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Une fosse pour vacciner 1 200 porcelets à l’heure

Henri et Alain Cornec ont fait le choix d’intégrer le travail au cœur de leur réflexion, lors la construction de leur nouveau bâtiment de post-sevrage.

Henri et Alain Cornec, éleveurs à Ploudiry, dans le Finistère, à la tête d’un atelier de quatre cent cinquante truies naisseur-engraisseur, ont souhaité mettre le travailleur au cœur de leur nouveau post-sevrage, notamment en améliorant l’organisation de la vaccination des porcelets en post-sevrage. Grâce à la mise en place d’une fosse de vaccination dans le couloir d’accès au bâtiment, la vaccination des mille deux cents porcelets de chaque bande ne prend plus aujourd’hui qu’une heure avec l’équipe de trois personnes, contre trois heures auparavant, et dans un confort de travail nettement supérieur. Pour arriver à ce résultat, Henri et Alain se sont entourés du service bâtiment de leur coopérative Triskalia, et de Marie Rannou conseillère prévention à la MSA d’Armorique.

La vaccination des mille deux cents porcelets à lieu à 35 jours d’âge. Auparavant ils étaient vaccinés dans leur case. L’opération durait trois heures à trois personnes, et se faisait en deux fois, six cents porcelets le matin et les six cents restants en début d’après-midi. Cette configuration n’était plus tenable pour l’équipe en raison des douleurs lombaires des uns et aux poignets pour d’autres. « Si je voulais garder mon équipe, il fallait absolument améliorer les conditions de travail », commente Henri Cornec. La réflexion s’est vite portée sur un système à poste fixe dans un couloir aménagé où l’opérateur n’aurait plus à se baisser. Henri a alors souhaité visiter d’autres installations, pas si nombreuses en réalité. Deux possibilités se sont présentées : faire monter les porcelets à l’aide d’un élévateur, ou faire descendre le travailleur pour que les porcelets n’aient pas à monter ou descendre. L’idée d’un élévateur a vite été abandonnée, car les temps n’auraient pas été optimisés. C’est en voyant une fosse de vaccination que son idée a pris forme : plutôt que de concevoir une fosse latérale avec une seule case vue lors d’une visite, il a imaginé une fosse centrale avec une case de chaque côté. Il fallait simplement prévoir une largeur de couloir permettant de l’intégrer, ce qui n’est pas un problème lorsqu’on anticipe la construction. Le couloir fait donc deux mètres de large, la fosse 50 cm, et les deux cases respectivement 70 et 80 cm avec une cloison de 50 cm de hauteur. La profondeur de la fosse est de 75 cm. La hauteur du sol et adapté à la taille du travailleur par la pose de madriers.

Un travail d’équipe

Cette disposition permet d’optimiser le rôle des trois salariés concernés par cette tâche : une personne transfère les porcelets de la case de post-sevrage à la première case de vaccination. Les deux autres personnes vaccinent cette case le temps d’en acheminer une seconde, et ainsi de suite. Il n’y a donc aucun temps mort, et chacun travaille à sa tâche dans le calme et sans précipitation. La longueur de la fosse est de cinq mètres pour permettre à deux personnes d’y travailler en même temps. Il s’avère qu’aujourd’hui une personne travaille dans la fosse, et une autre bloque les porcelets à l’aide d’un panneau dans la case, et les libère à l’arrière au fur et à mesure de la vaccination.

Il faut environ deux minutes à Damien et Cindy pour vacciner une case de trente-huit porcelets. C’est le temps que met Julie à renvoyer les porcelets vaccinés dans leur case et en acheminer une nouvelle. À noter aussi que la tâche étant plus rapide et générant moins d’efforts, le port de masque anti-poussière est mieux accepté. L’amélioration des conditions de travail suit ainsi un cercle vertueux. Pour optimiser encore plus le confort des travailleurs, de larges fenêtres sont présentes pour avoir accès à la lumière du jour, et les parois extérieures sont isolées. Une fois le travail terminé, les cloisons se rangent en deux minutes sur des supports fixés au mur. Deux socles en caillebotis plastique viennent reboucher la fosse pour libérer le couloir, jusqu’à la prochaine séance quatre semaines plus tard.

Le dispositif est très bien réfléchi et l’organisation particulièrement efficace. Selon les utilisateurs, il serait bénéfique de pouvoir faire varier la hauteur du plancher de fonds de fosse pour s’adapter à toutes les tailles de travailleurs. Une autre amélioration serait de réduire la case la plus large de 80 à 70 cm, pour moins se pencher lors de la vaccination des porcelets situés sur le bord opposé.

chambres d’agriculture de Bretagne

 

 

Vient de paraître

Trucs & astuces en élevage porcin

L’équipe porc des chambres d’agriculture de Bretagne a collecté un certain nombre de « trucs et astuces » en élevage et les a rassemblés dans un guide à destination des éleveurs, des techniciens de coopératives et des élèves des centres de formation. Ce guide est un recueil de fiches détaillant les caractéristiques techniques, le coût et la facilité de fabrication, les avantages et inconvénients, les conseils et mise en garde ainsi que des avis d’utilisateurs et d’experts, le tout complété par des photos en situation et des schémas. Une des fiches aura pour thème cette fosse de vaccination. Vous retrouverez régulièrement ces fiches dans Réussir-Porc/Tech-Porc.

www.chambres-agriculture-bretagne.fr

 

 

avis d'expert

Marie Rannou, conseillère en prévention des risques professionnels, MSA Armorique

"Il faut pousser plus loin la réflexion"

"Lorsqu’un exploitant nous contacte pour un accompagnement, il a généralement déjà son projet bien en tête. Notre apport, au service prévention des risques professionnels, est de le pousser plus loin dans sa réflexion, pour intégrer non seulement les contraintes de travail d’aujourd’hui, mais essayer d’anticiper celles de demain en fonction de son projet. Nous l’alertons également sur des risques peut-être moins évidents de prime abord : risques chimiques, psychosociaux, conformité des machines…

Pour sa fosse de vaccination, Henri avait bien réfléchi son projet avec ses salariés. De mon point de vue, ce qui fait la force de cette installation, c’est son côté évolutif. En effet, en prévoyant deux couloirs, et une profondeur plutôt généreuse dès le départ, on peut imaginer, à long terme, rendre le fond de fosse réglable à la hauteur de l’opérateur. De même, comme l’installation est fixe, le poste de travail peut être adapté en fonction des évolutions techniques : si demain, les seringues sont lourdes (comme lorsqu’il y avait les seringues double corps), pourquoi pas un équilibreur pour porter l’outil ? On peut également imaginer un tapis antifatigue au pied de l’opérateur. Les contraintes existent encore mais cette installation autorise également plusieurs organisations de travail en équipe. Il nous reste donc encore quelques pistes pour améliorer cette séquence de travail !"

MSA Armorique

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