Stratégie de la ferme à la table
Une nouvelle étude prévoit une forte baisse de la production agricole européenne
Des chercheurs d’une université allemande estiment que la stratégie européenne de la ferme à la table devrait conduire à une chute importante de la production agricole européenne sans forcément répondre aux objectifs d’amélioration des émissions de gaz à effet de serre du Green Deal.
Des chercheurs d’une université allemande estiment que la stratégie européenne de la ferme à la table devrait conduire à une chute importante de la production agricole européenne sans forcément répondre aux objectifs d’amélioration des émissions de gaz à effet de serre du Green Deal.
« La mise en œuvre de la stratégie de la ferme à la table devrait entrainer une baisse de 20% de la production bovine en Europe, de 6,3% de la production laitière mais aussi de 21,4% pour les céréales et de 20% pour les graines oléagineuses ». Telles sont les conclusions d’une nouvelle étude émanant cette fois-ci de chercheurs de l’université allemande de Kiel parue le 13 septembre dernier. Cette étude s’avère encore plus pessimiste pour l’agriculture européenne que celle du centre commun de recherche européen sortie discrètement cet été ainsi que celle publiée début 2021 par le département américain à l’Agriculture.
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Comme les deux précédentes, l’étude allemande anticipe une forte hausse des prix (+58% pour le bœuf, +48% pour le porc, +36% pour le lait ou encore +12,5% pour les céréales) qui ne compenserait pas la baisse des volumes pour les producteurs. Selon les chercheurs de l’université de Kiel, il faut ainsi s’attendre à un recul de 40 milliards d’euros de revenus pour les agriculteurs, soit l’équivalent de 242 euros par hectare. Et ce pour une inefficacité contre le changement climatique, affirme l’étude qui pointe une hausse des émissions de gaz à effets de serre en lien avec l’importation accrue de produits agricoles par l’Union européenne qui deviendrait importatrice nette de céréales et de viande bovine.
Combien d'études supplémentaires faudra-t-il encore ?
« Combien d’études supplémentaires sur les conséquences de la stratégie de la ferme à la table faudra-t-il encore mener avant qu’un véritable débat ne s’amorce à Bruxelles ? », s’est indigné dès le 17 septembre la Copa-Cogeca dans un communiqué de presse. « La Commission européenne et le Parlement européen ne peuvent fermer les yeux sur ces publications et sur les conséquences sociales, économiques et environnementales que cela implique », a commenté la présidente de l’organisation Christiane Lambert.
Sur twitter, la Coordination rurale s’est également offusquée des résultats de cette nouvelle étude. « Selon l’auteur, les mesures de la Ferme à la table sont restrictives pour les productions, mais ne permettent pas d’atteindre efficacement les objectifs du Green Deal. Sortons de cette impasse, et proposons enfin une Pac orientée sur la Souveraineté alimentaire », écrit le syndicat minoritaire agricole.
2/4 Une démonstration par les chiffres :
— Coordination Rurale (@coordinationrur) September 23, 2021
🔹 baisse de la production de 6 % en lait, et de plus de 20 % en viande bovine, céréales et oléagineux
🔹 augmentation des prix de 12,5 % en céréales, et 58 % pour la viande de boeuf
🔹 augmentation du prix des terres de 96 % en France
A propos de la précédente étude du centre commun de recherche européen, le ministre de l’Agriculture Julien Denormandie a déclaré le 20 septembre dans une interview accordée à Agra Presse et Réussir : « on marche sur la tête. Ça ne veut pas dire que nous ne devons pas faire ces transitions, nous les soutenons, car il en va de la qualité nutritionnelle et environnementale. Mais cela veut dire que, tant que l’on ne met pas en œuvre les mesures-miroirs, la réciprocité, nos efforts auront aussi pour conséquence l’augmentation des importations. Il faut donc revoir les règles qui fondent le commerce international. C’est une priorité de la Présidence française de l’Union européenne. »