PertMat de l'Ifip analyse les pertes en maternité
L’outil web PertMat mis au point par l’Ifip explore les facteurs explicatifs des taux de pertes en maternité et propose des axes de progrès.
L’outil web PertMat mis au point par l’Ifip explore les facteurs explicatifs des taux de pertes en maternité et propose des axes de progrès.
L’Ifip propose PertMat, un outil Web branché sur la base de données de gestion technique du troupeau de truie (GTTT). À partir de l’ensemble des données de l’élevage, il propose à l’éleveur et son technicien une analyse en comparant ces informations aux portées contemporaines ou historiques de la base de données nationale (plus de 600 000 portées chaque année). La situation de chaque élevage est unique. Certains facteurs contribuent quasi systématiquement à l’explication des taux de pertes, comme la taille de la portée allaitée. D’autres agissent uniquement dans certains élevages compte tenu d’un contexte particulier, et parfois ponctuellement dans le temps. PertMat permet une analyse exhaustive de tous les facteurs susceptibles d’agir sur le taux de pertes parmi ceux disponibles dans les bases de GTTT, et ce, sans aucune saisie complémentaire.
L’analyse démarre par la présentation du profil des pertes en maternité de l’élevage : pertes sur nés totaux, sur nés vivants, mort-nés et momifiés et les performances de prolificité de l’élevage. L’éleveur choisit le taux de pertes qu’il souhaite analyser. La démarche est identique pour chacun d’eux. PertMat présente d’abord les résultats de l’élevage globalement sur la période choisie selon deux axes :
L’augmentation de la prolificité s’est souvent accompagnée de portées plus hétérogènes, de porcelets très légers, moins vigoureux, ou encore de nombreux porcelets surnuméraires (plus nombreux par portées que les tétines disponibles) et en conséquence plus de pertes de porcelets. C’est pourquoi il est important d’analyser les pertes en fonction du niveau de prolificité. L’élevage est positionné dans un nuage de points parmi tous les autres producteurs connus dans la base selon deux critères : le taux de pertes analysé et le nombre de porcelets nés par portée correspondant (nés totaux + momifiés, nés totaux ou nés vivants).
Un test statistique pour cerner les vraies causes de pertes
L’explication des pertes est multifactorielle. Dans l’outil PertMat, plus de 12 facteurs de risque sont évalués, en lien avec les caractéristiques des portées (nés vivants, mort-nés, momifiés, rang de portée, durée gestation, saison, mois, jour de mise bas), des truies (type génétique, âge à la 1re mise bas), à la conduite (étalement des mises bas, effet de la bande, pratiques d’adoptions, gestion des surnuméraires…). PertMat réalise un test statistique sur chaque facteur pour chaque type de mortalité. Il permet d’identifier les facteurs significatifs qui influencent ces pertes dans l’élevage. Une étude sur 250 élevages à très fort niveau de prolificité conduite en 2019 par l’Ifip a montré que tous les facteurs testés par PertMat interviennent dans l’explication des pertes. Certains pèsent dans une grande majorité des élevages comme la taille de la portée allaitée ou le nombre de nés vivants. Les stratégies de gestion des portées allaitées semblent insuffisantes dans beaucoup d’élevages pour limiter la mortalité dans les grandes portées. D’autres facteurs comme le rang de portée, ou plus rarement le type génétique de la truie ou la saison de mise bas sont moins présents mais peuvent avoir un effet marqué dans certains élevages.
La taille de la portée, élément explicatif majeur
Pour chaque type de pertes, les portées de l’élevage sont regroupées selon le nombre de nés vivants ou nés totaux. PertMat calcule le taux de pertes pour chacun des groupes. Un test statistique permet de savoir si, dans l’élevage, les taux de pertes sont significativement différents entre eux. Ils sont également comparés visuellement à ceux de l’ensemble des élevages de la base. Sur la base de ces analyses, PertMat génère automatiquement deux commentaires pour chaque facteur :
Comment se situe l’élevage par rapport à la référence ?
Un espace libre est disponible pour noter un complément apporté par le technicien lors de l’analyse des résultats avec l’éleveur, un point de vigilance, ou un rappel. Pertmat analyse également les pertes selon la saison des mises bas : en été (de juillet à octobre) et hors été. Chacune de ces saisons comporte des risques différents, plus ou moins bien maîtrisés en élevage. L’affichage des taux de pertes mois par mois de mise bas permet d’affiner l’analyse.
Des fiches techniques explicatives seront progressivement mises en ligne dans l’outil. Ils préciseront pour chaque facteur les effets sur les pertes et les éventuels axes de progrès. D’autres facteurs pourraient être étudiés, à condition de réaliser des enregistrements complémentaires : épaisseur de lard dorsal et consommation individuelle des truies, poids des porcelets, paramètres d’ambiance… Les captures et échanges de données automatiques, en test actuellement, pourraient trouver là une valorisation intéressante auprès des éleveurs.
Mes conseils
Sylviane Boulot, Ifip-Institut du porc
On peut lister pléthore de solutions pour améliorer la survie en maternité. Mais en pratique, la difficulté sera de faire le tri pour tenir compte des priorités de chaque élevage ! Un outil expert comme PertMat est donc très précieux, car il permet automatiquement et rapidement, sans questionnaires, ni enregistrements spécifiques, de passer par les étapes essentielles d’un « audit maternité » :
PertMat va au-delà de la GTTT classique : évaluations chiffrées et graphiques, possibilité de croiser des facteurs et comparaisons à d’autres élevages, fiches conseil sont de vrais plus. Pour adopter une démarche exhaustive et connaître les outils complémentaires de PertMat, l’Ifip propose des formations pratiques en élevage, ou à distance. Plus d’une centaine de techniciens ou éleveurs en ont bénéficié.
Un écart de marge de 100 euros par truie et par an
L’augmentation de la prolificité s’est accompagnée d’une augmentation des pertes en maternité. Elles sont une préoccupation majeure en élevage aujourd’hui, à la fois pour des raisons économiques et éthiques. Les écarts observés autour des valeurs moyennes permettent d’envisager des marges de progrès dans bon nombre d’élevages. D’un point de vue économique, l’écart de taux de pertes sur nés vivants entre le tiers supérieur et inférieur de la base nationale correspond, sur la base des données économiques 2019, à un écart de marge de près de 100 euros par truie et par an.
Pourcentage de pertes sur nés vivants selon le nombre de nés vivants par porté
PertMat positionne l’élevage dans le nuage de points composé de l’ensemble des élevages de la base nationale, Ce visuel permet de situer le niveau de pertes analysé (sur nés totaux, nés vivants, momifiés ou mort nés) en fonction du nombre de porcelets par portée correspondant (nés totaux + momifiés, nés totaux, ou nés vivants).
Analyse des pertes sur nés vivants selon la taille de la portée (nés vivants)
Le taux de pertes de l’élevage en fonction de la prolificité des truies est comparé à la base de données nationale. L’analyse de la conduite des porcelets surnuméraires, (portées adoptives, dispositifs d’allaitement artificiel…) disponible dans l’outil fin 2020, complétera efficacement l’outil.