Sival 2025 : « Avec l’IA générative, nous sommes à l’aube d’une énorme révolution dans tous les métiers de l'agriculture »
Le concours Agreen Startup, organisé au Sival depuis dix ans, vise à stimuler l’innovation et l’entrepreneuriat dans les filières agricoles. Son fondateur, Hervé Pillaud, plaide pour que l’usage de l’intelligence artificielle générative se généralise dans le monde agricole, afin de renforcer encore sa compétitivité.
Le concours Agreen Startup, organisé au Sival depuis dix ans, vise à stimuler l’innovation et l’entrepreneuriat dans les filières agricoles. Son fondateur, Hervé Pillaud, plaide pour que l’usage de l’intelligence artificielle générative se généralise dans le monde agricole, afin de renforcer encore sa compétitivité.
Quelle définition donnez-vous à l’IA générative ?
Hervé Pillaud - Avec l’IA, nous demandons l’aide de la machine. Avec l’IA générative, c’est la machine qui cherche à nous comprendre. Plus qu’une révolution technologique, il s’agit d’une révolution de l’usage. D’une agriculture intensive, nous allons aller vers une agriculture encore plus intensive mais avec l’utilisation de nouvelles connaissances. Nous sommes à l’aube d’une énorme révolution qui va changer la donne dans tous les métiers de l’agriculture. Et en matière de compétitivité, ceux qui ne s’y mettront pas seront rapidement débordés. Nous avons dix ans devant nous pour l’adopter.
Quelles solutions apportées par l’IA générative peut-on déjà entrevoir notamment dans le secteur des fruits et légumes ?
Hervé Pillaud - L’IA générative est particulièrement bien adaptée à la compréhension du système complexe qu’est le vivant. Elle peut nous aider, par exemple, par une meilleure connaissance du fonctionnement du sol et des milliards d’individus qu’il recèle. Nous savons désormais qu’en introduisant et en favorisant le développement de certaines mycorhizes, le rendement d’une culture de tomates augmentait sensiblement et ses besoins en eau diminuaient. Mycophyto, spin-off de l’Inrae, s’y emploie déjà. Grâce à un décryptage fin du génome, on va aussi pouvoir accélérer le processus de sélection variétale.
En matière de protection des cultures, des start-up travaillent sur le traitement des maladies à partir de rayon laser, sans produit phyto. Une start-up française, UV Boosting, a d’ores et déjà mis au point des équipements de stimulation des défenses naturelles des plantes par flash UV. Un constructeur de pulvé est en train de mettre au point un système de reconnaissance des mauvaises herbes qui enverrait la juste dose d’herbicide, le tout à 20 km/h. Tout ceci n’est pas de la science-fiction.
Et l’usage de l’IA générative est déjà une réalité dans le secteur des fruits et légumes, qui serait même l’un des plus avancés. On peut citer Les Maraîchers nantais qui y ont déjà recours dans la gestion de leur entreprise. Et dans dix ans, toutes les exploitations agricoles auront leur jumeau numérique. Une technologie qui va permettre d’observer les choses non pas en silo mais dans leur globalité. C’est notre cerveau qui va devoir changer.
Après Agreen Startup, vous lancez un nouveau concours. Quel en est le principe ?
Hervé Pillaud - Celui-ci s’appelle Agreen Défi. Nous l’avons testé à Tech Élevage en novembre. Cela commence par un « café IA » ouvert à tous : agriculteurs, collaborateurs d’entreprise ou d’OPA, d’étudiants et spécialistes de l’IA pour identifier les premières expériences, les craintes et les besoins puis des équipes, préalablement constituées, et portées par des entreprises ou des OPA, ont pour mission de résoudre un problème concret du monde agricole ou de monter un projet à partir de l’IA générative, avant de passer devant un jury. Cela revient à mêler intelligence collective et IA.