Thierry Bailliet lance Dans les bottes : « On veut être le Airbnb de la visite à la ferme »
Thierry Bailliet, agriculteur dans les Hauts de France, à la tête de la chaine youtube Agriculteur d’aujourd’hui (110 000 abonnés) lance l’application Dans les bottes. L’objectif : proposer au grand public des expériences à la ferme.
Thierry Bailliet, agriculteur dans les Hauts de France, à la tête de la chaine youtube Agriculteur d’aujourd’hui (110 000 abonnés) lance l’application Dans les bottes. L’objectif : proposer au grand public des expériences à la ferme.
Vous avez lancé Dans les bottes au salon de l’agriculture, site visant à proposer des expériences dans des exploitations agricoles au grand public. Vous dites que c’est une histoire de famille, en lien avec votre fils, expliquez-nous ?
Thierry Bailliet : Il y a plusieurs années, je me suis rendu compte en fin d’année scolaire que mon garçon s’était fait harceler durant toute sa 5e parce qu’il était fils d’agriculteur. Cette histoire m’a choqué, je me suis dit que ce n’était pas normal. Je me suis dit qu’il fallait que je montre ce que je faisais. Ca a été le début de ma chaîne Youtube Agriculteur d’aujourd’hui. Après je me suis mis à écrire un livre Dans les bottes de ceux qui nous nourrissent pour expliquer mon métier. Tout ce que j’avais lu était militant je voulais un ouvrage neutre. Je suis allé voir 10 agriculteurs en France pour montrer la diversité de l’agriculture en France. Je suis ensuite parti faire un tour de France en tracteur pour promouvoir le métier et là est née l’idée. Il n’y a pas meilleur moyen de découvrir l’agriculture que d’aller voir la réalité du quotidien des agriculteurs.
Avec cet outil, chaque agriculteur va pouvoir expliquer son métier
Chaque agriculteur peut expliquer son métier. J’ai envie de dire à chacun « toi aussi tu peux contribuer à rapprocher l’agriculture de la société ». Avant dans ma Cuma, des agriculteurs disaient « je ne peux pas nettoyer les machines ». On a acheté un nettoyeur maintenant ils peuvent le faire. Là on fournit un outil aux agriculteurs à eux de s’en emparer pour parler au grand public.
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Et votre fils est dans l’aventure ?
Non, il est devenu agriculteur. Il n’est pas directement dans l’aventure Dans les bottes mais me soutient.
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Quelles expériences souhaitez-vous voir proposées sur ce site ?
Je dis aux agriculteurs « vous pouvez prendre 2H le samedi par exemple pour proposer une expérience au grand public ». Cela peut être la traite des vaches, un tour de tracteur, de la cueillette, une visite d’exploitation. Un agriculteur a proposé une petite formation en agroécologie. Si l’agriculteur propose régulièrement des expériences ça peut lui faire un complément de revenu.
L’idée n’est pas de proposer de l’hébergement ?
Non pas pour l’instant. Ce n’est pas le centre de l’activité. Après on pourra proposer un onglet hébergement, repas ou vente à la ferme. C’est une demande qu’on a eue. Mais nous n’avons pas vocation à remplacer des structures qui gèrent habituellement ça. On veut être le Airbnb de la visite de ferme ou le Airbnb de l’agritourisme, et pourquoi pas aller au-delà vers la découverte du monde rural. On pourrait imaginer que Tereos puisse proposer une visite d’une usine ou un restaurateur pourrait proposer des visites chez ses fournisseurs agriculteurs.
Faut-il une assurance particulière pour l’agriculteur qui propose une expérience sur votre plateforme ?
Dans les conditions générales de vente, on précise bien aux agriculteurs qu’ils doivent interroger leur assureur pour savoir s’ils sont couverts. Nous ne proposons pas d’assurance complémentaire à notre niveau.
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La plateforme est ouverte, combien d’expériences sont proposées ?
Pour l’instant on a une 30 fermes inscrites et 39 visiteurs sur Dans les bottes.
Pourquoi ne vous êtes-vous pas adossé à un réseau comme Bienvenue à la ferme ?
Ce n’est pas antagoniste, je suis en relation avec Bienvenue à la ferme Bretagne, on n’a pas de label on n’a pas vocation à les concurrencer. Ce que l’on propose c’est une plateforme de visibilité. On veut faciliter la mise en relation, la simplifier avec un système de calendrier.
Pour ce site et bientôt son application, vous êtes-vous inspiré d’expériences étrangères ?
Pas du tout. J’ai découvert après coup qu’en Italie il y avait un très grand réseau de l’agritourisme. Aujourd’hui les expériences que proposent Airbnb ou Booking.com sont assez élevées (entre 50 et 100 euros), nous l’idée est de proposer des prix accessibles à tous (autour de 10 euros). Les agriculteurs qui proposent des expériences ne cherchent pas à gagner des mille et des cent mais à établir un contact. On ne propose pas des activités gratuites pour éviter les désistements.
Quel type de clientèle imaginez-vous pour ces expériences à la ferme ?
On imagine trois types de profils : la petite famille avec de jeunes enfants, les gens engagés et la jeune génération. Une amie de ma belle-fille voulait traire une vache pour son enterrement de vie de jeune fille, par exemple !
On imagine trois types de profils : la petite famille, les gens engagés et la jeune génération pour des enterrements de vie de jeunes filles ou de vie de garçon
Après on peut aussi avoir des entreprises qui veulent que leurs salariés connaissent un minimum le quotidien d’une ferme. Au salon de l’agriculture, j’ai proposé une visite pour le club des consommateurs engagés de Carrefour. Cela a très bien fonctionné.
Vous prendrez 20% de commission c’est ça ? Pour quelle utilisation ?
Le modèle économique n’est pas encore complètement fixé. Le module de paiement n’est pas encore en place. Mais oui l’idée est que l’agriculteur ne paie pas de frais d’inscription mais que sur chaque expérience on prenne 2 euros ou 20% pour entretenir la plateforme et faire de la communication. On lance aussi une campagne de financement participatif sur Miimosa jusqu’au 30 mars.
On voudrait que 400 agriculteurs rejoignent la plateforme d'ici juin
Quel est votre objectif ?
On ne va être la licorne de demain. On voudrait que 400 agriculteurs rejoignent la plateforme et autant d’expériences d’ici les Journées nationales de l’agriculture (NDLR : du 7 au 9 juin 2024) où on va communiquer auprès du grand public après le lancement au salon de l’Agriculture plus tourné vers les agriculteurs. On aura alors un partenariat avec Agridemain et l'application devrait être lancée.