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Monde
Espèces invasives : quel coût pour la société ?

Selon un nouveau rapport de la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES), plus de 37 000 espèces exotiques envahissantes (EEE) plus communément appelées espèces invasives ont été introduites par les activités humaines, ce qui menace de nombreux écosystèmes pour un coût sous-estimé selon les experts.

Panneau à l'entrée d'une ferme prévenant des risques d'introduction d'espèces invasives.
Le rapport constate que 45 % des pays n’investissent pas dans la gestion des invasions biologiques.
© IPBES Invasive Alien Species Report

Le rapport de la plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) sur les espèces invasives a été rédigé par 86 experts de 49 pays qui ont travaillé pendant plus de quatre ans et demi. Ces derniers expliquent que plus de 3 500 espèces exotiques envahissantes (EEE) ou espèces invasives nuisibles « menacent gravement la nature, les contributions de la nature aux populations et la bonne qualité de vie de celles-ci ». Ils chiffrent par ailleurs le coût économique mondial des espèces invasives à plus de 423 milliards de dollars par an en 2019. Un chiffre « largement sous-estimé » a souligné la co-présidente Helen Roy en conférence de presse, pour qui ces coûts ont au moins quadruplé chaque décennie depuis 1970.


La jacinthe d’eau, espèce invasive la plus répandue dans le monde

Environ 6 % des plantes exotiques, 22 % des invertébrés exotiques, 14 % des vertébrés exotiques et 11 % des microbes exotiques sont connus pour être envahissants, ce qui représente un risque majeur pour la nature et l’homme pointe le rapport qui établit que plus de 2 300 espèces invasives sont présentes sur les terres gérées par les peuples autochtones, menaçant leur qualité de vie et même leur identité culturelle. Selon les experts, la jacinthe d’eau (Pontederia crassipes), est l’espèce exotique envahissante terrestre la plus répandue dans le monde. Le lantanier (Lantana camara), un arbuste à fleurs, et le rat noir (Rattus rattus) sont les deuxième et troisième espèces que l’on retrouve le plus au niveau mondial, avec des « effets considérables sur l’homme et la nature ».


Des espèces modifient les écosystèmes

« Les espèces exotiques envahissantes ont été un facteur majeur dans 60 % et le seul facteur dans 16 % des extinctions mondiales d'animaux et de plantes que nous avons enregistrées, et au moins 218 espèces exotiques envahissantes ont été responsables de plus de 1 200 extinctions locales. En fait, 85 % des impacts des invasions biologiques sur les espèces indigènes sont négatifs », a déclaré le professeur Pauchard. Certaines espèces comme les castors canadiens (Castor canadensis) et les huîtres creuses du Pacifique (Magallana gigas) modifient les écosystèmes en transformant les habitats, ce qui a souvent de graves conséquences pour les espèces indigènes.

75 % des effets négatifs signalés sur les terres

Le rapport montre que 34 % des impacts des invasions biologiques ont été signalés dans les Amériques, 31 % en Europe et en Asie centrale, 25 % en Asie et dans le Pacifique et environ 7 % en Afrique. La plupart des impacts négatifs sont signalés sur les terres (environ 75 %) – en particulier dans les forêts, les zones boisées et les zones cultivées – et beaucoup moins dans les habitats d’eau douce (14 %) et marins (10 %). Les espèces invasives sont les plus nuisibles sur les îles, le nombre de plantes exotiques dépassant désormais le nombre de plantes indigènes sur plus de 25 % de toutes les îles.
 

Les Etats peu impliqués dans la gestion des invasions biologiques

Le rapport constate que 45 % des pays n’investissent pas dans la gestion des invasions biologiques. Le programme PlantwisePlus, qui aide les petits exploitants agricoles en Afrique, en Asie et en Amérique latine, est présenté dans le rapport comme un bon exemple de l’importance des stratégies de surveillance générale pour détecter les nouvelles espèces exotiques. Les experts indiquent que l’éradication des plantes exotiques est plus difficile en raison notamment de la durée de dormance des graines dans le sol.
 

Réduire les espèces exotiques envahissantes prioritaires de 50 % d’ici à 2030

« En décembre dernier, les gouvernements du monde entier ont convenu, dans le cadre du nouveau cadre mondial pour la biodiversité Kunming-Montréal, de réduire l’introduction et l’établissement d’espèces exotiques envahissantes prioritaires d’au moins 50 % d’ici à 2030. Il s’agit d’un engagement essentiel, mais aussi très ambitieux. Le rapport de l’IPBES sur les espèces exotiques envahissantes fournit les preuves, les outils et les options nécessaires pour rendre cet engagement plus réalisable » notent les experts.


Quelle position de la France sur les espèces invasives ?

La Secrétaire d’Etat à la biodiversité, Sarah El Haïry, a salué le « cadre précis et opérationnel » du rapport de l’IPBES sur les espèces invasives, dans un communiqué le 4 septembre. « La France, dans tous ses territoires de métropole et d’outre-mer, porte une politique ambitieuse basée sur deux piliers : la prévention pour éviter l’installation de ces espèces et la remise en état des écosystèmes impactés », a-t-elle déclaré. La Secrétaire d’Etat souhaite néanmoins « renforcer » la Stratégie nationale biodiversité (SNB) à ce sujet, « en particulier en matière de surveillance et contrôles, et les actions au niveau local ». Elle prévoit pour cela de rencontrer les experts « dans les prochains jours » et « l’ensemble des parties prenantes dans les prochaines semaines ».


Une enveloppe revue à la hausse pour la biodiversité

Lancée le 20 juillet, la concertation sur la SNB auprès du Comité national de la biodiversité doit s’achever le 20 septembre. Le 12 juillet, 264 millions d’euros supplémentaires avaient été annoncé pour la biodiversité dès 2024. La répartition suivante avait alors été proposée: « renforcer l’effectivité des aires protégées (+ 114 M€), d’écosystèmes (+ 80 M€), la protection des espèces (+ 18 M€), la biodiversité des milieux forestiers (+ 15 M€), des milieux marins (+ 6 M€), ou encore l’accompagnement de la restauration des sols (+ 6 M€) ».

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