Avantage aux tangentiels pour filtrer les bourbes
Les filtres tangentiels bourbes sont appréciés pour leur polyvalence, leur autonomie, et présentent le grand intérêt d’éviter la manipulation de produits dangereux pour la santé comme la perlite. Ils peuvent toutefois être gourmands en eau.
Les filtres tangentiels bourbes sont appréciés pour leur polyvalence, leur autonomie, et présentent le grand intérêt d’éviter la manipulation de produits dangereux pour la santé comme la perlite. Ils peuvent toutefois être gourmands en eau.
Adrien Michaut, vigneron au domaine de la Motte, dans le Chablisien, assure chaque année la récolte et le pressurage de 80 ha de raisins blancs. « Les bourbes représentent 7 à 8 % des volumes générés, soit environ 50 hl de bourbes par jour en période de vendange », expose le vigneron. En 2011, il décide de s’équiper d’un filtre tangentiel bourbes FX 3/D3, de la marque Bucher Vaslin, qu’il acquiert pour 100 000 €. « Ce qui m’intéressait dans cet équipement, c’est sa capacité à fonctionner tout seul, sans surveillance. Le fait qu’il n’y ait pas d’intrants est également un atout important, car la perlite utilisée comme terre de filtration dans les filtres-presses présente un danger pour la santé », complète-t-il.
Lire aussi " La filtration dynamique, ça tourne ! "
Un préfiltre dédié au traitement des bourbes en amont du tangentiel
En 2011, les filtres tangentiels bourbes commencent tout juste à être proposés sur le marché par les fabricants. Les premières années, Adrien Michaut essuie les plâtres. « Au début, il y avait beaucoup de soucis de membrane cassée, mais les fabricants ont fait de nombreuses améliorations et les filtres sont aujourd’hui robustes et performants », commente le Bourguignon. Chaque filtration est précédée d’une manipulation simple consistant à passer un échantillon de bourbes dans une centrifugeuse afin d’en déterminer le taux de matière en suspension (MES). « Le taux de MES est à indiquer au filtre qui calcule automatiquement le débit à appliquer pour la filtration », explique Adrien Michaut. Les bourbes du domaine de la Motte passent d’abord par un préfiltre à tambour rotatif composé d'une grille grossière pour retenir les plus gros éléments (pépins, pellicules). Puis, elles sont envoyées dans le filtre tangentiel composé de membranes de 1,5 mm de diamètre. Il suffit de retirer le préfiltre hors période de vendange pour filtrer les vins avant mise en bouteilles. « Cette polyvalence est un vrai plus », confie le vigneron. Chez Della’Toffola, autre fabricant de tangentiels bourbes, il n’y a pas de préfiltre, la machine gérant automatiquement les modules en fonction de la consigne de filtration.
Lire aussi " Choisir son filtre en fonction de la turbidité du vin "
Des turbidités moyennes de 2 NTU en sortie de filtration
D’après une étude menée par l’IFV en 2014 sur terret blanc, les débits des filtres tangentiels sont plus faibles que ceux des filtres rotatifs sous vide, mais cet inconvénient est compensé par le fonctionnement automatique du filtre. Adrien Michaut rapporte filtrer à un débit de 8 hl/h. Toujours selon l’étude de l’IFV, la qualité de clarification des tangentiels est excellente. Ils permettent d’éliminer plus de 99 % des MES pour des jus en sortie de filtre présentant des turbidités moyennes de 2 NTU, contre 12 NTU pour les rotatifs sous vide. D'après Bucher Vaslin, entre 85 et 90% du volume initial de la cuve de bourbes est récupéré après traitement.. Adrien Michaut les réincorpore au jus débourbé avant fermentation alcoolique. « Sur le plan organoleptique, je n’ai pas constaté de différences avec le filtre-presse que j’utilisais auparavant », témoigne le Bourguignon.
Eau chaude, adoucisseur et agitateur à prévoir en complément du filtre
Au-delà de l’achat du filtre tangentiel, les domaines qui souhaiteraient s’équiper devront éventuellement réaliser des investissements complémentaires. « Il faut prévoir un adoucisseur, un ballon d’eau chaude et une cuve avec agitateur car les bourbes sédimentent et il est nécessaire d’homogénéiser avant de les envoyer dans le filtre », indique Adrien Michaut. La consommation d’eau était jusqu'alors le point négatif de ces engins, qui nécessitaient en moyenne 12 litres d’eau par hectolitre de bourbes à l'époque où l’IFV a réalisé ses suivis. Mais les fabricants ont depuis fait des efforts pour améliorer les performances. Bucher Vaslin annonce une consommation d'environ 3l/hl sur sa dernière gamme de tangentiels bourbes. Autre avantage des tangentiels, ils ne génèrent pas de déchets solides mais des résidus liquides riches en matière organique valorisables en distillerie. Le nettoyage du filtre est aussi une étape automatisée. « Pour le préfiltre, ça prend moins de 15 minutes », commente Adrien Michaut. Il suffit de s’assurer que les niveaux de soude et d’acide citrique sont bons avant de lancer le nettoyage, et vaquer librement à d’autres occupations.