Salade : comment faciliter le binage lors de l'implantation de la culture
L’association d’un faux-semis, de l’implantation sur paillage biodégradable et du guidage GPS lors de la mise en place d’une culture de salade pour faciliter son binage permet d’envisager une production sans propyzamide.
L’association d’un faux-semis, de l’implantation sur paillage biodégradable et du guidage GPS lors de la mise en place d’une culture de salade pour faciliter son binage permet d’envisager une production sans propyzamide.
Dans le Finistère, un groupe Dephy constitué en 2016, a engagé des essais d’implantation de salades sur paillage biodégradable. « Sur ces exploitations très spécialisées en production de salades et jeunes pousses pour la 4e gamme, la salade revient en moyenne tous les deux ans sur les parcelles, en alternance en général avec du chou-fleur, explique Nicolas Mezencev, de la Chambre d’agriculture, animateur du groupe. L’usage de la seule matière active homologuée pour le désherbage, la propyzamide, conduit à des sélections de flores estivales résistantes, notamment le séneçon et la matricaire. »
Face au risque de retrait de la propyzamide et pour réduire le temps de désherbage complémentaire, souvent manuel, plusieurs producteurs ont opté pour une implantation sur paillage plastique biodégradable avec guidage GPS des implantations. Aujourd’hui, toutes les exploitations produisant des chicorées et des trévises pour la 4e gamme implantent sur paillage biodégradable. « Les chicorées et Chioggia, aux cycles longs, posaient un problème d’enherbement non maîtrisé, précise Nicolas Mezencev. Le paillage biodégradable permet sa destruction in situ et celle des résidus de récolte dans le même temps. Les rouleaux de paillage sont plus coûteux, mais on évite les frais de recyclage. »
L’implantation sur paillage biodégradable a nécessité l’acquisition de planteuses spécifiques qui posent le film, le perforent et plantent les salades. « L’enjeu est d’avoir des trous assez petits pour éviter les pousses d’adventices près des plants. » Après façonnage des planches au cultirateau, la pose du film et la plantation sont réalisées dans la même opération, suivies d’un arrosage léger (5 à 6 mm) pour rappuyer les mottes et éviter leur déshydratation. « L’implantation se fait à un rythme plus lent qu’avec un paillage classique pour ne pas déchirer le film », précise Nicolas Mezencev. En parallèle, les bineuses ont été adaptées pour travailler les inter-planches.
Des salades plus grosses et plus propres
Après plusieurs années de pratique, les producteurs sont satisfaits de ce nouveau mode de plantation. « Un paillage biodégradable est plus coûteux qu’un plastique standard, note Nicolas Mezencev. La planteuse est également plus coûteuse, de l’ordre de 40-50 000 €, et sa mutualisation est difficile du fait du rythme de plantation imposé pour la 4e gamme, du morcellement du parcellaire et des surfaces accrues. Il faut aussi plus de main-d’œuvre à la plantation : en moyenne, cinq personnes sont nécessaires autour de la planteuse, même assistée par un guidage GPS, soit une de plus qu’avec un paillage standard. Cette main-d’œuvre est toutefois présente sur l’exploitation. »
En contrepartie, le travail de désherbage mécanique ou manuel est fortement réduit. Le paillage limite aussi les pertes en eau. Et surtout, il entraîne une amélioration significative du calibre des chicorées et Chioggia et les salades sont plus propres, sans terre et sans pourritures basales, ce qui implique moins de travail de parage. Les avantages de la technique ont poussé les producteurs à étendre la pratique à toutes les chicorées et parfois aux laitues sur le créneau printemps (iceberg, laitue beurre).
Au total, une cinquantaine d’hectares de salade sont aujourd’hui implantés sur paillage biodégradable au sein du groupe. Une autre pratique est la réalisation d’un faux-semis avant l’implantation des salades. Les producteurs préparent les planches et les retravaillent quelques semaines après, ce qui réduit le stock semencier. Les délais sont toutefois souvent trop courts pour faire un deuxième faux-semis. « L’association du faux-semis, de l’implantation sur paillage biodégradable et du guidage GPS des implantations permet d’envisager la suppression de la propyzamide », analyse Nicolas Mezencev.
Binage sur le rang et couverts végétaux
En 2021, le groupe Dephy s’est engagé dans un deuxième programme de travail commun sur cinq ans. Une piste étudiée est le binage des salades sur le rang grâce à des bineuses équipées de caméras. Après l’essai des bineuses Robocrop de Garford et Remolite de Ferrari, une démonstration a été organisée en 2022 sur une bineuse Lemken-Steketee, sur laquelle une interface ajuste le positionnement de la bineuse par rapport aux rangs plantés au RTK. « Ces bineuses restent toutefois assez coûteuses, de l’ordre de 65-75 000 € », note Nicolas Mezencev.
Une autre technique travaillée est le développement de couverts végétaux diversifiés. En 2022, les essais portent sur des couverts floraux et mellifères, une synergie avec des apiculteurs étant possible, et sur des couverts d’été ou d’automne associant diverses espèces aux systèmes racinaires variés (navet, radis, phacélie, légumineuses…). « L’objectif est de protéger les sols en interculture, de piéger l’azote, ce qui limitera le lessivage en hiver, d’apporter du carbone grâce à l’enfouissement du couvert et aussi de limiter l’enherbement, précise le conseiller. Un couvert en interculture empêche le développement des adventices. Il doit toutefois être détruit assez tôt pour ne pas grainer. Des outils de destruction de ces couverts sont également testés. »