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« Renouvellement des générations : il ne faut pas baisser la garde »

Si le programme Inn’Ovin est dans ses objectifs, la filière a toujours besoin d’agneaux et poursuit ses efforts pour attirer des porteurs de projet. Entretien avec Patrick Soury, éleveur en Charente et président d’Inn’Ovin.

Pour Patrick Soury, éleveur en Charente et président d’Inn’Ovin, la dynamique de la filière ovine en termes d'installations est le résultat de 20 ans d'actions collectives.
Pour Patrick Soury, éleveur en Charente et président d’Inn’Ovin, la dynamique de la filière ovine en termes d'installations est le résultat de 20 ans d'actions collectives.
© D. Hardy

Le programme Inn’Ovin « produire plus, produire mieux » a-t-il atteint ses objectifs ?

Patrick Soury - Lancé en 2015 avec la signature du pacte ovin par l’ensemble des partenaires de la filière et les représentants de l’État, y compris le Président de la république, le programme Inn’Ovin succédait au projet « reconquête ovine ». Nous engrangeons aujourd’hui les résultats de 20 années d’actions pour maintenir et développer la production ovine française. Il en allait de la survie de notre élevage.

Et le bilan est positif, nous sommes dans les objectifs. Selon les chiffres de l’Institut de l’élevage, il y a quasiment une installation pour un départ dans notre filière (taux de remplacement de 94 % pour les ovins viande et 91 % pour les ovins lait), un beau résultat.

Pourtant, il reste une marge de progrès pour augmenter la part de l’agneau français consommé en France, de 47 % aujourd’hui. Nous observons ainsi toujours une baisse des effectifs de brebis, avec des troupes un peu moins importantes pour les nouveaux installés. Nous lançons une étude cette année pour mieux connaître les profils des nouveaux installés, leurs motivations et les besoins d’accompagnement et soutien.

Tous ces éléments doivent nous motiver pour poursuivre nos actions. Il ne faut pas baisser la garde.

Quels sont selon vous les facteurs de l’attractivité de l’élevage ovin auprès des nouveaux installés ?

P. S. - Ce résultat positif est multifactoriel. Avec Inn’Ovin, nous donnons une image réelle, professionnelle et moderne de l’élevage ovin aux jeunes apprenants et aux équipes pédagogiques. C’est aussi lié au marché de la viande ovine qui est porteur depuis une dizaine d’années, au travail entrepris par la FNO pour revaloriser les aides Pac ovines… C’est indéniable, l’ambiance est plus favorable à l’installation aujourd’hui qu’il y a 10-15 ans.

Le programme Inn’Ovin repose beaucoup sur l’implication des salariés et professionnels au sein des comités régionaux. Il existe grâce à eux, à ce maillage territorial, au plus près des besoins des porteurs de projet et des prescripteurs (banques, centres de gestion…). Ces derniers font partie des cibles prioritaires de nos actions. Nous devons faire preuve de pédagogie pour rappeler que l’élevage ovin est une activité porteuse, avec de réelles perspectives de marché et de revenu.

Le discours en élevage a changé aussi. Nous sensibilisons les cédants sur la nécessité de maintenir un outil de production de qualité et agissons pour que la filière ovine ne soit pas oubliée dans les PCAE par exemple, pour contribuer aux investissements dans des outils afin de réduire la pénibilité physique et administrative.

Dans tout ce dispositif, les Ovinpiades ont un rôle central de mise en lumière de la filière ovine, avec une très bonne reprise médiatique.

Quels écueils sont rencontrés par les porteurs de projet et quelles sont les solutions pour y remédier ?

P. S. - Pour moi, l’accès au foncier, c’est-à-dire le fait que le porteur de projet trouve une exploitation à reprendre et un financement est la principale difficulté rencontrée. Mais cela évolue, à une époque, les cédants pensaient « tout sauf de l’ovin, ma filière n’a pas d’avenir ». Aujourd’hui, le regard a changé.

Côté formation, il n’y a pas de réels freins. Il existe de très bonnes formations, et il faut que les jeunes entendent parler de l’élevage ovin. Nous devons renforcer nos actions à destination des lycées agricoles notamment.

Enfin, un sujet peu adressé est celui de la durée des carrières. Aujourd’hui, les actifs ont plusieurs parcours dans une vie, en agriculture comme dans tous les secteurs d’activité. Et en élevage, envisager une carrière sur toute une vie peut être un frein. Nous devons faciliter les transmissions pour qu’un éleveur puisse repasser le flambeau au bout de 10-15 ans et inversement, faciliter les reprises après une première vie professionnelle.

Que recouvre le volet « produire mieux » d’Inn’Ovin ?

P. S. - Nous avons des atouts à mettre en avant en ce qui concerne les modes de production, notamment quand on parle bien-être animal, biodiversité, stockage de carbone, économie des territoires… ainsi que de nombreuses démarches de qualité. Ce sujet peut inquiéter les éleveurs, mais nous avons des pratiques vertueuses et devons les valoriser.

« il y a une ambiance plus favorable à l’installation aujourd’hui qu’il y a à 10-15 ans »

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