que pour les spiritueux, en baisse de 19,4% en valeur et de 8,4% en volume.
« C’est une année hors norme », a martelé César Giron, en ajoutant aux impacts de la Covid-19 et de la taxe Trump, le suspens du Brexit qui n’a été levé que le 24 décembre 2020.
Les vins et spiritueux restent le 2e excédent de la balance commerciale
Ces résultats n’empêchent pas les vins et spiritueux de rester n°2 des excédents de notre balance commerciale avec 11 milliards d’excédent, derrière les 16,5 milliards d’excédent de l’aéronautique et devant les parfums et cosmétiques et leurs 10,6 milliards d’excédent.
La FEVS a donc une nouvelle fois exprimé son sentiment d'une prise en otage de la filière dans le conflit Airbus/Boeing, pour lequel elle est « injustement » frappée. Elle note que la filière n’a reçu aucune aide spécifique en tant qu’exportatrice.
Situation bloquée sur le marché américain
Tout en soulignant la résilience des vins et spiritueux et en notant une reprise sur la fin d'année 2020, la FEVS ne cache pas son pessimisme. « La filière s’est appauvrie en 2020 », alerte Antoine Leccia
Les pays tiers qui ont tiré la croissance jusque-là, principalement les Etats-Unis et la Chine, « sont à l’arrêt ».
Les Etats-Unis contribuent pour plus de la moitié du recul des exportations françaises en 2020. L’impact cumulé de la taxe Trump est estimé à 386 millions d’euros de chiffre d’affaires à fin 2020 et évalué à plus de 1 milliard d’euros à fin 2021. En 2020, le vrac et les vins de plus de 14 degrés ont pu offrir une compensation partielle puisqu'ils n'étaient pas dans la liste des produits taxés en octobre 2019. Mais ce ne sera pas le cas en 2021, puisqu'ils sont désormais également taxés depuis le 12 janvier.
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Le préjudice est d’autant plus dommageable que le marché américain s’est montré dynamique malgré la Covid-19 avec une hausse de consommation de 1,2% en 2020. Il reste un marché de forte valorisation avec un prix moyen de vente d’une caisse de 65 € contre 32€ au Royaume-Uni, relève Antoine Leccia.
Les principaux marchés sont désormais hors UE
La sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne a pour conséquence que désormais, en chiffre d'affaires, les « ¾ de nos exportations sont hors de l’Union européenne », constate César Giron. Un facteur de vulnérabilité à l’heure où des droits de douane sont des armes politiques. La preuve en Chine où les vins australiens puis chiliens avantagés par des accords de libre-échange, expliquent une large part du recul français selon la FEVS (-29% en volume en 2020 par rapport à 2019). La preuve aussi avec la taxe Trump.
« Le vrai combat c’est de baisser la taxation de part et d’autre », a conclu César Giron. Sur le front des taxes américaines, la FEVS espère au moins un statu-quo en attendant la mise en place de l’administration Trump. La liste des produits taxés est revue en principe tous les 6 mois. La prochaine étape serait donc août 2021. La fédération a réitéré son souhait de voir la Commission européenne résoudre ce conflit en négociant avec les États-Unis. Elle a aussi annoncé un rendez-vous avec le premier ministre Jean Castex, le 15 février.