Un groupe d’éleveurs de porcs normand échange sur les résultats technico-économiques
Dans l’Orne, une douzaine d’éleveurs de porcs se réunit régulièrement pour s’informer et échanger sur les différents points techniques de leurs élevages en se basant sur leurs résultats techniques et technico-économiques.
Dans l’Orne, une douzaine d’éleveurs de porcs se réunit régulièrement pour s’informer et échanger sur les différents points techniques de leurs élevages en se basant sur leurs résultats techniques et technico-économiques.
Depuis le départ non remplacé du technicien de la chambre d’agriculture de Normandie, Georges Mézière, des éleveurs de porcs normands ont pris les choses en main en fondant une association, le Club des cochonniers qui cogitent (CCC). Animés par une grande curiosité sur tout ce qui concerne la production porcine, l’objectif de ces éleveurs est de se retrouver régulièrement, indépendamment de toute structure professionnelle. « Ce groupe est sans étiquette », prévient Marc Simoen, éleveur à Sainte-Céronne-lès-Mortagne dans l’Orne et président du Club. « Nous sommes tous adhérents à un groupement, et nous faisons appel à leurs services. Mais pour l’analyse technique et technico-économique de nos outils de production, ça se fait entre nous. »
Une fois par an depuis 2015, ils sollicitent Brigitte Badouard de l’Ifip pour présenter et analyser les résultats techniques et technico-économiques (GTTT, GTE et Tableau de bord) de chacun d’eux. Adhérents à quatre groupements différents, certains sont engraisseurs, la majorité naisseur engraisseur, de taille moyenne de 125 à près de 500 truies présentes. Ils ont des pratiques, des objectifs, des contraintes différentes qu’ils confrontent, comparent, échangent dans une ambiance constructive, toujours curieux d’apprendre des autres. C’est là une expérience originale, qui constitue pour Brigitte Badouard, un observatoire de la production porcine française. Ils ont été parmi les premiers à demander l’ouverture d’un compte GT-Direct pour analyser leurs résultats GTTT-GTE comparativement aux références, puis plus récemment, à tester et valider le module PertMat. Ils ont ainsi pu analyser les pertes en maternité, identifier les facteurs explicatifs et discuter des mesures à mettre en place.
Cerner ses points faibles et progresser
Au-delà des réunions annuelles d’analyse des résultats, les membres du CCC font également appel à différents spécialistes de l’Ifip pour des journées d’interventions (bien-être animal, bâtiments…) au cours desquelles ils attendent des informations sur les réglementations et des évolutions à prévoir pour leurs élevages mais aussi des informations sur la situation à l’étranger. Ces prestations sont payantes. L’association n’étant pas agréée en tant qu’organisme de formation, ils peuvent cependant bénéficier du fonds d’assurance formation Vivea grâce à l’implication du Centre de formation de Canappeville.
Au fil des ans, certains éleveurs du groupe sont partis à la retraite. Mais de jeunes éleveurs sont arrivés, à l’image de Boris Mousset, installé depuis cinq ans à La Mesnière dans l’Orne avec sa mère à la tête d’un atelier de 145 truies naisseur engraisseur Label rouge. « Mes performances techniques se sont améliorées grâce au CCC », explique-t-il. « L’analyse de mes résultats et les échanges avec les autres éleveurs m’ont permis de cerner mes points faibles, et de mettre en place des techniques innovantes. Tout ceci sans esprit de compétition et dans le respect de chacun. » Un état d’esprit également partagé par les plus anciens. « Nous transmettons notre expérience à la jeune génération, complète Marc Simoen. En contrepartie, les jeunes apportent leurs compétences, notamment en matière d’informatique et de réseaux sociaux. Rien n’est acquis. Nous devons sans cesse nous remettre en cause pour progresser. »
Progressivement, les liens entre les membres du CCC se sont renforcés. Des voyages à l’étranger ont été organisés pour découvrir d’autres modèles de production, et aussi pour passer quelques moments de détente ensemble. « Au-delà de l’aspect professionnel, nous privilégions les relations humaines. Cet aspect a aussi grandement contribué à la pérennité du groupe », concluent les deux éleveurs.