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Variétés de melon : le champ des résistances s'élargit

Le retrait de matières actives, l’évolution des pathogènes et l’augmentation du risque sanitaire avec le changement climatique amènent à rechercher des variétés plus résistantes aux bioagresseurs.

Si le goût reste un critère important en melon, les résistances et tolérances des variétés aux bioagresseurs sont essentielles pour sécuriser la production et réduire les traitements. La tolérance au puceron Aphis gossypii, qui peut causer des dégâts directs et est vecteur de virus pouvant fortement impacter le rendement et la qualité, est recherchée partout, notamment dans le Sud, en bio, où les moyens de protection sont limités, et en conventionnel, où les solutions contre le puceron se réduisent. La quasi-totalité des nouvelles variétés est désormais dotée du gène VAT (IR Ag), qui donne une tolérance à la colonisation par Aphis gossypii.

« Le puceron est un problème dans tous les bassins, constate Xavier Dubreucq, conseiller indépendant. Le gène VAT aide beaucoup à réduire les IFT. Un producteur peut aujourd’hui avoir des variétés tolérantes puceron toute la saison sans compromis. » Le gène VAT ne donnant la tolérance que pour un clone de puceron et les proportions des différents clones ayant tendance à évoluer, des colonies d’Aphis gossypii sont toutefois régulièrement observées sur des variétés IR Ag. Des recherches sont en cours pour compléter l’action du gène VAT et limiter la dispersion des clones contournants.

De nouvelles races d’oïdium

Une priorité aujourd’hui est aussi la tolérance à l’oïdium, notamment dans le sud de juillet à septembre. « Depuis deux ans, toutes les variétés ont eu de l’oïdium », constate Sylvie Bochu, de la chambre d’agriculture du Tarn-et-Garonne. Favorisé par les fortes températures et l’humidité matinale, le champignon Podosphaera xanthii affecte les feuilles et les tiges, entraînant une baisse de rendement et surtout de qualité des fruits. Des solutions de biocontrôle efficaces sont désormais disponibles, notamment à base de soufre.

Mais pour réduire les IFT, le temps passé à traiter et le coût des traitements, les résistances sont recherchées. Les semenciers proposent aujourd’hui de nombreuses variétés de melon ayant une résistance intermédiaire aux races 1, 2, 3, 5 et surtout à la race 3-5, qui cause aujourd’hui le plus de dégâts. « En dix ans, il y a eu un changement réel en termes de tolérance à l’oïdium », note Xavier Dubreucq. Des attaques sur des variétés présentant une résistance intermédiaire à toutes les races d’oïdium identifiées sont toutefois constatées, possiblement dues à l’apparition de nouvelles races.

« Sur dix variétés testées pour la première fois au Cefel en 2023, deux seulement ont eu un bon comportement à l’oïdium et six un comportement intermédiaire », indique Françoise Leix-Henry, du Cefel. Et deux nouvelles races 6 et 7 de Podosphaera xanthii, retrouvées sur tous les bassins, ont été officiellement reconnues en 2024. Là aussi, des recherches sont en cours pour prendre en compte ces nouvelles races et renforcer la tolérance à l’oïdium.

Baisse de la pression fusariose

Autre résistance recherchée : la résistance à la fusariose, maladie grave du melon, liée à un champignon qui survit des années dans le sol et peut causer de gros dégâts, notamment sur les créneaux précoces. À peu près toutes les variétés sont aujourd’hui hautement résistantes (HR) aux races 0, 1, 2 de la fusariose. Et on trouve désormais des variétés de résistance intermédiaire à la race 1-2, la plus problématique, proches en rendement et qualité des variétés non résistantes.

Les producteurs les utilisent sur les parcelles à risque, en complément des rotations et éventuellement du greffage. « Il n’y a quasiment plus de variété très sensible à la fusariose, constate David Bouvard, de l’Acpel. Presque toutes les nouvelles variétés ont aujourd’hui un niveau de résistance intéressant. » Ces dernières années, les problèmes de fusariose ont ainsi beaucoup diminué. « Il y a une forte baisse de la pression fusariose dans tous les bassins, avec une maladie qui se développe moins rapidement et moins de dégâts », constate Madeleine de Turckheim, de SudExpé.

Bactériose et cladosporiose

D’autres maladies liées à des champignons posent à l’inverse plus de problèmes, notamment la bactériose, la cladosporiose, le mildiou et le sclérotinia. En 2024, le Centre-Ouest a connu de fortes attaques de bactériose et cladosporiose, favorisées par un climat frais et humide. « Il y a eu de la bactériose dès mi-mai et de nombreux épisodes jusqu’en fin de saison, indique David Bouvard. Mi-septembre, jusqu’à 60 à 80 % des fruits pouvaient être touchés dans nos essais. » « Dans le Sud-Ouest, il y a eu de la bactériose sur toutes les variétés en 2024 », rapporte Sylvie Bochu.

Si aucune résistance avérée n’existe pour la bactériose et la cladosporiose, des différences de comportement sont constatées entre variétés. Dans les essais 2021-2023 de l’Acpel et du Cefel, neuf variétés sur trente et une testées ont présenté un bon comportement à la bactériose et quatre sur vingt-deux un bon comportement à la cladosporiose. « Les traitements au cuivre ayant une efficacité limitée, un bon comportement notamment à la bactériose est très important », souligne David Bouvard.

L’importance d’un bon comportement au mildiou

Depuis quelques années, le mildiou est devenu récurrent sur melon dans les trois bassins, avec une apparition de plus en plus précoce. « En 2024, le mildiou a été le problème numéro 1 dans le Centre-Ouest, indique David Bouvard. Il est apparu mi-juin, alors qu’il ne survenait en général que début août auparavant, et a duré jusqu’en septembre. » Le problème est également très préoccupant dans le Sud-Est et dans le Sud-Ouest, le mildiou étant favorisé par l’humidité matinale, mais aussi par les fortes chaleurs.

Des souches de plus en plus agressives

« Les souches semblent favorisées par l’évolution du climat et de plus en plus agressives, analyse Madeleine de Turckheim. Alors que nous pensions que les fortes chaleurs ralentissaient le développement des spores, nous constatons que ce n’est pas le cas. Certaines matières actives devraient par ailleurs disparaître dans les années à venir. Et si le cuivre a une certaine efficacité, répéter les traitements prend du temps. »

Si aucune résistance avérée n’a encore été reconnue, une difficulté du mildiou du melon étant que le champignon responsable, Pseudoperonospora cubensis, est un parasite obligatoire et ne peut se cultiver en milieu artificiel, de fortes différences de comportement au champ sont observées. Dans les essais 2021-2023 de l’Acpel, du Cefel et de SudExpé, treize variétés sur trente-sept testées ont eu un bon comportement au mildiou, huit un comportement intermédiaire et deux se sont avérées sensibles. « Et dans nos essais 2024, certaines nouvelles variétés n’ont pas attrapé le mildiou alors qu’il y en avait beaucoup, notamment Arkade, et d’autres ont exprimé des symptômes très tard », indique Madeleine de Turckheim.

Des évaluations variétales à poursuivre

De nouvelles variétés de melon étant proposées chaque année, une priorité pour les producteurs est de poursuivre l’évaluation des variétés face aux bioagresseurs. Fin 2023, un nouveau projet Casdar Co-Innovation, Cocomel, porté par l’Acpel et associant Cefel, Aprel, SudExpé, CCDL, CA82, Goût du Sud et CTIFL, a été lancé pour trois ans. Objectif : proposer des conduites adaptées au changement climatique et à bas niveaux d’intrants (phytosanitaires, eau, engrais) et des variétés de bon comportement aux principaux bioagresseurs (fusariose, oïdium, mildiou, cladosporiose, bactériose).

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