Un centre d’insémination artificielle porcin danois contaminé par un virus SDRP issu de deux souches vaccinales.
Au Danemark, un centre d’insémination artificielle (CIA) porcin a été infecté par une souche de SDRP fin juillet 2019. Cette souche n’avait encore jamais été observée dans le pays car elle est issue d’une recombinaison entre deux souches vaccinales. Ce virus recombinant serait apparu dans un élevage voisin où deux vaccins vivants avaient été utilisés successivement. La nouvelle souche s’est ensuite propagée par la semence des verrats dans une quarantaine d’élevages danois, avec plusieurs milliers d’animaux infectés. La maladie est apparue notamment dans les troupeaux présentant une immunité insuffisante vis-à-vis du SDRP, avec des symptômes cliniques comparables à ceux provoqués par les souches virulentes sauvages. Début novembre, le Danemark a donc décidé de suspendre la commercialisation d’un des deux vaccins utilisés dans les élevages porcins danois, de manière à éviter l’apparition d’autres virus recombinants. En France, l’Anses a également publié une note sur ce sujet le 22 novembre. L’agence y précise qu’une recombinaison semblable à celle observée au Danemark est susceptible de survenir en France, où cinq vaccins vivants contre le SDRP sont autorisés. Elle recommande donc de ne pas utiliser dans un même élevage des vaccins SDRP vivants différents, que ce soit de manière concomitante ou consécutive. Les porcs charcutiers et les cochettes semblent être particulièrement à risque, car ils présentent souvent une immunité insuffisante vis-à-vis du SDRP. L’Anses recommande également une surveillance accrue de tout événement suspect sur le terrain relatif à cette pathologie, notamment l’apparition de symptômes marqués de la maladie dans des élevages vaccinés.
Avis d’expert : Anne Hémonic, vétérinaire Ifip-Institut du porc
« Un cas français en 2014 »
« Le phénomène de recombinaison des virus SDRP est connu. En France, un cas avait déjà été détecté dans un élevage de porcs en 2014. Selon l’Anses, la souche recombinante avait entraîné une virémie plus importante, une excrétion virale prolongée et une persistance chronique dans l’élevage. Face à ces résultats, les auteurs de l’étude avaient recommandé de ne pas changer de souches vaccinales SDRP dans un laps de temps réduit et de ne pas vacciner les mêmes animaux avec deux souches vaccinales SDRP différentes. Ce sont donc globalement les mêmes recommandations qui ressortent aujourd’hui suite au cas danois.
Par ailleurs, concernant la contamination du CIA danois, rien n’a été précisé sur la manière dont le virus a pénétré dans l’établissement. En plus des études à réaliser sur la souche recombinante, une enquête devra donc aussi être menée pour déterminer quelles ont été les failles en matière de biosécurité dans le CIA. »