Une transmission progressive sur cinq ans pour passer le relais
Lorsque l’exploitation construite au fil d’une carrière est trop lourde à reprendre, une transmission progressive peut constituer une solution intéressante. Cette formule permet également au cédant d’arrêter son activité dans de bonnes conditions.
Lorsque l’exploitation construite au fil d’une carrière est trop lourde à reprendre, une transmission progressive peut constituer une solution intéressante. Cette formule permet également au cédant d’arrêter son activité dans de bonnes conditions.
Fort d’une solide expérience en tant que salarié d’élevage et après plusieurs projets non aboutis, Dominique Croizer conservait l’envie de s’installer. C’est avec l’aide et les conseils de Loïc Laurent, animateur commercial chez Prestor, qu’il a pu reprendre l’élevage de Marie-Reine et Xavier Le Quernec à Saint-Tugdual, dans le Morbihan. Une transmission progressive lui a permis de financer l’opération et d’assurer une transition satisfaisante pour tous. C’est vers la cinquantaine, bien longtemps avant de prendre leur retraite, que Marie-Reine et Xavier ont commencé à préparer la transmission de leur élevage en créant deux sociétés destinées à séparer le foncier des biens bâtis. Une SCEA est donc venue porter les terres et une SARL a pris en charge la partie élevage. Entre autres avantages, cela permettrait ultérieurement de vendre l’élevage tout en restant propriétaire des terres.
En 2011, ils ont commencé à évoquer la transmission de leur outil, notamment au sein de leur groupement. C’est ce qui a amené Loïc Laurent à les mettre en relation avec Dominique. En 2012, celui-ci devient associé non exploitant en reprenant 5 % des parts. Bien que salarié par ailleurs, il passe autant que possible du temps sur l’élevage, pour se familiariser avec les bâtiments, leur fonctionnement, la façon de travailler de Xavier et Marie-Reine. En mars 2013, il s’installe officiellement, en reprenant 70 % des parts de la SARL, qui devient une EARL. Parallèlement, le bâtiment des truies est mis aux normes bien-être. Au 1er janvier 2017, Xavier prend sa retraite et Dominique devient propriétaire de 99 % des parts de l’EARL. Marie-Reine, quant à elle, travaille toujours à mi-temps et prendra sa retraite à la fin de l’année.
Un outil de travail à jour
À 42 ans, Dominique sera donc bientôt seul à la tête de l’élevage de 230 truies en naisseur-engraisseur avec 200 places de façonnage. Xavier et Marie-Reine restent propriétaires des 160 hectares de foncier, mis à disposition pour le plan d’épandage. Ils envisagent un bail à terme. Tous les protagonistes ont apprécié ce passage de témoin progressif. Pour Dominique, cela facilitait la reprise proprement dite, mais c’était aussi une phase de partage des responsabilités et du poids psychologique, le temps de connaître véritablement l’élevage. Pour les cédants, cette phase a été facilitée par le fait qu’ils ont toujours eu des stagiaires ou des salariés et donc l’habitude de ne pas travailler seul. Mais ils rappellent que le facteur humain est important. "Ça n’a pas toujours été facile, mais au jour le jour, chacun a œuvré pour que la démarche aboutisse."
L’un et l’autre s’accordent à dire que cette transmission a été largement facilitée par le fait que tout au long de leur carrière, Xavier et Marie-Reine se sont appliqués à investir régulièrement. Techniquement, ils se sont également efforcés de progresser constamment. Et c’est parce que leur outil de travail était « à jour » qu’ils ont pu le céder dans de si bonnes conditions. Le prix de vente a quant à lui été fixé dès le début de la démarche, étant entendu qu’il ne pourrait être révisé ni par les cédants ni par le repreneur. Cette précaution est saluée à l’unanimité pour avoir permis d’éviter des difficultés relationnelles ou des demandes de changement en cours de route, qui auraient pu faire échouer la transmission. Loïc Laurent souligne de son côté que les groupements et les banques sont très favorables à ce type d’opération. "La transmission progressive, qui suppose notamment un « tutorat » entre le cédant et le repreneur, est un gage de réussite", conclut-il.
Reprendre une exploitation pour la fusionner
À Pluherlin dans le Morbihan, Cédric Richard aura envisagé plusieurs projets avant de s’installer. Reprendre l’exploitation d’un tiers, s’associer… Il a finalement opté pour la reprise des autorisations d’exploiter d’un éleveur voisin, ainsi que de celles d’un prêteur, avant de fusionner avec l’élevage de ses parents. C’est donc très en amont qu’il a préparé son installation sur l’élevage familial et qu’il a anticipé pour se créer de bonnes conditions de début de carrière.
Aujourd’hui, il se trouve à la tête d’un élevage de 170 truies en naisseur-engraisseur total et d’une SAU de 120 hectares, mais, et c’est l’inconvénient de la formule, sur deux sites distants de cinq kilomètres. Il ne désespère cependant pas d’évoluer, pour regrouper à terme la totalité de l’élevage sur un seul site. En attendant, il a passé les truies sur paille, mis un terme au façonnage et conduit une réflexion sur son autonomie alimentaire, via du maïs humide et le broyage du blé notamment.
Prestor accompagne l’installation des jeunes
L’accompagnement réalisé par Prestor concerne la totalité de la démarche d’installation. Par la tenue d’un répertoire d’éleveurs en fin de carrière, il oriente les postulants à la reprise, et détermine les investissements à réaliser. Il s’assure également que les prêteurs de terres signent les nouveaux contrats et que tout soit aux normes. Il aide enfin à la constitution du dossier.