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Une organisation collective pour gérer le syndrôme porcin SDRP

Avec, certes, une intensité variable selon les régions, le syndrome dysgénique respiratoire porcin (SDRP) continue de perturber les élevages français. Le 9 décembre, l’OS porc Bretagne et l’Anses ont fait le point sur sa maîtrise.

Le transport d'animaux vivants est l'un des principaux facteur de risque de l'introduction du SDRP dans un élevage.
Le transport d'animaux vivants est l'un des principaux facteur de risque de l'introduction du SDRP dans un élevage.
© D. Poilvet

« Pour améliorer la compétitivité de nos élevages, nous avons l’ambition d’éradiquer le SDRP, qui est l’une des trois maladies entraînant le plus d’impacts technico-économiques dans les élevages de porcs. Pour notre région, la perte est estimée à 30 millions chaque année », rappelait David Riou, président de l’OS porc Bretagne, le 9 décembre, à l’occasion d’un colloque organisé avec l’Anses sur la maîtrise de cette pathologie.

Une nécessaire maîtrise collective

Les interactions entre élevages et la diversité des voies de contaminations rendent nécessaire une approche collective pour espérer une maîtrise de cette maladie, surtout dans les zones à forte densité. La profession y travaille depuis 2016. Alors même que la maladie n’est pas réglementée, l’ANSP (Association nationale sanitaire porcine) a élaboré une stratégie nationale de maîtrise du SDRP basée sur deux piliers : l’harmonisation du statut des élevages vis-à-vis de cette maladie, et la mise en place de règles de gestion des mouvements d’animaux à l’échelle du territoire. 

Les élevages sont catégorisés selon quatre statuts : négatif (animaux non vaccinés et séronégatifs), intermédiaire (truies vaccinées, porcs non vaccinés et séronégatifs), positif (au moins un résultat sérologique positif), inconnu. Selon la prévalence dans la zone, d’un à trois contrôles de suivi sont effectués dans les élevages de statut négatif ou intermédiaire. « Plus la maladie est présente autour de l’élevage, plus il faut d’efforts de contrôle », reconnaît Roxane Rossel, vétérinaire à l’ANSP.

 

 
«Un camion peut contaminer un élevage négatif après avoir passé dans un élevage de statut inconnu .»
«Un camion peut contaminer un élevage négatif après avoir passé dans un élevage de statut inconnu .» © C; Julien

 

Les mouvements d’animaux sont une source importante de contamination. Leur gestion est un point clé de la lutte contre le SDRP. Ils doivent être gérés selon le statut des élevages, pour préserver les négatifs, puis les élevages en statut intermédiaires, en finissant par les positifs et ceux dont le statut n’est pas déterminé. « Les opérateurs de transport ont accès aux statuts sur BDporc pour organiser leurs tournées. Ils doivent veiller à ce qu’aucun camion n’aille dans un élevage de statut positif avant d’aller dans un négatif », rappelle Roxane Rossel. « Une tournée non conforme représente toujours un risque », partage Arnaud Lebret, vétérinaire chez Porc. Spective. Il témoigne de la recontamination SDRP d’un élevage morbihannais de 600 truies naisseur, négatif depuis 2007. « Une enquête épidémiologique de l’Anses a émis la possibilité d’introduction du virus suite au passage d’un camion de ramassage de porcs charcutiers qui avait chargé auparavant des animaux dans un élevage de statut inconnu », regrette-t-il.

Différentes stratégies régionales

En plus de ces mesures nationales, chaque région peut élaborer son propre plan de lutte. Ainsi, en Bretagne, un plan de lutte régional existe depuis 2013. Il s’est d’abord concentré sur la protection des élevages négatifs. Depuis 2020, ceux de statut intermédiaire ont été inclus, dans une stratégie de protection qui passe par la vaccination, les mesures de biosécurité et l’organisation des transports selon le statut des élevages. Ces élevages sont contrôlés tous les 4 mois. « Le suivi des tournées a permis de détecter 5 % de tournées non conformes en 2020. Depuis 2022, ce taux descendu à 4 % », souligne Laurie Detrimont, de l’OS porc Bretagne. Certaines régions ont fait le choix d’un plan de maîtrise avec une gestion des foyers. C’est le cas de la Normandie, des Pays de la Loire, de la Nouvelle-Aquitaine, de l’Occitanie et de la Bourgogne-Franche-Comté. « C’est notre stratégie en Nouvelle-Aquitaine, partage Roxane Rossel. La moindre densité rend possible l’assainissement en cas de foyer par abattage total progressif. Ça fonctionne mais le coût est élevé. » Les autres régions n’ont pas formalisé de plan de lutte. « Malgré la présence du SDRP avec des épisodes à fort impact, il n’y a pas d’action collective dans le Nord-Pas-de-Calais, juste des initiatives personnelles d’éleveurs pour assainir leur propre élevage », regrette Olivier Toulouse, vétérinaire à la clinique Vet Flandres. Il souligne également que le contrôle des importations depuis les naisseurs belges ou néerlandais serait essentiel pour la maîtrise de la maladie.

Mieux comprendre les voies de contamination

Le virus du SDRP contamine les animaux par transmission directe mais aussi indirecte (par la semence ou des vecteurs comme les personnes ou les camions).

Pour mieux comprendre, et donc prévenir les voies de contamination du SDRP, l’Anses a réalisé des enquêtes épidémiologiques qui mettent en avant trois points critiques essentiels.

Le premier reste le transport d’animaux. « En plus de l’organisation des tournées en fonction du statut des élevages, il faut veiller à bien décontaminer le quai de chargement, conseille Christelle Fablet, ingénieure de recherche à l’Anses. Il faut limiter des allers-retours entre différentes parties du bâtiment et le quai. Ce dernier doit être éloigné des entrées d’air. »
 
Pascal Hourcq, Breizpig. «Le risque de contamination par voie aérienne est très faible à l’instant T. Mais il est non négligeable sur un temps long.»
Pascal Hourcq, Breizpig. «Le risque de contamination par voie aérienne est très faible à l’instant T. Mais il est non négligeable sur un temps long.» © C. Julien
La transmission aéroportée du virus est en débat. « Le risque de contamination par voie aérienne est très faible à l’instant T. Mais il est non négligeable sur un temps long », souligne Pascal Hourcq, vétérinaire Breizhpig. « Certaines circonstances peuvent renforcer ce risque : proximité d’élevages sous les vents dominants, forts coups de vent, épisode de SDRP dans un élevage voisin… »
L’aire d’équarrissage peut aussi être un point faible pour la biosécurité si elle est trop proche des bâtiments. L’organisation des tournées d’équarrissage selon le statut des élevages étant difficilement maîtrisable, il est possible de limiter les risques d’introduction du virus en aménageant un accès extérieur pour le camion d’enlèvement, et en réalisant des décontaminations après chaque passage. Il faut aussi éviter les allers-retours trop fréquents entre l’aire d’équarrissage et l’élevage.

La vaccination, arme essentielle de l’assainissement

 

 
La vaccination permet d’amoindrir l’impact de la maladie et de bloquer la circulation du virus.
La vaccination permet d’amoindrir l’impact de la maladie et de bloquer la circulation du virus. © D. Poilvet
À l’introduction du virus dans un élevage, apparaît une forme épizootique de la maladie avec la contamination de 60 à 90 % des animaux. Ils présentent des troubles de la reproduction et respiratoires. « L’intensité des symptômes varie selon les souches », rappelle Olivier Bourry, vétérinaire virologue à l’Anses. En général, les performances des truies reviennent à la normale en quelques mois avec le développement d’une immunité. Mais des troubles persistent en post-sevrage et en engraissement du fait du renouvellement permanent d’animaux à faible immunité. Les troubles peuvent être plus importants et persistants quand le SDRP sévit en même temps qu’une autre pathologie. La vaccination, avec des vaccins inactivés ou vivants atténués, amoindrit l’impact de la maladie et bloque la circulation du virus. Pour éviter des recombinaisons de souches, mieux vaut utiliser le même vaccin pour tout le cheptel. Si, en conditions expérimentales, l’efficacité de la vaccination est optimale, les décalages entre la vaccination et l’exposition au virus, la présence d’autres infections, comme la grippe, la pénalisent en élevage. « Chez les porcelets, les anticorps d’origine maternelle interfèrent également avec l’efficacité de la vaccination », complète Olivier Bourry.

 

Repères

Une maladie à surveillance et notification obligatoire

Depuis le 21 avril 2021, la loi européenne sur la santé animale a réparti 63 maladies en 5 catégories selon leur impact sanitaire. Le SDRP a été classifié DE, maladie à surveillance et notification obligatoire. Seuls les élevages soumis à certification (centres d’insémination, sélectionneurs) doivent déclarer leurs cas.

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