Aller au contenu principal

Maternité liberté des truies : comment gérer deux ambiances de température

En maternité liberté, mettre en place une double ambiance est primordial pour diminuer le risque d’écrasements. Mais elle demande des réglages précis et beaucoup d’observation des animaux.

Chacun dans sa zone, la truie et  ses porcelets se reposent, signe de la mise en place d’une double ambiance efficace.
Chacun dans sa zone, la truie et ses porcelets se reposent, signe de la mise en place d’une double ambiance efficace.
© Y. ramonet

La maternité porcine a la particularité de regrouper au même endroit des animaux aux besoins bien différents. La zone de confort thermique de la truie se situe entre 18 °C et 22 °C alors que celle des porcelets nouveau-nés est comprise entre 30 °C et 34 °C. 

Lire aussi : Un outil pour détecter facilement les porcelets en hypothermie

Dans des salles de maternité classique, un compromis est fait en cherchant une température d’ambiance généralement comprise entre 22 °C et 25 °C. Avec des cases qui permettent de libérer la truie une partie du temps de présence en maternité, le risque qu’un porcelet se retrouve écrasé par la truie est augmenté. 

Lire aussi : Truies en maternité : Ce qui change avec les cases mise bas liberté

L’objectif de la mise en place d’une double ambiance (une température de consigne dans le nid supérieure à celle de la salle) est d’orienter le comportement des animaux pour réduire ce risque de pertes. La différence de température créée servira à éloigner la zone choisie par les porcelets pour se reposer de celle disponible pour la truie en liberté. Cette conduite présente également d’autres avantages pour les animaux comme pour les éleveurs.

 

 
Le risque d’écrasement est augmenté si les porcelets se reposent dans la zone de la truie.
Le risque d’écrasement est augmenté si les porcelets se reposent dans la zone de la truie. © Y. Ramonet

Du bien-être pour tout le monde

Le premier avantage est d’offrir du confort aux animaux et plus de performances. Sur la période de lactation, la truie doit fournir assez de lait pour subvenir aux besoins de ses porcelets. Or, les processus métaboliques permettant cette production sont extrêmement émetteurs de chaleur. Avec une température de salle fraîche, idéalement située vers le bas de la zone de confort thermique des truies (18 °C), le risque qu’elles se retrouvent en stress thermique est diminué. 

Plusieurs études ont, par ailleurs, montré que l’ingestion des truies diminue quand la température augmente. Les conséquences sur la production laitière sont importantes : elle peut baisser de plus d’un quart entre une salle à 18 °C et une salle à 29 °C. Une salle fraîche doit être compensée par un espace dédié aux porcelets chauffé à hauteur de leur zone de confort thermique. Selon une enquête réalisée auprès de 29 éleveurs équipés de cases liberté, plusieurs d’entre eux choisissent ainsi de libérer la truie seulement si les porcelets se reposent dans le nid pour éviter les écrasements. 

La double ambiance apporte également des bénéfices à l’éleveur, notamment lors des soins aux animaux dans les premiers jours de vie. Ces tâches représentent en effet souvent un effort physique dont la pénibilité est augmentée avec la chaleur d’une salle chaude. Enfin, la limitation du chauffage à un espace restreint permet de réaliser des économies d’énergie non négligeables.

Observer le comportement des animaux

Pour la mise en place d’une double ambiance, les éleveurs enquêtés appliquent une température de consigne de 19 °C à 22 °C pour la salle, et de 26 °C à 36 °C pour la zone de confort des porcelets. Ces températures varient d’un élevage à l’autre suivant le matériel utilisé pour la ventilation et les équipements dédiés aux porcelets. 

Les nids (couvercles au-dessus de la zone de confort) ou des niches (espace cloisonné et chauffé) permettent une mise en place simple de cette double ambiance. Les éleveurs ne disposant pas de ces équipements (souvent par choix pour faciliter la surveillance des porcelets) affirment néanmoins réussir à maintenir cette double ambiance à l’aide de sols chauffants ou de lampes. Les éleveurs choisissent souvent une température de salle dans le haut de la zone de confort thermique de la truie le jour de la mise bas. Ils la baissent rapidement lorsque les porcelets sont nés. 

La différence de température doit être marquée car les porcelets sont naturellement attirés par la truie et ont tendance à rester près d’elle pour se reposer. Plusieurs éleveurs évoquent une difficulté à maintenir cette double ambiance en été ou en cas de fortes chaleurs. Dans ce cas, différentes stratégies sont mises en place en jouant sur le bâtiment ou la conduite des animaux. Plusieurs élevages sont équipés de cooling ou de brumisation. Ces équipements réduisent la température des salles en cas de fortes chaleurs. Ceux qui n’en disposent pas peuvent trouver des solutions en modifiant leur conduite d’élevage. 

Certains choisissent d’enlever plus rapidement les lampes après la mise bas. D’autres préfèrent baisser les températures de consigne des salles en augmentant la ventilation mais restent prudents pour ne pas créer de courants d’air. Enfin, quelques-uns ne libèrent pas certaines truies en été (plus âgées ou en fonction du comportement) quand d’autres retardent simplement la libération. Selon les éleveurs interrogés, l’observation attentive du comportement des animaux facilite sa gestion. Une truie qui halète ou qui mange moins indique à coup sûr une ambiance de salle trop chaude. 

Des porcelets qui se reposent étalés dans la zone de la truie ou proches de la mamelle seront des marqueurs indiquant que la température du nid ou de la salle devra être revue. Comprendre les raisons du comportement des animaux demande un investissement en temps d’observation. Elle ne peut se révéler bénéfique qu’en augmentant la confiance et le calme d’animaux habitués à voir l’éleveur.

Repères

Dans le cadre de la « traque aux innovations » du Lit Ouesterel, les ingénieurs des Chambres d’agriculture de Bretagne et des Pays de la Loire et ceux de l’Ifip ont réalisé une enquête auprès de 29 éleveurs du Grand Ouest équipés de maternités en liberté. L’objectif était de comprendre leurs motivations, de décrire les équipements et les conduites associées afin d’aider les éleveurs en réflexion dans leurs choix.

Les plus lus

<em class="placeholder">Steven Le Hir et son épouse Servane dans la nouvelle maternité de l’élevage repris en 2023 : « L’élevage de 341 truies est désormais entièrement autonome en places ...</em>
« J’ai restructuré mes deux sites porcins pour gagner en performances techniques »

Éleveur de porcs dans le Finistère, Steven Le Hir a repris un élevage naisseur-engraisseur partiel et transformé son premier…

<em class="placeholder">Stéphane Monfort, SCEA Porc Lanvaux (à gauche) et Loïc Havez, Danbred, adaptent l&#039;alimentation des cochettes pour augmenter la longévité des truies.</em>
« Je restreins la croissance de mes cochettes Danbred pour assurer une bonne longévité »

À la SCEA Porc Lanvaux, la croissance des cochettes Danbred est bridée pour ne pas dépasser un poids vif de 160 kilos à la…

<em class="placeholder">Laurent Guglielmi, éleveur de porc et dirigeant des Cochonnailles du Haut-Bois à Bazoche-Gouet (Eure-et-Loir).</em>
« L’immunocastration des porcs valorise les pièces de découpe »

Pour Laurent Guglielmi, éleveur et charcutier, le taux élevé de maigre des porcs mâles immunocastrés permet une meilleure…

<em class="placeholder">Sébastien Méheust : « L’exportation de la fraction solide d’une partie des déjections des porcs charcutiers réduit le plan d’épandage de 31 hectares. »</em>
« Le raclage en V réduit ma surface d’épandage de mon élevage de porcs »

La création de 1 140 places d’engraissement sur raclage en V a permis à Sébastien Méheust de réduire de réduire la…

<em class="placeholder">Romain Robert, EARL de la Barre : « le BRS nous fait gagner 25 hectares de plan d’épandage. »</em>
« Mon élevage de porcs est autonome avec 148 hectares de foncier»

Romain Robert s'est installé sur l'exploitation familiale porcine en reprenant un site d'élevage adossé à 80 hectares de SAU…

<em class="placeholder">Camille Gérard, Chambre d&#039;agriculture de Bretagne</em>
Les derniers-nés des grandes portées de porcelets sont les plus fragiles

Une étude démontre la vulnérabilité des derniers porcelets nés issus de portées hyperprolifiques.

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 96€/an
Liste à puce
Version numérique de la revue Réussir Porc
2 ans d'archives numériques
Accès à l’intégralité du site
Newsletter Filière Porcine
Newsletter COT’Hebdo Porc (tendances et cotations de la semaine)