TECHNIQUE
Bien gérer les résistances au mildiou et à l’oïdium
Dans sa note nationale de gestion des résistances aux produits phytosanitaires du mildiou et de l’oïdium, le groupe de travail(1) qui l’a rédigé attire une nouvelle fois l’attention sur le risque accru de résistance et sur la nécessité de miser sur l’alternance des familles chimiques.
CHIMIQUE sont d’autant plus favorables que
sa mise en oeuvre est accompagnée de mesures prophylactiques.
Mildiou: Le plan de surveillance de la résistance, organisé chaque année par la DGAL (direction générale de l’Alimentation) et le service de la protection des végétaux, a concerné en 2010 trois groupes d’anti-mildiou : les CAA (regroupant diméthomorphe, iprovalicarbe, benthiavalicarbe, mandipropamid et valifénalate), les benzamides (zoxamide) et les Qil (cyazofamide). Il en ressort que la résistance au groupe des fongicides à base de CAA est toujours installée dans le vignoble. La restriction à une application par an, éventuellement deux, non consécutives, est souhaitable, précise la note qui rappelle également que ces spécialités doivent être utilisées préventivement. Concernant la cyazofamide, seul représentant de la famille des Qil, utilisé pour la première fois pendant la campagne 2010, la présence de souches résistantes provenant de quatre vignobles différents a été identifiée. “ L’expression de la résistance aux Qil, après seulement une année d’emploi de cette famille, est inquiétante et impose une attitude de prudence. Il est donc conseillé, pour 2011, de ne pas dépasser deux applications annuelles, de préférence non consécutives. ” Pour les spécialités à base de benzamides, aucune dérive de sensibilité n’a été décelée. La note nationale rappelle également qu’en 2010, trois nouvelles substances actives ont obtenu une autorisation de mise sur le marché. Il s’agit du fluopicolide, appartenant à la famille des acylpicolides pour laquelle aucune résistance spécifique n’est connue. L’amétoctradine, qui appartient à la famille des pyrimidylamines, pourrait avoir un mode d’action s’apparentant à celui des Qil. “ Une résistance croisée positive avec la cyazofamide n’est donc pas à exclure. Aussi la restriction d’emploi à deux applications annuelles s’applique à toutes les spécialités contenant l’une ou l’autre de ces substances actives. ” Enfin, la troisième molécule autorisée est le phosphonate de potassium dont la notification d’autorisation limite l’utilisation à cinq applications par an.
Oïdium: Deux familles de fongicides ont fait l’objet d’une surveillance en 2010: les QoI (strobilurines, krésoximméthyl, pyraclostrobine, trifloxystrobine) et les IDM. La résistance aux QoI s’est détériorée par rapport aux années précédentes. Des populations contenant des souches résistantes ont été découvertes dans sept nouvelles régions viticoles. Il est donc recommandé de ne pas dépasser une à deux applications maximum par an. En Armagnac, là où le premier foyer de résistance a été découvert, la limitation à une seule application est conseillée. Le suivi de la résistance aux IDM a montré que 30 à 40 % des populations analysées contiennent des souches résistantes. La résistance croisée au sein de cette famille existe. Il est donc recommandé de ne pas utiliser le même IDM sur la saison et de se limiter à trois applications, de préférence deux, non consécutives.