Etude scientifique
Comment les cultures associées peuvent augmenter la production agricole
Grâce à ses travaux, une équipe internationale de scientifiques, dont des chercheurs d’Inrae, a mis en avant l’intérêt des cultures associées pour sécuriser la production agricole mondiale.
Grâce à ses travaux, une équipe internationale de scientifiques, dont des chercheurs d’Inrae, a mis en avant l’intérêt des cultures associées pour sécuriser la production agricole mondiale.
Face aux besoins alimentaires d’une population mondiale en croissance, sécuriser la production agricole tout en réduisant son empreinte environnementale est indispensable. La diversification des cultures est l’une des solutions agroécologiques pour intensifier durablement l’agriculture. Mais dans certains pays du Sud, alors qu’elles étaient jusqu’alors une pratique traditionnelle, on constate actuellement un recul des cultures plurispécifiques, c’est-à-dire la culture de plusieurs espèces annuelles en association dans une même parcelle agricole. Ce recul est dû à l’urbanisation et au déplacement de main d’œuvre vers les villes. Par ailleurs, cette pratique a toujours été marginale dans les pays occidentaux, où la culture mono-spécifique, à savoir la culture d’une seule espèce en même temps dans une parcelle, est la norme.
226 expérimentations agronomiques
Devant ce constat, une équipe internationale de scientifiques issus d’Inrae, de l’université Wageningen aux Pays-Bas, de l’université d’Agriculture de Chine à Pékin et de l’université d’Agriculture de Mongolie intérieure à Hohhot, met en exergue par une analyse de 226 expérimentations agronomiques, l’intérêt objectif des cultures plurispécifiques par des données chiffrées.
#RP_INRAE Diversifier les cultures dans les champs ? efficacité prouvée! Analyse d’une base de données mondiales de 226 expérimentations agricoles
— INRAE (@INRAE_France) January 5, 2023
👉Une productivité souvent supérieure avec 19% de terres agricoles en moins #SecuritéAlimentaireMondiale
➡️https://t.co/7npFpWqKdO pic.twitter.com/R9IQCYYBJx
Ces travaux sont parus le 3 janvier 2023 dans la revue PNAS. Après avoir analysé des données sur le rendement en grain, les chercheurs ont utilisé des données sur les calories et les concentrations en protéines dans les grains pour évaluer l’intérêt des cultures associées pour l'alimentation humaine et animale. Ils ont alors pu quantifier les différences entre cultures associées et mono-spécifiques, puis identifier les combinaisons d'espèces cultivées et les modes de gestion permettant d'obtenir un rendement plus élevé avec des cultures associées qu’en cultures mono-spécifiques.
L’association de cultures augmente l’efficacité globale de la production
Cette étude montre que la culture simultanée de plusieurs espèces dans une même parcelle agricole permet d'obtenir une quantité de protéines en moyenne similaire, et même souvent supérieure, à celle que produirait l’espèce végétale la plus productive lorsqu’elle est cultivée seule. Elle montre également que l’association de cultures augmente l'efficacité globale de la production, en réduisant les besoins en surfaces de terres cultivées de 19 % pour produire la même quantité de grains que la culture mono-spécifique des deux espèces de l’association.
Bien que la production de grains et de calories soit inférieure de 4 % en moyenne à ce que l'on pourrait obtenir avec la culture mono-spécifique de l’espèce la plus productive, la production totale de protéines de l’association de cultures est toutefois similaire et même, dans 47 % des cas, supérieure à celle de la culture mono-spécifique la plus productive, en particulier dans les associations maïs-légumineuses cultivées avec des doses d’engrais modérées.
Réduction des besoins en surface et en engrais
Les scientifiques concluent : « En réduisant les besoins en surface agricole et en engrais, cette pratique agroécologique pourrait ainsi contribuer à augmenter durablement la production agricole pour répondre aux besoins d'une population mondiale en expansion. Ces données quantitatives peuvent désormais être mises à disposition pour éclairer les futures politiques publiques agricoles à l’échelle mondiale ».