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Privés de 25 % d’eau, les irrigants du bassin de l’Adour ne se laisseront pas faire

Le 2 août, à la suite d’une saisie en urgence par des associations environnementales, le tribunal administratif de Pau a contraint les irrigants du sous-bassin de l’Adour à réduire le volume de prélèvement d’eau de 25 %. Leur colère gronde.

Irrigation de maïs en période de sécheresse. Archives.
© Hélène Challier

Le 2 août 2024, le tribunal administratif de Pau a suspendu l'arrêté d’Autorisation unique de prélèvement (AUP) du 12 juillet des Préfets des Pyrénées-Atlantiques, des Landes, des Hautes-Pyrénées et du Gers, fixant les volumes de prélèvement d'eau pour l'irrigation agricole dans le sous-bassin de l'Adour pour la période d’étiage 2024. Et il a donné 10 jours à l’administration pour réduire les autorisations. En attendant, les volumes de prélèvement « doivent être réduits forfaitairement de 25 % ». Si rien n’est fait, l’État risque une astreinte de 500 euros par jour de retard. 

 

Les volumes d'eau prélevés jugés trop importants

Portées par France nature environnement Occitanie Pyrénées, des associations environnementales locales (la SEPANSO 40 et 64, les Amis de la terre 32) avaient saisi le juge des référés du tribunal administratif de Pau le 18 juillet dans le but de réduire les volumes de prélèvement d’eau autorisés dans le bassin de l’Adour.

 

 

Dans sa décision, le juge des référés considère que « le mauvais état quantitatif et écologique de la majorité des masses d’eau superficielles et souterraines du sous-bassin de l’Adour », justifie cette baisse. Il juge que « les volumes prélevés sont supérieurs aux volumes prélevables » et qu’ils « aggravent la situation ».

 

L’État a 10 jours pour produire un nouvel arrêté

Sans attendre, les services préfectoraux ont élaboré un premier arrêté le 5 août, enseigne le communiqué du syndicat mixte Irrigadour paru le 6 août, qui répond « aux injonctions de la justice sur la période de transition avec une baisse individuelle de chaque volume autorisé de 25 % ». Un second arrêté fixant les nouveaux volumes est en cours de réalisation.

 

« au doigt mouillé, baisser de 25% le volume, c’est de l’amateurisme »

Une décision incompréhensible pour les irrigants

« Il y aura une réaction », prévient Jean-Luc Capes, élu d’Irrigadour, le syndicat mixte qui centralise les demandes d’AUP. Dans son communiqué de presse, Irrigadour déplore cette décision qui « reste incomprise et incompréhensible ». Jean-Luc Capes se dit « très surpris » : « l’an dernier, France nature environnement avait déjà saisi le tribunal, mais avait été déboutée ». Il dénonce une forme de « harcèlement » de la part de l'association qui réitère la démarche chaque année. Cette décision relève pour lui de « l’incompétence » : « au doigt mouillé, baisser de 25% le volume, c’est de l’amateurisme ». Et annonce : « c’est inadmissible, on va chercher à contester cette décision »

 

La crainte d’une baisse drastique des volumes

Le syndicat craint « une baisse considérable des volumes autorisés » pour les 3 500 irrigants concernés. Concrètement, chaque exploitant a dû réduire de 25% son volume autorisé. « Chacun a ses particularités » , justifie Jean-Luc Capes. « Ce qu’on attend avec impatience maintenant, c’est d’avoir le nouvel arrêté avec un nouveau volume », afin de clarifier la situation des irrigants pour la poursuite de la saison. 

Pour Franck Laborde, président de l’Association générale des producteurs de maïs (AGPM), le jugement « méprise ceux qui travaillent pour remplir nos assiettes ». 

 

Une pluviométrie supérieure de 50 %

Dans un contexte où la pluviométrie 2023-2024 a été supérieure de 50%, Irrigadour relève que « les nappes au 1er juillet sont nettement plus favorables qu’en 2022 ». Il rappelle que les 90 millions de mètres cube issus des ouvrages de stockage de l’Adour étaient plein en début de campagne, et le jour de la décision du tribunal, « à 91% de remplissage ».

 

Plus loin : Quelle part occupe l’irrigation agricole dans la consommation d'eau en France ?

 

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