« Renouvellement des générations : il ne faut pas baisser la garde »
Si le programme Inn’Ovin est dans ses objectifs, la filière a toujours besoin d’agneaux et poursuit ses efforts pour attirer des porteurs de projet. Entretien avec Patrick Soury, éleveur en Charente et président d’Inn’Ovin.
Si le programme Inn’Ovin est dans ses objectifs, la filière a toujours besoin d’agneaux et poursuit ses efforts pour attirer des porteurs de projet. Entretien avec Patrick Soury, éleveur en Charente et président d’Inn’Ovin.
Le programme Inn’Ovin « produire plus, produire mieux » a-t-il atteint ses objectifs ?
Et le bilan est positif, nous sommes dans les objectifs. Selon les chiffres de l’Institut de l’élevage, il y a quasiment une installation pour un départ dans notre filière (taux de remplacement de 94 % pour les ovins viande et 91 % pour les ovins lait), un beau résultat.
Pourtant, il reste une marge de progrès pour augmenter la part de l’agneau français consommé en France, de 47 % aujourd’hui. Nous observons ainsi toujours une baisse des effectifs de brebis, avec des troupes un peu moins importantes pour les nouveaux installés. Nous lançons une étude cette année pour mieux connaître les profils des nouveaux installés, leurs motivations et les besoins d’accompagnement et soutien.
Tous ces éléments doivent nous motiver pour poursuivre nos actions. Il ne faut pas baisser la garde.
Quels sont selon vous les facteurs de l’attractivité de l’élevage ovin auprès des nouveaux installés ?
Le programme Inn’Ovin repose beaucoup sur l’implication des salariés et professionnels au sein des comités régionaux. Il existe grâce à eux, à ce maillage territorial, au plus près des besoins des porteurs de projet et des prescripteurs (banques, centres de gestion…). Ces derniers font partie des cibles prioritaires de nos actions. Nous devons faire preuve de pédagogie pour rappeler que l’élevage ovin est une activité porteuse, avec de réelles perspectives de marché et de revenu.
Le discours en élevage a changé aussi. Nous sensibilisons les cédants sur la nécessité de maintenir un outil de production de qualité et agissons pour que la filière ovine ne soit pas oubliée dans les PCAE par exemple, pour contribuer aux investissements dans des outils afin de réduire la pénibilité physique et administrative.
Dans tout ce dispositif, les Ovinpiades ont un rôle central de mise en lumière de la filière ovine, avec une très bonne reprise médiatique.
Quels écueils sont rencontrés par les porteurs de projet et quelles sont les solutions pour y remédier ?
Côté formation, il n’y a pas de réels freins. Il existe de très bonnes formations, et il faut que les jeunes entendent parler de l’élevage ovin. Nous devons renforcer nos actions à destination des lycées agricoles notamment.
Enfin, un sujet peu adressé est celui de la durée des carrières. Aujourd’hui, les actifs ont plusieurs parcours dans une vie, en agriculture comme dans tous les secteurs d’activité. Et en élevage, envisager une carrière sur toute une vie peut être un frein. Nous devons faciliter les transmissions pour qu’un éleveur puisse repasser le flambeau au bout de 10-15 ans et inversement, faciliter les reprises après une première vie professionnelle.