"Nous avons axé notre installation sur la spécialisation en porc et l’autonomie"
L’installation de Sylvain et Sébastien Morfoisse à la suite de leurs parents a permis de repenser le fonctionnement et les objectifs de l’exploitation familiale, avec pour objectif une spécialisation en production porcine et une autonomie renforcée.
L’installation de Sylvain et Sébastien Morfoisse à la suite de leurs parents a permis de repenser le fonctionnement et les objectifs de l’exploitation familiale, avec pour objectif une spécialisation en production porcine et une autonomie renforcée.
À l’EARL Traulier à Illifaut, dans les Côtes-d’Armor, Sylvain et Sébastien Morfoisse se sont installés en 2020. Ils ont repris l’exploitation familiale, à la suite de leurs parents qui exploitaient un atelier porcin de 140 truies naisseur-engraisseur avec une Faf, 60 vaches laitières, un bâtiment dindes de chair de 1 000 m² et 87 hectares de SAU.
« Notre objectif était de nous spécialiser dans la production porcine, de rechercher l’autonomie alimentaire et de ne plus dépendre des prêteurs de terres, explique Sébastien. Nous voulions aussi maintenir une exploitation de taille familiale, qui permette de dégager un revenu correct et conçue pour que les banques adhèrent au projet. » En complément de la reprise de l’exploitation familiale, Sébastien a fait l’acquisition d’une exploitation voisine, à 400 mètres du site principal, avec 140 truies naisseur-engraisseur et 40 hectares de SAU. Sylvain, lui, a racheté une exploitation d’une cinquantaine de vaches limousines, un bâtiment de poulets et 87 ha.
Évaluer précisément la charge de travail
Il leur a fallu environ deux ans de réflexion pour caler leurs objectifs de production, rechercher une cohérence sur l’exploitation entre les productions et vérifier la faisabilité au niveau du travail sur les aspects volume et pénibilité. Pour ce faire, Sébastien et Sylvain ont évalué et quantifié leur charge de travail. Ils ont également fait appel à l’outil « Ma calculette Temps de travail », une application web des Chambres d’agriculture de Bretagne qui permet en quelques clics de connaître la charge de travail prévisionnelle sur l’exploitation. Cette restructuration de l’exploitation s’est faite au cours de l’année 2020 avec l’arrêt de l’activité volaille et la diminution du nombre de vaches.
Un nouveau bloc naissage de 200 truies
L’activité porcine a été restructurée, avec pour principal objectif de réunir toutes les truies sur le site principal où l’aliment est fabriqué via une Faf complète. « Je voulais engraisser tous les porcelets sevrés sur l’exploitation, précise Sébastien. Du coup, pour déterminer le nombre de truies nécessaire, nous sommes partis du nombre de places d’engraissement en bon état sur les deux sites. Il fallait 200 truies présentes pour répondre à mes objectifs, et être quasiment autonome en plan d’épandage. » Une partie des bâtiments étant vieillissante et compliquée à rénover, les deux frères ont fait le choix de construire un bloc naissage - post-sevrage neuf. Le cahier des charges incluait un objectif de marche en avant au sein de l’élevage, l’automatisation de l’alimentation de tous les animaux, et des bâtiments fonctionnels et dans lesquels il est agréable de travailler. La maternité a été équipée de cases liberté « pour répondre aux attentes sociétales et anticiper des futures normes, précise Sébastien. J’ai eu la chance de pouvoir les valoriser avec le cahier des charges Collectif 2 de Kermené. Ce contrat minimise les risques financiers. Il repose sur une indexation du prix du porc sur le prix d’aliment pour environ 50 % des porcs vendus. » Le site principal a été dépeuplé, pour être repeuplé avec une nouvelle génétique (cochettes Topigs TN 70 et verrat Duroc Danbred). En parallèle, les truies du second site ont été maintenues pendant la période des travaux, qui ont duré environ un an et demi. L’éleveur justifie le choix d’une conduite en quatre bandes avec un sevrage à 28 jours. « Elle permet d’avoir des semaines plus tranquilles et facilite la surveillance des mises bas. Les tâches pénibles reviennent moins souvent et sont effectuées à deux. » Tous les porcelets sont sevrés sur le site principal. Trente jours après, un tiers des plus petits sont transférés sur le second site, où ils seront engraissés. Les porcelets les plus lourds restent sur l’atelier naissage « ce qui permet de n’avoir qu’une seule bande en post-sevrage et de passer les animaux en engraissement autour de 19 kilos en alimentation soupe et avec de l’aliment fabriqué à la ferme ». L’autonomie alimentaire pour l’atelier porcin est d’environ 70 %, avec peu d’achats de céréales à l’extérieur.
Fiche élevage
EARL de Traulier à Illifaut (Côtes d’Armor)
Les partenaires
Un premier bilan prometteur
Il n’y a pas eu de gros soucis pendant la restructuration des bâtiments. Mais la période avec deux troupeaux à gérer en même temps sur les deux sites a demandé plus de présence et une grande vigilance sur les aspects sanitaires. « Aujourd’hui l’élevage porcin est en régime de croisière et les performances techniques dépassent déjà les objectifs, commente Sébastien. Nous sommes très satisfaits des résultats techniques et de l’amélioration des conditions de travail. Désormais, l’objectif principal est de conserver un bon statut sanitaire et de maintenir des performances technico-économiques de haut niveau. » Les deux frères sont également en réflexion pour produire de l’énergie avec des panneaux photovoltaïques.