Maraîchage : comment améliorer la structure des sols
Le projet Atila mené par l’Arelpal en région Pays de la Loire montre l’amélioration possible de la structure des sols avec l’utilisation de couverts, l’apport de matières organiques et l’adaptation des modes de préparation des parcelles.
Le projet Atila mené par l’Arelpal en région Pays de la Loire montre l’amélioration possible de la structure des sols avec l’utilisation de couverts, l’apport de matières organiques et l’adaptation des modes de préparation des parcelles.
Certaines cultures maraîchères caractéristiques des Pays de la Loire, comme la mâche, l’échalote, la laitue sont particulièrement sensibles à la qualité de préparation du terrain. Ce qui conduit à un travail du sol intense, le plus souvent avec des outils rotatifs pour assurer la porosité du sol. Toutefois, ces outils affinent beaucoup la surface, créant des battances. De plus, même dans des sols sableux, il n’est pas rare de constater la présence d’une semelle (zone de compaction). Ces deux facteurs nuisent à une bonne oxygénation du sol, à une bonne circulation de l’eau et in fine à un enracinement correct des cultures.
Améliorer la structure des sols par les couverts
Diverses techniques comme les couverts végétaux, les apports de matières organiques, le changement d’outil de préparation du sol, permettent d’améliorer le sol afin d’obtenir une structure plus aérée. De 2017 à 2019, le projet Atila, Amélioration des techniques d’implantation des cultures légumières et adaptation des pratiques(1), a permis de tester ces différents mécanismes seuls ou en association afin de comparer leurs effets et d’améliorer les connaissances du fonctionnement des sols maraîchers. Celui-ci a permis d’aborder deux actions possibles : amélioration de la structure des sols par les couverts ou la matière organique et par le mode de préparation des parcelles. La première action concerne l’intérêt des couverts hivernaux. « Les essais réalisés ont montré qu’après le 15 octobre les couverts se développent trop lentement pour assurer une bonne production de biomasse et des mauvaises herbes peuvent lever dans les parcelles. L’intégration d’une graminée dans le mélange d’espèces semées est un plus pour leur puissance racinaire et leur pouvoir structurant sur les 20 premiers centimètres de sols », indique Maëlle Depriester, CDDL. Le constat est le même dans des essais de couverts d’hiver avant implantation d’une culture de salades au printemps réalisés en Loire-Atlantique. D’après Céline Denis, Terrena – Val Nantais : « L’association avoine/phacélie/lin, semée début octobre et détruite en février, a permis de limiter la présence de limaces sur les salades plantées fin mars de façon satisfaisante. Le sol après la destruction du couvert est également plus facile à travailler qu’un sol nu et il y a moins d’adventices dans les passe-pieds pendant la culture de salades. »
Un effet est visible dès la première année de mise en place
Les essais de couverts estivaux sur les pathogènes de sol en mâche ont montré l’importance du choix des espèces selon la date de semis. « Sur la première quinzaine de mai, les bases sorgho/moha ou avoine/seigle peuvent convenir (avoine/seigle probablement à privilégier sur un créneau plus précoce) alors qu’à partir du 15 mai la base sorgho (ou moha) est à privilégier pour assurer un couvert satisfaisant », précise Sidonie Thoraval du CDDM. En effet, la base avoine/seigle présente le risque de devoir anticiper la destruction à cause d’une montée à graine précoce, d’où une production de biomasse limitée. Sur ces périodes estivales, l’association avec une légumineuse type trèfle n’a pas d’intérêt « azote » car le cycle du couvert est trop court (pas le temps d’avoir des nodules). Les couverts d’été permettent de structurer le sol grâce à une décompaction en profondeur, jusqu’à 80 cm pour les couverts à base de sorgho. Cet effet est encore visible sept mois après destruction des couverts, avec une meilleure infiltration de l’eau. Quelles que soient les espèces composant le couvert, il y a un effet positif net sur le rendement et la qualité des cultures de mâche suivante, notamment en conditions limitantes (faible ensoleillement, troisième tournée de mâche en conditions chaudes sous plastiques). Cet effet est visible dès la première année de mise en place d’un couvert.
Le couvert a également un effet sur la fertilité chimique du sol, avec une période d’immobilisation de l’azote plus ou moins longue selon le couvert (plus longue pour le sorgho que pour l’avoine/seigle) puis des pics de minéralisation à l’automne et persistant jusqu’au printemps et la troisième culture de mâche. L’effet sur la fertilité biologique du sol est par contre difficile à quantifier après seulement trois ans de projet. En parallèle, les travaux sur les modes de préparation des parcelles ont permis la validation d’un itinéraire technique de production pour les cultures d’automne plantées en non-travail de sol. « En Maine-et-Loire, quatre années d’essai ont permis de constater une amélioration de l’infiltration de l’eau liée une structuration verticale du sol non travaillé. De plus, les apports d’amendements et de matières organiques par les couverts sont assez importants et pourtant assez rapidement « digérés » par le sol, signe d’une bonne activité biologique », mentionne Maëlle Depriester. Cependant, ce type d’itinéraire de production ne permet pas la gestion d’adventices comme le liseron. Celui-ci s’est beaucoup développé dans la parcelle d’essai. Un travail du sol puis une occultation longue vont être nécessaires pour le faire disparaître.
Avis de spécialiste : Sébastien Picault, CTIFL Carquefou
«Les vers de terre remplacent efficacement le travail mécanique»
« L’objectif des travaux réalisés par le CTIFL de 2017 à 2019 était d’évaluer, en cultures de chou-fleur et de céleri, l’effet de deux couverts végétaux (un mélange de graminées et un mélange de légumineuses) et de trois modes de travail du sol (destruction des couverts végétaux à la rotobêche, avec une bâche d’occultation ou bien avec la technique du strip-till) sur l’enracinement des plantes, leur sensibilité aux bioagresseurs, et le rendement de la culture. Dans les expérimentations qui ont été menées, le type de couvert végétal utilisé n’a pas eu d’effet significatif sur le rendement des cultures, contrairement à ce qui est observé pour le mode du travail du sol. D’une façon générale, les meilleurs rendements ont été obtenus dans les parcelles où les cultures ont été plantées après le passage d’une rotobêche ou après avoir occulté le sol pendant 95 jours (pas de différence significative entre les deux parcelles). L’activité des vers de terre dans le sol s’est révélée beaucoup plus forte dans les parcelles occultées que dans toutes les autres parcelles. Au final, cette modalité de travail du sol s’est révélée la meilleure et a permis de produire un rendement équivalent à la modalité de référence (passage de rotobêche) sans travail du sol. Il est possible que dans cette modalité, l’activité des vers de terre a remplacé efficacement le travail mécanique du sol. »
Essais préparations de sol et paillages sur culture de potimarrons
D’après Amélie Vian, de la CAB, les trois années d’essais du projet Atila de 2017 à 2019 ont permis de valider l’importance d’une préparation de sol complète sur le potimarron avec un travail de décompaction en profondeur (actisol) puis une préparation d’un lit de plantation avec un outil rotatif type « cultirateau ». Les meilleurs rendements ont été observés, dans le contexte pédoclimatique de l’essai, en associant cette combinaison de travaux de sol avec un paillage plastique réutilisable de type toile tissée. Les paillages organiques de type paille et géochanvre ont occasionné des faims d’azote sur la culture à cause de leur effet isolant.