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Polémique
[Video] Faire pousser des légumes sans eau ? La ferme de Cagnolle répond au maraîcher de Marcoussis

Alors que la France traverse une sécheresse historique, une vidéo du Parisien sur Marc Mascetti, maraîcher à Marcoussis, intitulée « cet agriculteur parvient à faire pousser des légumes sans une goutte d’eau » agace. Benoît Le Baube de la ferme de Cagnolle répond par vidéo interposée.

Benoît Le Baube de la ferme de Cagnolle répond à la vidéo du Parisien sur le maraîcher de Marcoussis Marc Mascetti.
Benoît Le Baube de la ferme de Cagnolle répond à la vidéo du Parisien sur le maraîcher de Marcoussis Marc Mascetti.
© Capture d'écran Youtube

Diffusée le 2 août dernier, la vidéo du Parisien sur Marc Mascetti, maraîcher sur le plateau de Marcoussis (Essonne), affirmant qu’il fait pousser ses légumes sans eau, a d’ores déjà enregistré plus de 1 million de vues sur Youtube et reçu 25 000 likes.

Un succès qui agace les professionnels agricoles alors que la France subit une sécheresse historique dont les conséquences se font ressentir sur la production, avec des conflits croissants autour de l’usage de l’eau.

Benoît Le Baube, maraîcher sur sols vivants, dans le Périgord sur la ferme de Cagnolle, a décidé d’y répondre en revenant point par point sur les propos tenus par le maraîcher francilien dans cette vidéo du quotidien parisien. Une vidéo vue près de 200 000 fois et ayant déjà recueilli 8300 likes.

La solution, c’est de ne pas arroser ? c’est assez simple, basique !

« Contre la problématique de la sécheresse, la vidéo semble dire que la solution c’est de ne pas arroser, c’est assez simple, basique », commente le maraîcher soulignant que dans le Périgord il vient de subir 5 semaines sans une goutte de pluie avec des températures parfois supérieures à 40°C à l’ombre. Alors que Marc Mascetti montre ses patates douces, Benoît Le Baube estime que son sol, à nu, semble bien minéral. Le maraîcher francilien affirme ne pas avoir d’eau en sous-sol et la faire venir en enfouissant les mauvaises herbes (donc les matières organiques) par le labour, quand le maraîcher sur sols vivants, adepte du non labour, fait remarquer que passer le brabant de la charrue détruit 90% des vers de terre. Et de s’interroger sur la taille des légumes du maraîcher essonnien et de sa densité de production.
 

Un légume doit se débrouiller tout seul, vraiment ?

« Un légume doit se débrouiller tout seul, c’est comme un être vivant plus tu vas l’aider plus tu vas le rendre fainéant », lâche Marc Mascetti devant la caméra du Parisien. « Dans la nature, les sols sont toujours couverts or dans son cas ils sont à nu », s’étonne Benoît Le Baube : « là il ne fait pas comme la nature il fait comme Cro-Magnon quand il se met à cultiver les terres au Néolithique », lâche le maraîcher du Périgord.

Une plante a besoin d’eau dans le sol pour fonctionner

« Quand on donne à boire à un légume, on dilue le goût », affirme encore Marc Mascetti. « Si on surarrose, les plantes vont être surgorgées en eau et les taux de matières sèches vont être faibles et ça va au détriment de la qualité du légume, réagit Benoît Le Baube, enchaînant rapidement, mais d’un autre côté qu’est-ce qui fait des sucres dans la plante ? c’est la photosynthèse ! Et si la plante manque tellement d’eau qu’elle ne peut pas faire de photosynthèse ça ne marche pas. Une plante a besoin d’eau dans le sol pour fonctionner ».

« Mieux vaut produire peu et bien qu’en jeter la moitié » poursuit Marc Mascetti dans la vidéo du Parisien. Un propos qui gêne Benoît Le Baube : « ca rentre dans le cliché véhiculé par les médias : « il n’y a que l’agrochimie qui puisse produire en quantité et pas en très bonne qualité et le bio donne de mauvais rendements » ». « Je ne suis pas d’accord : nous on produit énormément, on a de très bons rendements et la qualité est au rendez-vous », affirme le fondateur de la ferme de Cagnolle, récemment mis en avant dans la nouvelle émission Roots sur Arte. Il souligne à ce propos qu’une étude sur la qualité de ses produits est en cours avec l’université de Pau.


Le youtubeur Olivier Puech réagit à son tour

La vidéo du Parisien a aussi fait réagir Olivier Puech, à l’origine de la chaîne Youtube Le potager d’Olivier qui compte plus de 368 000 abonnés. Dans une vidéo qualifiée de « droit de réponse », il souligne que Marc Mascetti est maraîcher dans le bassin parisien qui bénéficie d’un taux d’humidité, de pluviométrie et de températures plus favorables au maraîchage que d’autres régions de France comme celle du Sud-Ouest où il se situe.

Réagissant aux propos du maraîcher, « dans les premiers jours, dire qu’un plant de légume va se débrouiller, c’est un petit peu comme dire à un parent, ton nourrisson va se débrouiller », s’exclame Olivier Puech qui déplore une forme de démagogie à dire « qu’un potager va être entièrement naturel ». Le youtubeur s’emporte enfin contre le passage où Marc Mascetti dit qu’on a rendu les paysans fainéants en leur donnant de l’eau, de l’engrais et des pesticides.

 

Une communication après l’incendie de mai

Marc Mascetti, dit Marco, présent sur des marchés parisiens depuis plus de 33 ans, a été victime en mai dernier de l’incendie de son hangar dans la nuit du 14 au 15 mai dernier. Il a bénéficié de la solidarité de ses clients qui ont créé l’association Monge tes légumes et ouvert une cagnotte Leetchi qui s’élève aujourd’hui à 60 000 euros. Sa récente communication à travers Le Parisien, mais aussi Libération, France Info, TF1 ou encore Capital, ne passe pas inaperçue en pleine sécheresse.

Au-delà des vidéos de Benoit Le Baube, et Olivier Puech, plusieurs agriculteurs se sont étonnés, voire agacés sur les réseaux sociaux de la retranscription de ses propos dans la presse généraliste.


Des reportages trompeurs, selon le maraîcher

Selon un article d'Arrêt sur images, les propos de Marc Mascetti auraient été repris hors contexte, les montages des reportages "biaisés" et les "commentaires des journalistes trompeurs". "Dès le titre (de la vidéo du Parisien, ndlr), c'est faux. On n'a jamais dit qu'on cultivait sans eau, mais bien sans irrigation, ce n'est pas du tout la même chose !", explique la maraîchère Arlette Mascetti, jointe par téléphone par Arrêt sur images. "Elle dénonce un reportage mensonger", pointe le journaliste Jonas Schnyder.

"À la suite de ce reportage du Parisien, c'est complètement parti en cacahuète, et on doit faire face à une énorme campagne de critique et de dénigrement !" confie à ASI, Arlette Mascetti. Face à l'ampleur de la polémique, Marco Mascetti ne souhaiterait plus parler aux médias, selon Arrêt sur images.

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