Grippe : Mieux prévenir les zoonoses d’influenza porcin
Au-delà de l’impact économique, la grippe porcine causée par les virus de l’influenza de type A inquiète par son risque de transmission à l’homme. La prévention des zoonoses est un enjeu essentiel de santé publique surtout en ces temps de pandémie. Ceva, lors d’un symposium, a établi un état des lieux et donné quelques perspectives.
Au-delà de l’impact économique, la grippe porcine causée par les virus de l’influenza de type A inquiète par son risque de transmission à l’homme. La prévention des zoonoses est un enjeu essentiel de santé publique surtout en ces temps de pandémie. Ceva, lors d’un symposium, a établi un état des lieux et donné quelques perspectives.
De même type que chez l’homme, la volaille et les équidés, les virus grippaux influenza porcin (swIAV) inquiètent les autorités de la santé animale mais aussi publiques. En effet, les swIAV sont des agents zoonotiques, c’est-à-dire qu’ils peuvent infecter l’humain.
Ainsi, pour l’Anses, enrayer leur introduction, leur diffusion et leur persistance dans les élevages de porcs constituent un challenge majeur à relever sachant que plus de 25 % des sous-types d’influenza détectés en Europe sont apparentés à la souche H1N1 pandémique de 2009 (H1N1pdm). Mais pour cela, encore faut-il mieux les connaître pour appliquer le bon protocole.
Forte exposition du Nord-Ouest à la grippe
D’après une étude menée conjointement par Ceva et l’Anses (laboratoire de Ploufragan-Plouzané-Niort) auprès de 116 élevages du nord-ouest de la France entre février et mars dernier, la séroprévalence de la grippe porcine a été de 91 % en 2022. C’est-à-dire que 9 exploitations sur 10 ont été infectées par la grippe porcine, puisque leurs porcs charcutiers possédaient des anticorps dirigés contre les swIAV. De plus, un tiers des élevages présentaient des infections par plusieurs lignages, soit une situation propice aux réassortiments viraux, c’est-à-dire à la recombinaison de deux virus pour former un nouveau variant. « Les résultats d’une surveillance événementielle menés en 2021 avaient révélé l’implication du virus de type H1avN2 dans la majorité des cas cliniques investigués, constate Agnès Jardin, responsable technique de la gamme porc chez Ceva. L’enquête sérologique a également confirmé la présence d’autres germes Influenza de lignages différents dans les élevages mettant ainsi en évidence des circulations virales avec sans doute moins de signes cliniques visibles. » Et de poursuivre : « Le nord-ouest de la France subit une très forte pression infectieuse avec une diversité grandissante et en constante évolution des lignages viraux en circulation comme le virus H1avN2. D’origine danoise et introduit en France en 2020, ce dernier a contaminé depuis de nombreux élevages ». Ainsi entre 2022 et 2023, la circulation de H1avN2 reste soutenue mais est en recul. Le H1avN1 qui dominait jusqu’en 2020 est toujours bien présent. Enfin, le H1N1pdm est en progression et est désormais détecté dans un cas sur six.
La vaccination, une solution techniquement positive
Pour contrer la pathologie, la vaccination est un outil essentiel. L’université de Munich a notamment réalisé une étude comparative – avant et après la mise en place d’un vaccin préventif sur le cheptel reproducteur – sur 60 153 truies issues de 137 exploitations allemandes. « 80 % des élevages rencontraient des problèmes de reproduction tout au long de l’année sans saisonnalité », justifie Julia Stadler, chercheuse à l’université de Munich et en charge de l’étude. Résultats : les taux de retours en chaleur et d’avortement ont diminué ainsi que celui de la mortalité sous la mère, et le nombre de nés vivants a augmenté. Au final sur une année, les exploitants ont sevré 1,36 porcelet de plus par truie. Forte de son expérience danoise, Anja Kibsgaard, du cabinet vétérinaire Oevet, établit le même constat de l’impact de l’influenza sur la reproduction. Elle donne l’exemple de deux exploitations (870 et 2 200 truies) aux symptômes cliniques différents qui, après la mise en place d’un protocole vaccinal, ont vu leurs résultats progresser. Dans le premier cas, un défaut de poids de sevrage et une baisse de la capacité à sevrer avaient été constatés en maternité. « La grippe impactait la production laitière entraînant une surutilisation de truies adoptives », explique la vétérinaire danoise. Et de rendre compte : « Après la mise en place du vaccin, les truies ont sevré 0,3 porcelet de plus par portée et le nombre de truies adoptives a diminué de 7,3 à 4 %. » Dans le deuxième cas, des signes cliniques respiratoires (toux et éternuements) étaient visibles en fin de maternité et début de post-sevrage sur les porcelets. Après le traitement, le nombre de porcelets nés vivants par portée est passé de 15,7 à 18,1 et le nombre de porcelets sevrés de 12,6 à 15,7.
Prélever des échantillons à âges différents
Mais comment choisir le bon vaccin si les virus sont toujours en évolution ? D’après une autre étude menée par l’université de Munich auprès de 25 exploitations naisseurs post-sevreurs, il est préférable de cibler une population témoin composée de porcelets en lactation ou en début et milieu de post-sevrage. « Prélever des échantillons sur un seul groupe ne permet pas de toujours détecter toutes les swIAV en circulation », détaille Julia Stadler. Et de poursuivre : « Concrètement nous préconisons des prélèvements de salive sur trois groupes d’âge différents en post-sevrage plus des écouvillons nasaux en maternité ». Même recommandation de Anja Kibsgaard qui, elle, conseille un minimum de cinq groupes répartis entre des porcelets de plus de deux semaines d’âge et en post-sevrage avec en plus des contrôles fréquents pour adapter le bon vaccin aux virus influenza qui circulent. Du fait de la forte prévalence du H1N1pdm au Danemark, la vétérinaire va même encore plus loin dans le protocole en préconisant systématiquement les deux vaccins influenza disponibles aux cochettes en quarantaine (vaccin trivalent H1avN1/H1huN2/H3N2 + vaccin monovalent H1N1pdm). D’ailleurs, ce choix national danois pourrait, à terme, devenir une réalité pour les élevages français du fait d’une pression pandémique montante.
À retenir
Agnès Jardin, responsable technique de la gamme porc chez Ceva
« H1N1pdm, le virus influenza pandémique qui monte »