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A quand des Nadal et Federer français de l’AgriTech ?

La Ferme Digitale, qui expose cette semaine au salon de l’Agriculture, espère que ses start-up parviendront à lever un milliard d’euros par an d’ici à 2028. Deux responsables de KPMG et Demeter ont expliqué ce matin les 5 défis à relever pour y parvenir

La Ferme digitale au salon de l'Agriculture.
Cyrille Cabaret, partenaire chez Demeter et Roger Averbuch, associé responsable secteur agroalimentaire chez KPMG, tous deux partenaires de la Ferme Digitale, lors d’une conférence le 1er mars sur le salon de l’Agriculture.
© Nathalie Marchand

En 2022, les start-up de La Ferme Digitale ont levé environ 200 millions d’euros. Comment franchir l’étape du milliard d’euros levé par an d’ici à 2028 ? C’est à cette question qu’ont tenté de répondre Roger Averbuch, associé responsable secteur agroalimentaire chez KPMG et Cyrille Cabaret, partenaire chez Demeter, tous deux partenaires de la Ferme Digitale, lors d’une conférence le 1er mars sur le salon de l’Agriculture.

Alors que la French Tech a levé 12 milliards d’euros l’an passé, l’AgriTech a levé au total un peu moins de 800 millions d’euros, selon KMPG. « Ce milliard est atteignable, estime Roger Averbuch, ce cap est indispensable pour ne pas se retrouver noyé dans la FrenchTech ». Mais pour passer ce cap cinq défis importants restent à relever.

1. Augmenter le nombre de leaders

Premier défi à relever : « l’AgriTech française doit être un des leaders mondiaux et pour ça elle a besoin de leaders », commente Cyrille Cabaret partenaire chez Demeter. « Reconnaissez, le tennis sans Federer et Nadal ce n’est pas la même chose ! », compare-t-il. Des leaders parmi les start-up de l’AgriTech français permettraient de centrer la communication autour d’eux, de faire rejaillir leur aura sur les incubateurs et pôles de compétitivité et d’attirer des financeurs. « Nous avons de gros espoirs, de premiers leaders émergent (comme Ynsect, ndlr), on attend très vite de premières licornes, il nous faudrait un Français parmi le top 10 des start-up mondiales », complète Roger Averbuch. « Il nous faut des champions internationaux » poursuit-il.

2. Devenir une spécialité incontournable

Deuxième condition : « la FoodTech et l’AgriTech doivent devenir incontournables pour les fonds », pointe ensuite Roger Averbuch pointant la nécessité de développement de fonds spécialisés comme celui lancé par Demeter qui a permis de financer des start-up comme Ynsect, Microphyt ou encore Fermentalg. « Sur l’AgriTech on regarde désormais quelque 500 dossiers par an » confie Cyrille Cabaret qui annonce le lancement prochain d’un nouveau fonds sur le sujet (doté de 200 millions d’euros).

Rober Averbuch qui note la présence de fonds étrangers dans la plupart des dernières grandes levés de fonds sur l’AgriTech appelle ces derniers à rejoindre La Ferme Digitale pour permettre d’atteindre le cap de 1 milliard de levée de fonds par an.

 

3. Renforcer le soutien des leaders de l’agroalimentaire

« Aujourd’hui les leaders de l’agroalimentaire sont peu impliqués dans le financement de l’AgriTech, à l’avenir leur investissement est indispensable. Ce sont des accélérateurs sur le sujet », énonce ensuite Roger Averbuch de KPMG. « Les grands groupes agroalimentaires ont tendance à innover en interne et à se tourner vers les start-up sur l’innovation de rupture avec la tentation de privatiser le sujet ce qui est un piège pour les start-up », complète Cyrille Cabaret. Verra-t-on un jour un groupe comme Danone rejoindre La Ferme Digitale comme partenaire ?
 

4. Faciliter la croissance et la création de valeur rapide

L’innovation dans l’AgriTech souvent conditionnée aux cycles du vivant prend du temps, ce qui nécessite d’être pris en compte par les fonds d’investissement, souligne les deux experts. « Il faut des financeurs qui l’acceptent, mais ce n’est pas impossible quand on voit la MedTech qui arrive à lever beaucoup de fonds », commente Roger Averbuch. Les fondateurs de start-up doivent aussi faire preuve d’ambition, a minima européenne, poursuit-il.
 

5. Améliorer le cadre réglementaire et s’y adapter

La complexité de la réglementation doit être intégrée par les acteurs de l’AgriTech pour que le secteur prenne de l’ampleur. « On a moins de réglementation que dans la FinTech » modère Roger Averbuch qui souligne la forte complexité réglementaire entourant l’innovation dans la finance. « Quand on a la compétence, on gagne du temps », souligne pour sa part Cyrille Cabaret.

Oui des start-up vont fermer mais c'est la vie

Une fois ces 5 défis relevés, les deux spécialistes ne doutent pas de la capacité de l’AgriTech à la française à monter en puissance. Et ce même si le contexte s’avère difficile avec la hausse des taux d’intérêt et du coût de l’énergie. « Il y a une crise, il y en aura d’autres. Oui des start-up ont des problèmes, d’autres vont fermer mais c’est la vie », commente Roger Averbuch, répondant à une question d’un journaliste. « Les vrais bons sujets lèvent quand même des fonds car la transition agricole a bien lieu », conclut-il, soulignant que le coût de l’énergie présente une opportunité pour tous les sujets liés à l’énergie alternative.

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